Conversation 16667 - Religieuse mais pas fanatique!

RiveK
Lundi 31 mai 2004 - 23:00

Chalom, et merci de votre disponibilité !

J'aimerais avoir quelques conseils concernant mes rapports à mes parents qui ont des difficultés à me voir faire un retour à la religion.
J'observe petit à petit quelques mitzvot, en commençant par chabbat, en allant à des cours et en lisant des livres sur le judaisme. Mes parents, bien que très attachés à leur judaisme ont du mal à accepter cela. Je passe les chabat chez ma tante, et à chaque retour chez moi, j'ai droit à des réflexions ironiques, piquantes surtout de la part de mon père qui dit "ne pas supporter le communautarisme".Il est irrité par certaines observations de la loi, notamment lorsqu'une amie à moi à refusé de lui faire la bise, il a pensé que finalement les juifs religieux sont semblables aux islamistes! Je n'ose même plus parler de religion, lire devant eux, et lorsque nous étions dans le quartier de Saint-Paul, j'ai voulu acheter un livre de prière, mais ai dû le faire en cachette de mon père...Ma mère est moins extrémiste à ce sujet, je pense que cela lui fait même plaisir que j'observe le chabat, à partir du moment où je me sens bien, pour elle c'est l'essentiel.Mais elle ne cesse quand même, de me mettre en garde, me demandant de ne pas exagérer, de ne pas aller trop loin, et surtout de ne pas devenir "religieuse", ayant l'image des femmes portant perruques et jupes longues et ayant 5 enfants sous les bras...Je ne sais pas comment agir, d'autant que cela me fait beaucoup de peine,car j'ai toujours été très proche de mes parents...Et c'est un peu grace à eux que je fais Techouva car depuis 5 ans ils passent leur temps à écouter les radios communautaires, à lire articles et livres de grands philosophes juifs, à admirer Benny Levy, à soutenir la politique de Sharon, à pousser mes frères à rencontrer des juives, etc...cela a fait echo en moi...
Ce message est bien long, je m'en excuse, mais je suis vraiment perdue et ai besoin de conseils...
J'espère que vous pourrez m'aider et me dire comment faire pour raviver l'âme juive de mon père (qui est en plus Cohen) apparemment enfouie dans l'assimilation...

Merci par avance

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 10 juin 2004 - 23:00

Quitte à me faire traiter de radoteur, je vais me répéter (plutôt d'ailleurs que de vous renvoyer au moteur de recherche) parce que c'est important :
Si vous observez petit à petit queqlues mitsvoth et que vous habitez chez vos parents (d'ailleurs même si ce n'est pas le cas), la mitsva par laquelle vous devriez commencer et où vous pouvez même être fanatique car elle ne connaît pas de limite, c'est le respect des père et mère.
Que vos parents se rendent compte directement que votre rapprochement de la Thora a d'abord une incidence positive les concernant, alors que jusqu'à présent ils ne pouvaient en percevoir que ce qui vous éloigne d'eux. Et même si ce n'est pas conscient chez vous et qu'ils ne soulèvent pas la question, vous devez vous rendre compte que votre nouveau comportement peut être perçu par eux comme une critique à leur égard puisque ce n'est pas l'éducation qu'ils vous ont donnée.
Je ne vous donnerai pas d'autre conseil : suivez votre propre chemin, mais apprenez bien bien les lois du respect des parents et appliquez-les.
D'abord ça fait partie intégrante de la Téchouva et vous saurez ce que vous avez ou pas le droit de dire et faire et comment. D'après mon expérience, c'est très dur, mais très efficace aussi et très bénéfique pour eux et pour vous.

