Conversation 12156 - Musique le shabbat
Chers Rabbanim,
Je voulais juste savoir pourquoi il est interdit de jouer de la guitare le jour du Chabbath (je veux bien sur parler de la guitare sèche, la guitare électrique étant surement mouktsé).
Certains m'ont dit parce que si on cassait une corde on serait tenter de la réparer.
Est-ce vrai ?
Si cela est vrai, pourquoi serait-on tenter de la réparer si on en a plusieurs en rechange ?
Merci pour votre réponse.
Kol Tov
L'interdiction de jouer de la musique est effectivement une interdiction d'origine rabbinique, de crainte que l'on en vienne à arranger ou même se fabriquer un instrument de musique.
Changer une corde de guitare, c'est arranger cet instrument, et est une interdiction toranique. Afin que l'on n'en arrive pas là, on nous a interdit d'en jouer.
Shalom shalom,
Sur la réponse à la question 12156. Vous dites que l'on ne peut pas jouer de la musique de peur que si l'on casse une corde, etc... Mais si l'on joue chez soi pour soi ou sa famille? Si une corde casse, tant pis, rien ne nous "oblige" à la remplacer, on peut aussi déposer la guitare et chanter, rire, etc... Il me semble que ce n'est pas comme l'interdiction d'un vélo shabbat, là, effectivement en cas de crevaison l'on serait tenté de réparer pour rentrer chez soi. Faire la vaisselle à l'eau froide est permis mais si le robinet casse? POurquoi n'interdit-on pas dans ce cas? Car tout peut arriver dans cette optique, on ne devrait même pas sortir du lit shabbat! (je blague)
Vous avez raison d'écrire que nos Sages auraient pu nous interdire encore de très nombreuses actions de crainte que nous n'en venions à transgresser le Chabat. Mais ils n'ont pas voulu nous rendre la vie impossible, et se sont contentés de ne le faire que dans certains cas.
Si ils ont interdit la musique, c'est que dans leur optique la crainte qu'on en vienne à transgresser Chabat est plus grande dans ce cas que dans d'autres.
Concernant la guitare, on risque non seulement de changer une corde, mais aussi de l'accorder, ce qui est peut être aussi une interdiction toranique.
De plus, quand on interdit une certaine action, on n'entre pas toujours dans les détails précis des circonstances dans lesquelles le risque est plus grand, et on l'interdit parfois de manière absolue.
A propos de ma question 12156, il y a certains points à éclaircir.
Vous dîtes que l'interdiction de jouer de la musique est d'ordre rabbinique (pour empêcher de se construire un instrument ou devoir le réparer).
Certes, mais il faut souligner que l'interdiction de boire du lait non chamour est aussi d'ordre rabbinique, et maintenant cette interdiction n'est plus observée comme avant dans la mesure où le lait est produit industriellement, on sait donc que l'on ne va pas commettre une faute en prenant du lait non surveillé qui est devenu toléré par beaucoup de décisionnaires.
Je fais ce parallèle avec ma question dans la mesure où à notre époque, on se voit mal fabriquer une guitare ou tout autre instrument de musique de nos propres mains et de plus le Chabbath.
Hormis les instruments de musique, beaucoup de choses peuvent être cassés pendant Chabbath (exemple : une poignée de porte qui se déboiterai en l'ouvrant, on serait plus tenté de la réparer qu'une guitare) et pourtant il n'est pas interdit de se servir de ces choses Chabbath.
Pourquoi faire une focalisation sur les instruments de musique ?
Je pense que le problème est interessant à poser et à approfondir car certaines explications (je ne parle pas des explications de ce site) me semblent parfois un peu légère.
Allez dire à quelqu'un qu'il n'a pas le droit de jouer de la guitare Chabbath sous pretexte que si il la casse il devra l'arranger, il vous répondra par exemple "si je la casse, je promet de ne pas la réparer".
Je ne sais pas si je suis très explicite, mais ce qui me fait me poser ce genre de questions est la légereté d'explications pour expliquer certaines interdictions de Chabbath. Et malheureusement, cette légèreté repousse plus d'une personne à respecter les interdictions chabbatiques.
Avec tout mon respect, je vous souhaite de bonnes fêtes de Hannoucah à tous les rabbanim ainsi qu'à tous leurs proches.
Hag Saméah !
Je voudrais reprendre les termes de votre question pour tenter d'y répondre point par point.
Vous faites la comparaison entre le lait non surveillé et l'interdiction de jouer de la musique le Chabat. Ces deux interdictions ont ceci en commun, qu'elles sont toutes deux d'origine rabbinique, et viennent nous éviter de transgresser une interdiction toranique par inadvertance.
Dans le cas du lait, on craint que le lait ne provienne d'un animal non cacher; dans le cas de la musique, ainsi que vous l'écrivez justement, qu'on en vienne à réparer l'instrument dont on se sert (ou à en fabriquer un).
Certains décisionnaires ont autorisé la consommation du lait non surveillé dans les pays où ce risque ne semble plus actuel (Igrot Moché, Y. D., 1, 47-49). Mais cette opinion ne fait pas l'unanimité.
