Homosexuel orthodoxe

raphy267
Profile picture for user raphy267
sam 17/01/2015 - 23:00

bonjour rav
c'est une question assez special ,donc j'ai preferer changer mon nom.
je suis etudiant et religieux, malheureusement je suis attiré par les hommes. je suis religieux j'étudie la thora et je souhaite fonder un foyer avec une femme mais je reste attiré par les hommes! je ne sais pas quoi faire est ce quil faut que jen parle a une personne? pour moi je pense que je ne pourrai jamais men sortir je suis desesperé !! personne ne mon entourage nest au courant jai peur de tomber dans la avera et jai surtout peur de lacher la religion! mais le pire de tout je pense que sa sera pour mes parents si ils le savent! c'est pour cela que je vous demande votre aide pour savoir quoi faire
merci

Matitiaou Schi…
ven 01/01/2016 - 01:59

Shalom,
Vous exprimez dans votre question un grand desaroi: “je suis desespere!!, “j’ai peur..”, le pire..”, et egalement une situation conflictuelle, entre d’une part vos souhaits de respecter la Tora et creer un foyer avec une femme et d’autre part une attirance pour les hommes. Je peux comprendre combien cette situation est delicate, peut etre meme douloureuse; je voudrais vous proposer quelques reflexions et points de repere.
Avant tout, je vous invite a lire les nombreuses reponses existantes sur le site qui traitent de ce sujet. L’ensemble de ces reponses et la lecture de celle-ci vous fourniront un apercu serieux, mais non une etude exhaustive; le sujet est vaste et touche a des questions de Hala’ha, voir d’Emouna, Emouna et psychologie, aini qu’a des questions sociales et familiales, tel que vous le mentionnez vous meme.
Le point de base est le rejet et l’interdit sans equivoque de la Tora de toute pratique homosexuelle. Le modele unique que preconise la Tora est le mariage heterosexuel, “c’est pourquoi, l’homme quittera ses parents, et s’attachera a son epouse” (Genese: ). De la se posent differentes questions, dont celle que vous posez: est il envisageable de pousuivre une croyance et pratique orthodoxe quand la meme personne ne respecte pas cet interdit? Y a-t-il une valeur a la pratique des Mitsvot, ou serait ce une antinomie/exemple de ce que les Sages appellent, “se tremper dans l’eau purificatrice tout en tenant en main un reptile impur ”?
.
Les differents modeles de developpement psychologique decrivent le developpement de l’identite sexuelle comme un processus qui aboutit dans la plupart des cas a l’attirance et la direction des pulsions sexuelles vers le sexe oppose.
Les differents stades de ce developpement parlent de systemes d’identifications differenciees aux deux parents suivant le sexe de l’enfant, de decouverte de son propre sexe, de l’acceptation de soi meme, de la reconnaissance du sexe different du sien puis de l’attirance et attachement a la personne du sexe oppose. L’adolescence , periode de developpement intensif et pluridimensionel est reglee suivant les stades du developpement sexuel de l’adolescent(e); ce developpement passe par un stade d’attirance homosexuelle, qui conduit generalement au stade suivant de l’identite sexuelle et de l’attirance heterosexuelle.
Pour des raisons biologiques et/ou d’influence de l’environnement (personnalite et qualite de presence de chacun des deux parents, experiences traumatiques ou autres…)-, ce modele de developpement ne se realise pas toujours; certaines personnes developpent une identite sexuelle differente: bi-sexuelle, homosexuelle….
L’ideologie occcidentale moderne ou post moderne a change son rapport a l’homosexualite; si elle etait condamnee et meme reprimee dans certaines societes, consideree comme une pathologie dans le livre officiel de nosologie psychiatrique jusqu’aux annees 80, elle est devenue acceptee et legitime, s’affiche et se manifeste dans beaucoup de societes. Ces changements doivent ils influencer l’atttitude de la Hala’ha sur la question, alors que celle ci pretend traduire le dessin divin quant a l’Homme, son destin, sa conception de vie?, je ne pense pas. Ces changements peuvent ils influencer les rapports recommandes envers les homosexuels, et permettre un certaine comprehension envers eux, je pense que oui!

J’ai mentionne le debat sur la question: l’homosexualite est elle le fruit d’un choix, la realisation d’une tendance physique, ou la consequence normale et ineluctable d’une structure biologique? En d’autres termes, l’homosexuel aurait-il eu une certaine marge de liberte et donc de choix dans le developpement de son identite sexuelle, ou serait-il dirige spontanement, voir meme forcement, “victime” malgre lui vers cette direction. Ce debat est ouvert encore aujourd’hui; il a une influence directe sur la possibilite et l’efficacite existantes ou non d’un travail sur soi et/ou d’une therapie pour celui qui voudrait se defaire de son identite/pratique homosexuelle, -une presentation comparee des divers theories et modeles de travail et des polemiques qui les opposent, depasse le cadre de ce texte-, ainsi que sur le rapport et le jugement de la Tora a son egard: attitude de critique ou de compassion par rapport a l’individu.