Bon courage

Serah
Jeudi 10 juin 2004 - 23:00

Je me permets de réagir à la question 16667, car j'ai eu moi-même une expérience similaire quoique sur certains points différente. J'ai également fais un retour vers la religion, il y a 2 ans environ, et j'ai commencé par garder le Shabbat et puis la Cacherout et ensuite faire la prière du matin, lu beaucoup de livres de Moussar etc. Ma famille est traditionnaliste et n'a jamais fait toutes ces choses à part manger de la viande cachère à la maison ainssi que le Kidouch du vendredi soir. Je vivais alors en Israël et à mon retour en France ma mère a du tout cachériser, jeter l'ancienne vaisselle etc. En bref, un beau jour je me suis rendue compte que je ne faisais pas toutes ces Mitsvot avec le coeur et que ça me faisait souffrir et en écoutant sur Internet une conférence du rav Heymann d'Epinay sur Seine, tout à coup tout m'est apparu clairement, il expliquait qu'il y avait des Mitsvot qu'il n'arrivait pas à faire et d'autres qui lui étaient tout naturel. Et la joie comme il dit provient du fait de savoir ou l'on se place par rapport à tout cela, savoir qui l'on est par rapport au bas et par rapport à ce qui est en haut. J'ai donc abandonné le Shabbat et la Cacheroute et la prière du matin et je me suis sentie redevenir moi-même. Non pas que je rejetais tout mais je e disais que je n'y arrivais pas. Dans rabba il est dit ceci si je ne me trompe : que tu fasses peu ou beaucoup, seule te sera compté l'intention du coeur. je crois qu'il faut aller très progressivement dans la pratique et personnellement je crois que corriger ses middot sont plus importantes que de faire ou non la bise à quelqu'un du sexe opposé. Ceci n'est que mon avis mais quelque part je crois que j'avais besoin de me forger une identité juive, ne sachant pas "quelle" juive j'étais. Or cette juive, je le suis bien ou mal mais je veux être moi-même avant tout et en prendre la responsabilité. Aussi, je pense qu'il n'est pas si facile que cela puisse sembler que d'accomplir des mitsvot dites "matérielles" (faire la bise ou pas, mettre une jupe ou pas) même si il suffit de mettre une robe longue, qui semble plus simple que de calmer ses colères ou de traiter l'autre avec respect. Appliquer instantanément sans digérer et recevoir avec tout son coeur une Mitsva est parfois une sorte de mensonge que l'on fait à soi-même et qui peut se transformer en malaise envers soi et envers les autres.
En plus de tout cela, je suis contente d'être comme mes parents qui eux ne pouvaient pas être chomerim shabbat et qui ledésapprouvait en moi tout en l'acceptant car ils sentaient que je ne le faisais pas avec mon coeur.
Je ne sais pas si c'est ce que ressent la personne de la question 16667 mais je voulais lui faire part de mon expérience.
Car ce qui sort du coeur entre dans le coeur (désolé je ne sais plus d'où vient ce proverbe juif).

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 22 juin 2004 - 23:00

Ce que vous dites est parfaitement vrai mais c'est aussi, hélas ! complètement faux.
Je crois que rav Heyman serait tout à fait désespéré s'il savait à quelle conclusion contraire à son intention ses paroles vous avaient conduites.

Les mitsvoth ne vous ont pas été données afin que vous vous sentiez bien dans votre peau. Comme toute chose d'importance, elles demandent de notre part à la fois effort et persévérance, et effort veut dire que cela peut être parfois aussi pénible que nécessaire. Et plus une mitsva nous est en quelque sorte "étrange" ou "étrangère" et plus elle est importante pour nous. Je veux dire que cela dévoile un peu de la raison de notre présence sur terre : ce qui nous est facile, nous l'avons déjà conquis ; ce qui nous est difficile, c'est ce qui nous reste à conquérir.
Cela dit, le respect de la cacherouth ou du shabbat s'effectue au travers de mille et un détails qui ne sont pas tous au même niveau d'exigence.
Là, il faut faire attention à progresser d'une manière cohérente. Mais cela ne nous libère en rien de l'obligation de ces mitsvoth. Et nous ne devons pas du tout écouter la grosse voix de la pseudo-raison qui nous dit : tu verras comme tu te sentiras mieux, plus "toi-même", plus authentique ; authentique tas de chair et d'os, oui, avec ses pulsions et son vouloir-vivre et jouir de tout tout de suite qui épuise en l'homme tout ce qui le fait homme et non pure animalité staistfaite d'elle-même. Et qui se fait illusion parce que son cerveau fonctionne.
Et donc, au lieu de réparer ou de compléter ce que vos parents n'ont pas pu faire, vous les condamnez avec vous en témoignant par votre conduite que leur erreur ou leur insuffisance n'était pas passagère, accidentelle, puisque leur fille sait être autrement, mais que c'est très profondément dans l'être même que cette conduite inadaptée à la Thora serait incrustée. Ne croyez pas que vous insultez vos parents en étant ce qu'ils n'ont pas été : au contraire, vous les grandissez et les prolongez et leur taillez un avenir au lieu qu'en vous contentez de les imiter vous les enfermez dans un passé déjà révolu, et vous -même avec.

