Conversation 18060 - Les mensonges autorises

mitsvot
Mardi 6 juillet 2004 - 23:00

Chalom Rav,
Quelles sont les limites de la franchise et de l'honneteté?
Je sais qu'on a le droit de mentir pour préserver le Chalom.
Mis à part cela, lorsque plusieurs personnes nous questionnent sur des sujets tres personnels et qu'on n'a pas envie de leur dire la vérité ou que le fait de ne rien leur dire ou de détourner la discussion eveillerait obligatoirement des soupçons de la part des questionneurs, peut-on dans ce cas là leur mentir ou bien repondre de façon allusive de sorte qu'ils ne se doutent de rien (biensur si c'est possible)?
D'autre part, quelles sont les limites du respect de la vie privée d'une personne ? Certes parfois certaines questions ne semblent pas toujours affectés celle-ci (du style, t'as fait quoi aujourd'hui?, t'es parti où? t'étais avec qui? etc, etc), mais , pourtant, par rapport au questionné, cela peut sembler être considérer comme une "volonté de connaitre" sa vie privée et c'est parfois désobligeant. Que faire donc, pour réagir efficacement face à ce genre de situation?
Je vous remercie beaucoup pour votre réponse.
Kol Touv

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 17 juillet 2004 - 23:00

Il est bien évidemment difficile de répondre à une question si générale. Changer la vérité en faveur de la paix est quand même problématique et demande un doigté certain ; par exemple il n'est pas évident que l'on puisse dire quelque chose de totalement faux, mais on n'est pas obligé - comme au tribunal - de dire toute la vérité et rien que la vérité.
L'exemple souvent cité est celui du rire de Sarah. "Pourquoi Sarah a-t-elle rit en disant ... et je suis vieille" demande Dieu, alors que Sarah avait dit "et mon mari est vieux". C'est que "et je suis vieille" est vrai aussi et on peut facilement en inférer, par raisonnement a fortiori qu'ayant dix ans de moins qu'Avraham, si elle est vieille, il est plus vieux. Mais on peut laisser à d'autres à faire l'arithmétique. C'est une manière "modifiée" de dire les choses en les édulcorant un peu pour les rendre audibles et éviter des crises inutiles.

C'est au tout début des relations avec de nouveaux amis qu'il faut savoir indiquer des limites, avec délicatesse et fermeté, aux investigations indiscrètes. La manière de répondre à celles-ci dépend bien sûr du droit de qui pose la question à une réponse. "Qu'est-ce que tu as fait aujourd'hui ?" n'a pas exactement le même sens, n'est-ce pas, si c'est l'employeur interrogeant l'employé ou la maman posant la question à l'enfant qui revient de l'école.
On peut parfois se contenter d'opposer à celui ou celle qui pose la question un regard étonné pour qu'il ou elle comprenne avoir franchi une ligne jaune. Le silence est une arme puissante.
Et quand on ne peut pas l'utiliser, en des circonstances dont je ne puis préjuger, si l'on peut répondre de façon allusive (évasivé ?) qui n'éveille pas les soupçons, c'est bien aussi.
Mais les marges sont étroites et il faut prendre garde malgré tout à ne pas mentir pour rien.
La vérité est le sceau de Dieu. C'est la vertu par excellence de Jacob devenant Israël et il faut s'habituer soi-même et éduquer les enfants au respect de la vérité et au respect d'autrui. Il ne faut donc surtout pas croire qu'on peut transformer la relation sociale en un brouillard vaseux où on ne sait plus jamais distinguer le vrai du faux, où les mots n'ont plus de sens et où tout est suspect.
Il vaut souvent mieux demander à qelqu'un candidement ce qui lui donne le droit de poser certaine question pour que ce soit lui qui se trouve confus et on n'a pas toujours à tenir compte de ce que n'importe qui va penser ou croire, sauf parfois lorsque cela concerne un tiers dont la réputation pourrait être ternie, ou que notre attitude pourrait provoquer lachone hara et rekhilout, lachone hara = parler mal de quelqu'un (même si c'est vrai) et rékhilout = colportage, propagation de bruits, ragots et rumeurs.