Conversation 16359 - Proselyte?! Moi?!

david00
Mercredi 19 mai 2004 - 23:00

Bonjour, j ai dernièrement rencontré un homme juif âgé de 55 ans environ et qui se dit athée... je me demande désormais si mon devoir est de tenter de le remettre dans le chemin de la foi... merci.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 24 mai 2004 - 23:00

Bien sûr ! si vous savez vous y prendre... avec amour et gentillesse : c'est la grande vertu d'Aharon : "qui aime la paix et poursuit la paix, qui aime les créatures et les rapproche de la Thora".
Qui donc faut-il aimer et rapprocher de la Thora sinon précisément ceux qui en sont loin ?

yoni31
Lundi 24 mai 2004 - 23:00

Likhvod Harabanim, j'ai lu la réponse 16359 que vous faisiez a une femme qui a rencontré un homme juif athé de 55 ans. Je vis actuellement la meme situation avec une fille de 24 ans, j'en ai 25. Sa grand mere maternelle est juive Polonaise et le judaisme de sa famille c'est perdu au cours des generations et de la shoa. Elle ne se reconnait meme pas une identité juive et ne fais donc rien, meme pas kippour. Je suis moi meme a un "certain" niveau de pratique. Je suis chomer chabbath, cacherout, je mets mes tefilines, et plus important, je comprends pourquoi je pratique. Comment puis je faire pour lui redonner le gout de ses racines? Merci de m'eclairer et de me donner des pistes meme si je sais qu'il n'existe pas de reponse "miracle"

Rav Gabriel Elkouby
Lundi 9 août 2004 - 23:00

Il est dit "taamou oureou ki tov" (goutez et rendez vous compte que c'est bon). Ce verset a ete dit sur la tora et la religion. Et les commentateurs se sont pose la question pourquoi est est il dit "goutez" et non "voyez" que la tora est bonne par exemple? Et ils ont repondu que de la meme maniere qu'il est impossible "d'expliquer" a quelqu'un le gout d'un aliment jusqu'a ce qu'il le goute par lui meme, de la meme maniere il est impossible d'expliquer combien la tora et la religion sont "bon" si ce n'est par "experience personnelle" c.a.d qu'il faut entrainer votre amie a l'etude de la tora ou a aller a des cours "veaor cheba mahzira lamoutav" (la lumiere qui est en la tora la ramenera vers le droit chemin).
De plus la regle d'or dans l'education: c'est l'exemple, c.a.d que ci cette fille voit que vous etes VRAIMENT attache a la tora et que TOUTES les mitvots sont d'une importance capitales pour vous (car elle ont toutes ete donne par le meme createur sans distinction) alors elle sera automatiquement attirer ou du moins interpele et voudra comprendre la raison de cette attache.

Beatslaha!

patrick314159
Lundi 24 mai 2004 - 23:00

Chalom Rav,

je vois que dans la question 16359 vous avez pris bien soin de ne pas écrire le mot "Dieu" mais vous avez préféré dire "Qui donc faut-il aimer et rapprocher de la Thora sinon précisément ceux qui en sont loin ? " plutôt que "Qui donc faut-il aimer et rapprocher de Dieu sinon précisément ceux qui en sont loin ? " Je ne pense pas que ce soit par hasard. Je partage cette prudence, et le mot "athé" ne devient il pas alors synonyme "hors la Loi" ? Ce qui est peut être son vrai sens ? Et "croire en Dieu" deviendrait "croire en la Loi"... Personnellement, cela me convient.

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 29 mai 2004 - 23:00

Non. J'ai cité un enseignement : ouméqarvan la-Thora. C'est ainsi que la Michna que j'ai citée s'exprime et je n'ai donc eu aucun soin à prendre.
Le problème - réel - que vous soulevez est d'un autre ordre. C'est à travers l'étude de Sa Thora que nous pouvons savoir qui est Celui qui nous la donne. Car en dehors de la Thora, le mot Dieu est d'une telle ambiguité qu'il ne peut rien signifier pour nous.
Mais c'est un préalable absolu, ne serait-ce que de cohérence intellectuelle, sinon de présupposé de foi : la Thora m'a été donnée et elle n'est pas le fruit de la pensée humaine, pieusement déguisée pour les esprits trop simples.
Si elle est Loi, elle n'est pas une loi impersonnelle, mais la loi qui m'est proposée par mon Créateur.

patrick314159
Samedi 29 mai 2004 - 23:00

je reviens sur la question 16510.