Faire ce qu'on fait avec son coeur est une conquête : ce n'est pas la condition initiale ; c'est un bonheur qui s'acquiert et se mérite. C'est une joie qu'on ne connaît qu'arrivé au sommet. Et, contrairement au cimes des montagnes, dans cet univers-là, il y a toujours de nouveaux sommets à conquérir.

NathanninNathan
Jeudi 10 juin 2004 - 23:00

Plutôt une réaction à 16667. Dans le cas de mes parents (pour lesquels j'ai eu un immense gain de respect, surtout depuis que je suis papa), mon père,émigré roumain avait découvert la religion sur le tard, bien que ma grand-mère eût appliqué (sans les comprendre) la plupart des mitsvot (au milieu d'un ramassis de superstition). Lorsqu'il s'est retrouvé interne à l'Athénée Maïmonide de Paris, il était Bar Mitsva depuis longtemps. Il a donc tenté de rattrapper son retard en brûlant quelques étapes, notamment s'interroger sur la signification des mitsvot.
Ma mère,elle,venait d'une illustre lignée de talmidei hahamim mais son grand-père avait entamé le début de la rupture avec ceux-ci en convolant avec une Juive "de bas étage" (comprendre:totalement assimilée et ne parlant même pas le Yddish)Elle était ce qu'on appelle massortit aux USA, et déjà assez méfiante sur "cette religion sexiste où l'homme étudie tandis que la femme s'occupe du ménage"(c'était les années MLF)
Donc, quand mon père lui a imposé à Shabbat de monter six étages dans le noir, alors qu'elle était enceinte de six mois (de moi évidemment),elle l'aurait quitté si elle avait ne fût-ce que trébuché. Elle l'a définitivement envoyé paître (sur le terrain de la religion uniquement, je précise) lorsqu'il a voulu, quinze ans plus tard, lui interdire l'usage du lave-linge ou du lave-vaisselle à Shabbat
Résultat des courses, ma fratrie et moi étions élevés dans l'anti-pratique de la religion (mais pas de la tradition. ex:Manger casher,ça passe encore, mais faire la prière sur le pain/le gâteau/le jus/le vin/etc,!!!!!!!)et j'ai dû attendre d'être émancipé pour pouvoir commencer à penser débuter mon Talmud Tora (c'est évidemment un élément parmi d'autres)
Encore maintenant,ma mère fait plus que la moue en trouvant chez moi des houmashim,ou en m'entendant faire le kidoush à Shabbat, ou encore en apprenant que j'emmène mon fils à la synagogue "chaque samedi matin"Tout ça pour dire que les respecter,évidemment, mais il faut parfois à mon sens se passer de leurs avis
Shabbat Shalom!

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 12 juin 2004 - 23:00

Se passer de leur avis, mais respectueusement.
Il y a hélas des confusions de concepts tout à fait regrettables ; il me semble que ces halakhoth sont très insuffisamment étudiées, si même elles le sont, et c'est dommage.
Cela permettrait aux enfants - comme aux parents - de savoir exactement où sont leurs obligations et où elles cessent.

Soit dit en passant, la "religion" n'est pas sexiste, mais les hommes peuvent l'être...

Serah
Mardi 15 juin 2004 - 23:00

Pourquoi n'avez vous pas publié la suite question 17028 ? Est ce que mon expérience n'était pas en accord avec la question ? C'était hors sujet ou impubliable ?
Merci de me donner une réponse.

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 16 juin 2004 - 23:00

Pas du tout ! Mais admettrez-vous que certaines réponses prennent plus de temps que d'autres et requièrent une certaine disponibilité ? Bientôt, donc, j'espère.