Il s'est trouvé aussi des rabbins pour émettre l'opinion que l'interdiction de jouer de la musique ne devrait plus avoir cours aujourd'hui, pour les raisons que vous évoquez (Tosfot Betsa ). Cependant, cette opinion n'a pas été retenue.
Les rabbins qui interdisent les deux le font, partant du principe que nous n'avons pas aujourd'hui l'autorité de procéder à de tels changements halakhiques. Même si la raison pour laquelle une loi a été éditée est révolue, cette loi est encore valable jusqu'à ce que le Sanhédrin l'annule. Or nous n'avons malheureusement pas de Sanhédrin (j'ai écrit sur le site une réponse à ce sujet).
Votre question concerne donc les rabbins qui autorisent l'usage de lait non surveillé tout en interdisant la musique.
On peut donner plusieurs réponses à cette question.
En voici une: le lait n'est interdit que si un juif n'est pas là pour surveiller. En d'autres termes, si nous avons une garantie anti fraudes, le lait est autorisé. Les lois anti fraudes des pays développés sont aussi valables de ce point de vue que la surveillance de visu d'un juif. Il n'y a donc là aucun changement de loi. Ce qui ne serait pas le cas si nous autorisions l'usage d'instruments de musique.
Vous posez une seconde question, pourquoi se focaliser sur les instruments de musique? Selon le même principe (la crainte que l'on en vienne à réparer un instrument qui s'abîme), on aurait pu interdire de nombreuses choses encore. Vous avez entièrement raison. On aurait pu interdire moins de choses, et on aurait pu aussi en interdire beaucoup plus. La question de savoir où faire passer exactement la limite sera toujours sujette à discussion.
Comme dans toute législation, qu'elle soit civile ou religieuse. La limite doit passer quelque part. Il est interdit de conduire en ville à une vitesse plus élevée que 50 km/h. Il est évident que si on avait limité la vitesse à 20 km/h, il y aurait moins de piétons écrasés. Cette vitesse a été choisie car elle semblait consister en une juste mesure entre le désir de protéger les piétons et celui de permettre aux automobilistes de circuler. Dans certains pays, la vitesse autorisée est de 60 km/h par exemple.
Les rabbins ont donc décider d'interdire certaines actions, et se sont retenus d'en interdire d'autres, même si cela aurait pu entrer dans la même logique, et ceci pour nous permettre malgré tout de bien profiter de nos fêtes. La limite aurait pu passer ailleurs, et nous aurions aussi posé la question.
Dernier point enfin: vous écrivez:
Allez dire à quelqu'un qu'il n'a pas le droit de jouer de la guitare Chabbath sous pretexte que si il la casse il devra l'arranger, il vous répondra par exemple "si je la casse, je promet de ne pas la réparer".
La Guemara pour réfuter cet argument raconte l'histoire d'un rabbin qui décida de lire à la lueur d'une lampe à huile malgré l'interdiction rabbinique, de crainte que l'on en vienne à pencher la lampe pour en augmenter la lueur. Et la Guemara de raconter qu'il en vint presque à transgresser l'interdiction toranique, et certains d'affirmer qu'il la transgressa vraiment.
Personne n'est à l'abri d'une telle bévue.
J'espère que ma réponse vous aidera à mieux comprendre ce point des lois de Chabat, et à faire partager à votre entourage la beauté de ce jour, beauté dûe aussi à toutes les restrictions qui y ont cours.
suite a la question 12233
Shabbat dernier je me suis posee la question des raisons de l'interdiction de jouer d'un instrument de musique shabbat pour savoir si l'on pouvait utiliser une sorte de "pouet pouet" (je ne sai spas comment appeler ca) d'un jeu permettant de signaler une erreur dans le jeu. J'etais sure qu'il ne s'agissait que de l'interdiction de reparer et dans le kitsour choulkhan aroukh du Rav Mordehai Eliyahou j'ai trouve les halakhot suivantes:
1- siman pe, halakha pe zain: assour de faire entendre une chira Shabbat meme si c'est un claquement de doigts (donc rien a reparer..) a part pour le kvod hatora
2- siman pe, halakha pe khet: produire un son qui n'est pas une chira est permis Shabbat et certains permettents par exemple de taper avec une bague fixee sur la porte pour entrer
Mes questions sont:
1- quelles sont les raisons de l'interdiction de faire entendre une chira Shabbat ? Peut etre que ca peut constituer une reponse pour ceux qui ont du mal avec le pb de la reparation
2- Est ce qu'on peut utiliser le fameux "pouet pouet" Shabbat puisque ce n'est pas une chira ?
merci de vos reponses et bon retablissement au trieur
La différence entre les deux paragraphes que vous citez est la suivante:
Si l'on claque des doigts dans le cadre du chant cela fait partie de l'interdit de faire de la musique, mais si c'est pour faire connaître que l'on est arrivé cela ne rentre pas dans l'interidction.
La raison de l'interdiction de faire de la musique chabbat est effectivement lié au risque de réparer un instrument qui se casserait chabbat.
Peut être que cette raison signifie plus profondément que notre rapport à D-ieu Chabbat est un rapport d'intimité et que celui des instruments de musique nous ferait sortir de l'ambiance de Chabbat (=réparer l'instrument).
En ce qui concerne le pouet pouet, je ne sais pas vraiment de quoi il s'agit. Aussi, je laisse cette question en suspend.