Conversation 17862 - La Tora ecrite en Persan?

NathanninNathan
Samedi 3 juillet 2004 - 23:00

J'ai découvert pour la première fois (hormis le shema, évidemment)Devarim ce Shabbat via la Paracha Ki Tetse (in "Les lumières de Rachi" du Rav Botshko).Je vous avoue que ce qui a choqué les deutéronomistes me choque également:quelle différence de ton entre Devarim, Bamidbar et Vaykra!Le vocabulaire semble également différent ("talin" (21:23), par exemple, c'est de l'hébreu ou de l'araméen?Et "titamer" (21:14) que Rachi lui-même relie à un mot persan, que vient-il faire au milieu d'un texte hébreu?)

Cependant, convaincu que je suis des 13 articles de foi mis en vers, je pense qu'il doit y avoir une explicxation à cela. Pourriez-vous me la donner?

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 5 juillet 2004 - 23:00

Le Deutéronome est le "testament de Moïse". Il est la reprise, par Moïse, d'un certain nombre de thèmes destinés à la génération de ceux qui vont entrer dans le pays pour en prendre possession. Les détails que vous relevez sont insignifiants : la langue de la Thora est riche et imagée. Le souci de Rachi est parfois de nous faire comprendre certaines nuances à partir d'exemple qui devaient, de son temps, être parlants au public auquel il s'adressait.
Vocabulaire différent ?
talin, de loun, 2ème personne du futur masculin singulier, se trouve dans bamidbar 22:8 : "linou poh halayla" (=restez ici cette nuit...)
Aussi en Genèse 24:25 : "gam maqom laloun" (=aussi de la place pour loger)
talin se retrouve aussi en Lévitique 19:13 sous cette mêm forme au sens de ne pas laisser passer la nuit (retenir) sur le salaire de l'ouvrier salarié.

Quant à tit'amer, Rachi commence par expliquer le sens du verbe en hébreu. Il rapporte ensuite un enseignement du Yessod de rabbi Moshè Hadarshan. Les langues ne fonctionnant pas en circuit fermé mais appartenant aussi à des aires linguistiques, certaines racines peuvent se retrouver dans des langues différentes ayant subi des évolutions sémantiques différentes. C'est fréquent en ce qui concerne l'hébreu avec l'araméen et l'arabe. Certains sens peuvent ainsi s'éclairer l'un l'autre. Cela ne signifie pas que titamer (de 'imer) soit persan ou vienne du persan.

NathanninNathan
Lundi 5 juillet 2004 - 23:00

Suite à 17862, pourquoi les sept semaines entre Pessah et Shavouot ont-elles été nommées Omer?Que signifie ce mot?Pourrais-je préjuger qu'il ait un rapport avec titamer par le fait qu'ils sont formés des mêmes lettres? Et si c'est le cas, pourquoi Rachi aurait-il favorisé l'hypothèse de Moshe HaDarchan?

Rav Elyakim Simsovic
Mercredi 7 juillet 2004 - 23:00

La traduction d'Onqelos rattache le sens du verbe à celui qui apparaît dans le Deut 24:7 où il désigne la vente, Le Midrache (Sifré Tétsé 16) et le Talmud (Sanhédrin 85b) l'entendent au sens d'exploitation. Rachi suit ici la tradition talmudique contre Onqelos et indique en passant l'enseignement de rabbi Moshe Hadarshan à propos d'une racine persane proche de ce sens. Y a-t-il ici une allusion au fait que les maîtres babyloniens auraient eu des raisons linguistiques de préférer le sens d'exploitation à celui de vente ?