Serah
Mardi 22 juin 2004 - 23:00

Cher Rav Simsovic,
J'ai été assez vexée de la réponse que vous m'avez donnée pour la question 17028. Je tiens cependant à être claire : je ne remets pas en doute le Shabbat et les mitsvot, que Dieu m'en préserve, je dis simplement qu'il faut savoir ce que l'on fait et pourquoi on les fait.
Il ne s'agit pas de percer les mystères des mitvot qui est chose impossible mais d'intégrer dans sa personnalité ce que l'on fait. Je crois que le rav Heyman m'a apporté une sorte de déclic qui sommeillait en moi sans pour autant m'éloigner des mitsvot, mais vous me concéderez que les Hozerim Betchouva qui veulent tout faire d'un coup du jour au lendemain sentent dans leur manière d'agir qu'ils détiennent la vérité et que les autres n'ont rien compris. Ce qui les amène à être intolérants parfois. Je ne crois pas non plus être dans cet état d'esprit que vous décrivez qui est de tout se permettre et de jouir du monde matériel un maximum. J'ai été shomeret Shabbat pendant 1 an et demi et j'étais malheureuse, je sentais que ce n'était pas moi. C'est tout. C'est comme observer quelque chose mais tout en ayant une distance, en y étant toujours étrangère.
Bref, je comprends vos réticences quant à quelqu'un qui légitime le droit à ne pas respecter le Shabbat, cela dit quand je vois le nombre de gens qui sont shomer shabbat mais qui font du lachon Hara et ressentent de l'orgueil à être de bons juifs tout en méprisant les Juifs qui ne sont pas pratiquant, ça laisse perplexe.
Je ne dis pas que j'ai raison ou tord d'agir comme j'agis, mais je suis moi.
Sachez aussi qu'il m'est difficile de ne pas faire de Lachon Hara mais je m'y efforce même si je n'y arriverai jamais totalement.Cette Mitsva m'est difficile et je dois me corriger, je ne me dis pas pour autant que je peux dire du mal et que c'est pas grave.
J'espère que vous m'avez comprise.
Merci encore une fois du temps que vous nous accordez.

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 24 juin 2004 - 23:00

Mon intention n'était pas de vous vexer, halila, et de cela je vous demande pardon, mais je préfère en tout cas que vous soyez vexée plutôt qu'indifférente.
J'approuve tout à fait ce que vous dites de ces baalé téchouva (qu'il faudrait ici traduire par : "détenteurs de LA réponse") et j'approuve aussi ce que vous dites de ceux qui pratiquent ceci mais ne font guère attention à cela.
Tout ce que je veux dire c'est que le fait que certains fassent mal ce qu'ils font ne nous autorise pas, nous, à ne pas tenter de le faire bien. Et que se sentir heureux ou malheureux n'est pas exactement un critère dans ce cas. Ou plutôt, c'est parfois peut-être l'indice d'une difficulté qui reste à surmonter et non le signe qu'il faut tout laisser tomber.
Vous dites "ce n'était pas moi". Vous avez en sommes découvert un jour que vous jouiez (au sens théâtral du moi) un rôle qui n'était pas le vôtre. Quelqu'un s'était trompé dans la distribution ou bien vous aviez cru que cela vous convenait mais en réalité la peau du personnage n'était pas faite pour vous (vous êtes née Juive par erreur ?). Et si je vous disais que vous vous êtes peut-être trompée. Que ce n'est pas le personnage mais la mise en scène qui était en porte-à-faux ? Où que le personnage s'est égaré dans une pièce qui n'était pas la bonne (Hamlet dans les fourberies de Scapin...)
Cela reste votre choix et votre décision. Je n'ai pas de réticences, comme vous dites, à l'égard de quelqu'un qui légitime le droit à transgresser la Thora. Ce n'est pas des réticences, c'est une opposition radicale. Vous voulez transgresser le Chabbat ? Ce n'est pas devant moi que vous avez à vous justifier. Je vous dis seulement : de grâce soyez honnête avec vous-même et ne vous laissez pas tromper, pas même par vous-même.
"Vous êtes mes témoins", nous a dit Dieu. Et le Chabbat est l'un des témoignages. C'est vrai, témoigner n'est pas toujours facile. Cela nous libère-t-il de l'obligation de témoigner ? Cela nous permet-il d'être des témoins mensongers ?

