Homosexuel et religieux ?!

wave
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mar 30/06/2015 - 23:00

Si un homme a eu une relation sexuelle avec un autre homme, il a commis une des fautes presque irreparables ?
Donc il est sûre que son âme soufrira dans le monde future ?

Plus en profondeur :
Imaginons un jeune juif francais qui a recu une education religieuse, qui est plus ou moins pratiquant par tradition (mais qui n'a aucune conviction, seulemét des habitudes et du respect envers l'héritage qu'il a recut).
Ce jeune homme se decouvre gay, et il se trouve que s'il veut respecter ces traditions religieuses, il pourrait ni se marier avec une femme, ni avoir de relations sexuelles avec personne, et ce, juste pour respecter l'héritage religieux qu'il a recut et dont il n'y a aucune preuve scientifique de la véracité.

Pourquoi cet homme choisirait il de respecter nos lois ?

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Rav Samuel Elikan
lun 06/07/2015 - 05:49

Shalom,

1) Aucune faute n'est irréparable. Nos Sages nous enseignent que si la teshouva, le repentir, est sincère - rien ne s'y oppose. Le non-retour n'existe pas, on peut toujours revenir vers D'ieu.

2) Vous exposez là un dilemme qui n'est pas évident, un homme qui souffre terriblement, tiraillé entre deux aspects de l'identité, son aspect religieux et un autre aspect de sa personnalité, sa sexualité.
Les deux faisant partie de notre identité profonde. On pourrait débattre longtemps de la question si notre approche du monde est nécessairement sexuée et s'il s'agit de questions de nature et de culture, mais là n'est pas la question.

Quoi qu'il en soit, je trouve que la manière par laquelle vous posez la question n'est pas "juste", n'est pas "fair".
Vous présentez deux opposés inégaux - "un héritage religieux... dont il n'y a aucune preuve scientifique de la véracité" (sic) et l'homosexualité qui, elle, est vraie, sincère, ressentie, authentique.
Par ailleurs, ce même aspect religieux de l'identité que vous n'hésitez pas à mettre en doute, empêche et nuit à la vérité, à sa vérité, à son homosexualité de s'exprimer, d'être "épanouie".

Je conçois bien que des gens puissent ressentir les choses comme cela, mais je ne crois pas que ce soit le cas de tout le monde. S'il en était ainsi, même sans homosexualité, pourquoi accomplir des commandements, "respecter nos lois" pour reprendre vos termes, si ceux-ci n'ont aucune utilité / véracité (prouvée scientifiquement), comme vous dites ?

Quelle raison sérieuse légitimerait-elle philosophiquement le respect de traditions anciennes et caduques si ces dernières n'ont aucun sens, ne sont pas adaptées à notre réalité et ne sont pas "vraies" ?
Être "traditionaliste", dans le sens où on respecte les traditions sans se poser de questions est-il légitime ? Votre question : "Pourquoi cet homme choisirait il de respecter nos lois ?" se pose de la même manière...
L'homosexualité n'est là qu'un prétexte, ça aurait très bien pu être : "il doit travailler le shabat, sinon il se fait virer - pourquoi choisir de respecter nos lois".
Dans ce cas la réponse doit être une véritable étude et un travail d'approfondissement sur son identité, ses origines, notre rôle, le but de notre existence (y en a-t-il un ?), etc.

Je veux croire que la réalité est plus complexe et que l'aspect religieux fait autant partie de l'identité d'un homme que sa sexualité, si ce n'est parfois plus, cela varie d'un individu à l'autre bien évidemment. Je veux croire que là se trouve la vrai tiraillement, et il revient à chacun de le résoudre.
Tout comme un juif, dont le judaïsme forme l'identité profonde, serait accroc par exemple à des choses (même physiques) qui sont interdites par la la halah'a ; c'est le même tiraillement intérieur et intime. Il sentira qu'il ne peut s'accomplir pleinement sans cela, mais c'est le prix à payer s'il veut respecter la halah'a. En fin de compte, chacun doit décider s'il veut respecter la halah'a ou pas.
C'est dur, mais c'est un choix personnel à faire.
Cela ne veut, bien entendu, pas dire qu'on ne peut pas émettre de la compassion, aider, soutenir et essayer de trouver des solutions ; ce n'est pas évident et il existe un commandement positif d'aimer son prochain comme soi-même et de l'aider dans ces moments difficiles. L'un n'empêche pas l'autre.

Cordialement,