Comme la lune

Anonyme (non vérifié)
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mer 23/04/2003 - 23:00

j'ai entendu un jour que au tout debut il y avait 2 grands astres :
la lune et le soleil, de même taille
et un jour la lune dit à Hachem "on ne peut pas être aussi grand les 2, qui doit être le plus grand" et Hachem fit réduire la lune ...
pourquoi ?
d'autre part j'ai aussi entendu dire que la lune est comparée dans la Thora à la femme et le soleil à l'homme car la lune a si j'ai bien compris le même cycle menstruel que la femme (croissant, pleine lune ...)
merci d'avance de m'apporter plus de précision

Rav Elyakim Simsovic
jeu 24/04/2003 - 23:00

Le récit de la Genèse fait d'abord état de "deux grands luminaires" puis du "grand luminaire pour la souveraineté du jour" et le "petit luminaire pour la souveraineté de la nuit".
Comment, demandent les sages, est-on passé de deux grands luminaires à un grand et un petit ? La lune, rapportent-ils, a exposé un grief devant le Créateur : deux rois peuvent-ils se servir de la même couronne ?
Tu as raison, lui dit Il, va et rapetisse-toi.
Comment ? Parce que j'ai dit devant Toi une chose sensée, je dois me rapetisser ?
Et le Talmud de faire l'éloge du petit par rapport au grand et de citer tous les géants de la moralité dont on a dit qu'ils étaient "petits" : David le Petit, Samuel le Petit... Mais la lune reste inconsolée, jusqu'à ce qu'enfin Dieu demande à Israël : apportez pour moi un sacrifice d'expiation du fait que J'ai amoindri la lune - et c'est le sacrifice de Roch Hodech, le sacrifice de la nouvelle lune.

Il y aurait beaucoup à dire sur le sens de ce midrach du Talmud, en particulier en relation avec la deuxième question dont nous parlerons dans un instant, celui de la féminité. Rav Askénazi (Manitou) zatzal enseignait que la charge de la résolution des problèmes incombe toujours à celui qui en a conscience et non à celui qui l'a provoqué ou celui qui en est responsable. Or, cela est injuste. C'est l'une des dimensions de la piété d'accepter quand même cette prise en charge du déséquilibre du monde pour le réparer. Le récit de la Genèse raconte comment l'humanité a chercher génération après génération à prendre prétexte de ce déséquilibre pour justifier ses propres échecs et comment du sein de cette humanité a commencé à émerger une lignée qui acceptait de relever le défi.

Le temps d'Israël est comparé au cycle de la lune, le temps du soleil étant celui des nations. Et le cycle de la lune traverse le cycle du soleil avec un décalage permanent. Mais il ne faut pas que l'histoire d'Israël cesse d'être en phase avec l'histoire des nations ; c'est pourquoi, chaque fois que le décalage risque d'être trop important, on rajoute un 13ème mois lunaire pour rééquilibrer la durée de l'année solaire par rapport à l'année solaire. Pendant tout le temps de l'histoire, ce sont les nations qui font la civilisation ; mais il s'avère à chaque fois que chez elles la culture se sépare de la morale et finalement ces civilisations périssent par auto-destruction dégénarative qui les rend incapables de résister aux assauts d'une nouvelle puissance qui les avale.
Israël, qui traverse toutes ces civilisations en recueille les acquis culturels positifs pour reconstruire patiemment le visage de l'universel humain défiguré à force d'être morcelé, emietté.

Cette dimension féminine d'Israël comparé à la lune, se reflète dans le visage de la femme qui, dans la dimension individuelle et familiale a une fonction analogue. Et c'est le rythme de l'horloge intérieure de la femme qui fait écho au rythme du cycle lunaire - mais ceci est encore une autre histoire.
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