Serah
Jeudi 24 juin 2004 - 23:00

pour la question 17488, encore une fois, Monsieur Simsovic, avez-vous lu la médecine d'après le Mishne Torah ? Moi je l'ai lu.
Vous croyez pas que vous dissuader les Juifs de lire des ouvrages qui ne sont pas de l'etude à proprement parlé mais peut-être que Maimonide nous apporte plus spirituellement que des études dirigés par des ravs qui n'ont qu'une seule idée dans la tête : nous faire manger la salade du Goush Katif et nous faire porter des robes ?
Vos réponses sont désolantes et entre les lignes on sent que si on n'est pas comme vous, on est rien.
Vous savez les Sages, ils n'osaient pas affirmer avec autant de ferveur le centième de vos dires. Ils disaient toujours, je crois, peut-être... Qui ils étaient eux pour Savoir, et nous alors, on devrait se faire encore plus petit qu'eux !

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 26 juin 2004 - 23:00

Vous vous méprenez totalement. D'abord sur le sens des mots, ensuite sur les intentions elles-mêmes.
Ai-je dit qu'il ne fallait pas lire les oeuvres médicales de Maïmonide ? Est-ce que vous croyez que toute lecture est étude au sens de la Thora ?
Il semble que vous ayez lu très peu des réponses que j'ai données sur le site en particulier concernant l'importance de la culture générale dans notre formation.

Par ailleurs, donnez-moi donc un exemple de l'hésitation de nos sages, dont vous semblez si familière, dans leurs affirmations.

NathanninNathan
Dimanche 27 juin 2004 - 23:00

Suite à 17545, cette réponse n'est pas pour vous mais pour la demoiselle qui s'offusquait de votre réponse:nonobstant le bien que je peux penser de vous, votre réponse était tout-à-fait appropriée,vu que moi,je SUIS étudiant de médecine!
bivrakha neemana,kol touv!

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 28 juin 2004 - 23:00

transmis

Serah
Lundi 28 juin 2004 - 23:00

Rav Simsovic,
Voici le passage de votre réponse qui m'a choquée:
"Ne croyez pas que vous insultez vos parents en étant ce qu'ils n'ont pas été : au contraire, vous les grandissez et les prolongez et leur taillez un avenir au lieu qu'en vous contentez de les imiter vous les enfermez dans un passé déjà révolu, et vous -même avec."
Cela me concernait en fait et pas la jeune fille qui a écrit la première question. Mille excuses pour mon manque de rigueur, mais comme vous savez dés qu'on se met en colère, on perd un peu, voire beaucoup de sa lucidité. j'ai en effet été touchée au coeur, à cause de mon histoire personnelle douloureuse qur laquelle je ne vais pas m'étendre ici.
Cette réponse a effet fait écho dans mon coeur, et ça je ne peux pas le renier. Pour moi c'est une manière de rabaisser mes parents à mes yeux car cela insinue qu'ils n'ont pas fait ce qu'ils devaient faire à mon égard.
Voilà en quoi parfois le fait de dire à des personnes qu'ils ont raison d'être religieux à l'inverse de leurs parents, ça peut résonner comme :soyez mieux que vos parents.
Je tiens cependant à dire, et ce en dehors de cette réponse, mais plutôt de manière générale, qu'il m'est de plus en plus désagréable de voir le comportement de ceux qui se disent religieux, et aussi de certains rabins qui disent comment se comporter à des jeunes religieux plutôt que de les accompagner dans leur épanouissement dans leurs études religieuses.

J'espère cette fois avoir été claire.
NB : Je comprends que les personnes ont envie de réagir aux questions comme je le fais parfois moi-même quand je rencontre un cas similaire au mien ou bien si unequestion m'intéresse, mais je ne crois pas me trouver sur un forum et si c'est pour me dire comment je suis et qui je suis, veuillez vous abstenir SVP.
Je m'adresse ici aux Rabbanim. Merci de votre compréhension.

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 29 juin 2004 - 23:00

Chère, chère Serah, où voyez-vous que ce passage cherche à éloigner les enfants de leurs parents ? En leur disant qu'ils ne sont pas infidèles à leurs parents en répétant leurs erreurs. Que ce n'est pas leur manquer de respect de réussir ce qu'ils n'ont pas su faire ?
Que cela peut au contraire être une marque à la fois d'amour et de respect et d'attachement que de réparer ces erreurs, comme de payer les dettes ?

Vous avez écrit : "Pour moi c'est une manière de rabaisser mes parents à mes yeux car cela insinue qu'ils n'ont pas fait ce qu'ils devaient faire à mon égard."
Voyez-vous, chère Serah, c'est très précisément ce type de "blocage" que vous décrivez que j'avais en tête lorsque j'ai écrit ce passage. Cette réaction affective très profonde par laquelle on s'interdit de redresser la barre parce que nos parents ne l'ont pas fait.
Ce que j'ai essayé d'expliquer c'est qu'au contraire de les condamner c'est ainsi que nous continuons leur oeuvre.