Pratiquement comment la personne homosexuelle peut agir et comprendre ce qu’il doit faire,devant ce que la Tora attend de lui.
Quelque soit la conclusion du debat mentionne, la personne homosexuelle ne peut esquiver les instructions les lois de la Tora meme s’il a du mal a les respecter; certes elles le mettent devant de durs conflicts, exigent des comportements contre sa nature-choix et/ou lui imposent une abstinence totale de sa vie sexuelle (preferentielle). Effectivement il s’agit d’epreuves difficiles, mais la Hala’ha n’est pas prete a envisager de compromis. Il y a lieu de faire preuve d’empathie par rapport a celui qui souffre, mais dans la conception orthodoxe, nul n’a le mandat de rayer ou declarer caduques des prescriptions et options de la Tora. Toute la vie et pratique sexuelle telle que la Tora l’envisage exige de tout un chacun des efforts, des limites des restrictions au niveau de l’individu et du couple. C’est un des moyens par lequels la Tora cherche a donner a cet aspect de la vie une dimension supplementaire, a sanctifier le sensuel. Ce qui est vrai et souvent dur en general, l’est infiniment plus quand ces exigences ne sont pas limitees dans le temps comme par exemple le lois d’eloignement et d’abstinence dans le couple après les periodes de menstruation; celui/ celle qui arrive a respecter ces limites atteint un niveau eleve. Si une personne a une pratique opposee a ce que la Hala’ha fixe, et le definit comme vous, “tomber dans la avera”, il a déjà parcouru la moitie du chemin de par la conscience et la responsabilite qu’il assume: la, nous dit le verset, “sept fois le juste tombe et se releve” , il n’y a pas lieu de deseperer, mais de continuer la lutte; j’ai rencontre et accompagne des gens determines a changer leur comportement: le chemin est long difficile mais possible.

Celui qui ne respecte pas ces limites et s’accordepersonellement un passe-droit, prend sur lui de ne pas respecter un domaine, une loi et renonce a la voie de la lutte. Ce n’est pas a nous de juger ou d’estimer ce qu’il fait, ni d’accorder une legitimite au nom de la Tora .
Une telle attitude le dispense-t-il des 612 autres commandements? en est-il exclus des valeurs auxquelles l’invitent les autres Mitsvot? Prenons un exemple: un employeur qui refuserait de respecter les droits de ses employes a leur salaire quotidien, un agriculteur qui ne respecterait pas les annees d’Orla (premieres annees de l’arbre pendant lesquelles la recolte est sanctifiee et donc non consommable) [Mitsvot positives de la Tora] seraient ils dispenses de respecter le Shabat? Logique innaceptable! A chacun de s’invetir au maximum dans chacun des domaines, d’aspirer a realiser au mieux ce qu’il entend dans chaque dimension : les mitsvot dans leur ensemble et chacune separement sont une invitation a participer (letsaref) au projet divin, et a ciseler, polir sa personne (d’apres la double signification du verbe latsaref employe) . Seule la justice divine est en droit de porter un jugement global sur l’Homme et d’analyser les efforts et devouement dont il a fait preuve.

Quant a la question sur la mise au courant des parents, question relle, souci attentione par rapport a eux. Cette hesitation delicate est une question plus generale, de coming out, “sortir du placard” comme on dit en hebreu, que rencontrent les personnes au stade ou vous semblez etre.
Quelques remarques et questions qui vous aideront dans votre reflexion, je l’espere:
1. A vous de definir d’abord le contenu que vous voulez presenter (lutte interne, situation temporelle, choix sans retour…??), et ensuite d’eclaircir pour vous meme quel est votre but dans ce choix de faire participer autrui(s) a votre situation.
2. La declaration publique efface des equivoques, mais risque de figer la situation, d’accorder une valeur definitive a cette identite: est-ce que vous recherchez?
3. Il y a des decisions a consequences intrinseques: il n’est pas envisageable de simultanement diffuser et cacher la meme information: aucune autorite exterieure ou rabinique ne peut modifier cet etat de chose. En prenant la decision de faire savoir a vos parents, vous prenez celle qu’ils sauront au moins et comprendront peut etre ce que vous leur presenterez. Prenez cela en compte!

Behatsal’ha
Matitiaou