Cher Rav,

vous écrivez :

" la Thora m'a été donnée et elle n'est pas le fruit de la pensée humaine, pieusement déguisée pour les esprits trop simples."

Je ne pense pas ça même si je pense qu'une lecture sommaire de la Tora peut troubler des esprits trop simples, mais moi-même suis troublé par cette lecture. Je pense que la Tora est l'expression d'une nécessité universelle. Une condition nécessaire à l'aboutissement de l'homme. Une nécessité dans la recherche de l'absolu de l'humanité : être absolument bon, être absolument juste... Des désirs qui deviennent obsédant avec l'âge :)

"Si elle est Loi, elle n'est pas une loi impersonnelle, mais la loi qui m'est proposée par mon Créateur."

Je n'aurai pas utilisé le mot "impersonnelle", mais je comprends ce que vous voulez dire. Je ne voudrais paraître prétentieux, ni vous offenser, Rav mais, d'après moi, ce mot suggère l'idée que derrière la Tora est une "personne", même au sens métaphorique je trouve ce mot inadapté. Je pense que derrière la Tora il y a cette nécessité dont je parlais plus haut, je n'arrive pas à trouver un mot plus adéquat.

"en dehors de la Thora, le mot Dieu est d'une telle ambiguité qu'il ne peut rien signifier pour nous."

Je suis d'accord à cent pour cent, c'est ce qui me trouble tellement, j'aimerai lever cette ambiguïté.

Merci Rav pour vos interventions, je ne suis pas seul à les apprécier. Et si j'habitais en Israël je n'hésiterai pas une seconde à participer à vos cours. Portez vous bien.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 31 mai 2004 - 23:00

La lecture de la Thora ne peut laisser indifférents que les gens de parti pris ; toute personne un tant soit peu normale ne peut qu'être troublé sinon plus par sa lecture. Mais comme disait notre maître M. Jacob Gordin, "la Thora est le livre qu'aucun auteur n'a pu écrire parce que le héros de ce livre est le lecteur lui-même".

Vous avez parfaitement compris que derrière ce livre il y a Quelqu'un qui nous l'a donné. Ce n'est pas par diffusion immanente d'une vérité anonyme que le message a été capté. Ni par le fait une "nécessité" impersonnelle et mécanique, qui ne pense ni ne veut rien.
Une volonté consciente et créatrice y est à l'oeuvre. S'y noue la trilogie Création-Révélation-Rédemption qui articule notre histoire et notre destinée ou mieux notre destination.

Et c'est pour cela aussi que nous serons jugés sur ce que nous aurons fait du dépôt qui nous a été confié, et ce dépôt c'est l'Être que le Créateur a voulu nous donner, la Thora en étant - si j'ose dire - le mode d'emploi.

Vous êtes à tout moment le bienvenu en Israël et les portes de mes cours sont ouvertes.

patrick314159
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

Cher Rav,

dans la réponse 16615 vous écrivez

"Ni par le fait une "nécessité" impersonnelle et mécanique, qui ne pense ni ne veut rien. Une volonté consciente et créatrice y est à l'oeuvre."

J'ai du mal avec ça, je n'arrive pas à penser à cette "volonté consciente" en dehors d'un schema antropocentrique, ce qui ne me satisfait pas. Je n'arrive pas à extraire dieu du monde des humains sauf à penser que dieu est un "principe", un "lieu" où s'élever pour contempler l'humanité en dehors d'elle, sachant toute la difficulté qu'il y a à juger et comprendre un phénomène quand on en est une partie. Je sais que nos grand penseurs nous ont appris à penser dieu en négatif, je veux dire au sens de ce qu'il n'est pas, pour éviter les pièges d'une définition antropocentrique justement, ou par attributs etc... Et j'essaye là d'en avoir une idée en positif...