Avraham fut le héros de la charité gracieuse, c'est sans aucun doute l'éducation qu'il a donnée à Isaac. Mais Isaac fut l'homme de la rigueur extrême, de l'exigence de justice et de jugement, A-t-il donc trahi l'idéal d'Avraham ? Ou au contraire a-t-il permis ainsi, en étant ce que son père n'avait pas été, l'émergence de Jacob qui devait relever le défi d'être à la fois l'homme de la grâce d'Avraham et de la rigueur d'Isaac, tout en n'étant ni seulement l'un ni seulement l'autre, mais plus.

En tant que parents, nous donnons le meilleur de nous même à nos enfants, du mieux que nous savons faire. Cela nous empêche-t-il de nous tromper ? Et oui, cela arrive que pour bien des raisons qu'il faudrait chaque fois analyser nous n'avons pas transmis à nos enfants ce que nous aurions dû. C'est pour cela aussi précisément que la Thora ordonne le respect des parents : parce que le fait même qu'il y ait des enfants indique que l'histoire ne s'est pas achevée avec les parents, qu'ils n'ont pas réussi à être la dernière génération, celle de l'achèvement messianique. Notre présence au monde est l'indice même de cet inachèvement. Mais cela doit-il nous conduire à les déconsidérer ? Au contraire, affirme la Thora. Et même si les parents ne respectent pas la Thora cela ne nous autorise aucun manque de respect à leur égard.

Chère Serah, je comprends bien l'écho dont vous parlez et je le ressens bien plus que vous ne l'imaginez sans doute ; et ce que vous dites, si vous y réfléchissez un peu avec lucidité, confirme exactement le sens de mon propos.

Votre remarque concernant le comportement de "certains religieux" et le couplet sur l'épanouissement mériteraient peut-être un plus long développement.
Quant au Nota bene, vous avez le droit de formuler vos questions comme bon vous semble et il nous appartient à nous d'y répondre comme nous le croyons approprié. Si du moins je dois comprendre qu'il y a une relation entre "veuillez vous abstenir" et "je m'adresse ici aux rabbanim".

Serah
Mardi 29 juin 2004 - 23:00

Rav Simsovic bonjour,
Suite à la réponse 17701, je comprends mieux maintenant ce que vous disiez et ça rejoint tout à fait ce que je pense. Votre réponse, je vous l'avoue, m'a fait chaud au coeur. C'est justement parce qu'il est difficile de redresser la barre comme vous dites que j'éprouve beaucoup de culpabilité et de difficultés à me positionner par rapport à mes parents.
C'est en effet plus facile de rester ce que l'on a été depuis toujours avec les petites souffrances mais dans une forme de sécurité.
J'avais besoin de votre réponse, merci.
Vous avez dit : "Quant au Nota bene, vous avez le droit de formuler vos questions comme bon vous semble et il nous appartient à nous d'y répondre comme nous le croyons approprié. Si du moins je dois comprendre qu'il y a une relation entre "veuillez vous abstenir" et "je m'adresse ici aux rabbanim"."
Je savais que cette tournure de phrase allait porter à confusion, elle voulait dire : "cheelanautes abstenez vous de me répondre car je m'adresse aux rabbanim et d'eux seuls je demande une réponse ou une réaction".
Cher rav Simsovic, merci beaucoup de votre patience.

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 30 juin 2004 - 23:00

Vous savez, nous sommes une petite famille et comme vous avez pu vous en rendre compte nous ne pratiquons ni la censure à outrance ni le muselage des Cheelanautes. Il est très certain que nous ne sommes pas un forum, ce qui n'empêche pas que ceux et celles qui fréquentent le site peuvent éprouver le besoin de réagir, de faire part de leurs sentiments ou de leur propre expérience.
Ne soyez donc pas si irritable ou susceptible ! Vous me remerciez de ma patience. Où en serions-nous autrement ?
Ne serez-vous pas d'accord pour admettre que l'indifférence n'est pas toujours de mise ? Vous avez, je pense, suffisamment de finesse et d'intelligence pour comprendre ce que je veux dire.