J'ai envie de faire un parallèle, vous savez (j'ai lu votre courte biographie) que la mécanique quantique nous apprend que ce que nous appelons "particule" se comporte parfois comme une petite bille dure et parfois comme une onde. Cela fait des ravages dans les têtes des étudiants à cause du mot "particule" justement, parce que l'usage de ce mot sous-entend, a priori, que ce à quoi nous avons affaire est une" partie" un "morceau" de matière, et la matière c'est dur et c'est solide, ce n'est pas éthéré. Or une onde est tout le contraire justement, c'est une vibration, la vibration d'un substrat, ou pire: la vibration de rien. L'usage du mot "particule" induit la confusion car il présume de la réalité de l'objet que l'on veut décrire alors que l'objet dont on parle (que l'on imagine exister) a parfois un comportement antagonique. C'est ce qui rend l'étude de cette discipline et de son rapport au réel si difficile, parfois. Hé bien, j'ai avec le mot "dieu" la même gène que ces étudiants avec la mécanique quantique, son usage me laisse présupposer une image antropomorphique, et quand j'utilise cette image, que j"'imagine" dieu, sachant tout ce qu'il n'est pas, mon esprit ne suit pas...

Merci d'essayer de me suivre dans mes méandres :)

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 2 juin 2004 - 23:00

Tout ceci confirme simplement qu'il est impossible de parler de ces sujets en français parce qu'on frise à chaque instant soit le blasphème soit l'idolâtrie.

Tout ce que je peux dire c'est que :
1. il n'existe pas d'équivalent en hébreu du mot dieu.
2. La Thora nous a enseigné des Noms de Celui qui nous parle dans la Thora, c'est-à-dire des manifestations de Sa relation à nous et non des révélations de Son Essence qui nous reste t_o_t_a_l_e_m_e_n_t inaccessible.
3. Que vous ayez du mal avec ça, je peux le comprendre. Je ne connais qu'une seule forme d'aspirine pour guérir ce mal-là, c'est l'étude et à partir d'un certain niveau d'exigence ou d'investissement, nécessairement en hébreu.
4. la référence à la théorie corpusculaire ou ondulatoire de la matière ne rend pas vraiment compte de la nature du problème. Il est vrai que l'utilisation d'un vocabulaire inadéquat complique les choses, mais au niveau d'abstraction où on doit s'élever de toute façon pour étudier la physique quantique, si on ne peut pas dépasser ce type d'obstacle, c'est peut-être qu'on n'est pas fait pour cette discipline. Ce qui n'est d'ailleurs pas très grave...
5. Je vous propose d'inverser votre expression : "je n'arrive pas à penser à cette "volonté consciente" en dehors d'un schema anthropocentrique" pour dire : "il est impossible de penser l'homme en tant que "volonté consciente" en dehors d'un schéma théocentrique." Ce qui est une autre manière de dire que Dieu a créé l'homme à son image. Il ne s'agit donc nullement d'une projection sur Lui de nos caractères humains mais très exactement du contraire.
6. Ce n'est pas Dieu que certains représentants de la philosophie juive nous proposent de penser en termes négarifs mais Ses attributs. Et tout le monde n'est pas vraiment convaincu ni de la fiabilité ni de la pertinence de la méthode. En effet, qu'est-ce que ça peut bien vouloir dire que l'on me dise que Dieu est grand pour que je ne pense pas qu'il est petit. L'un et l'autre terme me sont soit également explicites soit également opaques. Et si c'est comme ça, pourquoi la Thora n'aurait-elle pas dit "Dieu qui n'est pas petit" au lieu de "Dieu qui est grand" (HaEl hagadol) ? Tout ceci ne peut se comprendre que dans le cadre de l'environnement culturel dans lequel évoluaient ces penseurs (dont bien sûr Maïmonide). Si leur orientation méthodologique reste précieuse et vraie, le contenu du discours n'est plus nécessairement pertinent pour nous, de même que leur description du cosmos selon le schéma ptoléméen n'a plus de valeur qu'historique (et comme ils ne venaient pas nous donner un cours d'astronomie, c'est que leur intention était ailleurs que dans la forme de l'exposé).
7. L'idée en positif - pour commencer au commencement - c'est qu'il vous a créé et que vous n'êtes pas le produit d'un hasard ni d'un enchaînement mécanique de causes et d'effet (qui rendrait de toute façon votre interrogation illusoire et privée de sens et d'importance et vaine notre correspondance). Je n'ai pas dit qu'il a créé le monde ou l'homme (ce qui est aussi vrai, par ailleurs, mais ne VOUS concerne pas, sinon en tant que cerveau). Tant que vous n'arriverez pas à penser cette idée simple : JE suis créature d'un Créateur qui a voulu quoi ? Moi ! vous resterez bloqué.