Conversation 19188 - Et que ça saute... les interdictions

dave501
Samedi 18 septembre 2004 - 23:00

Suite a la question 8349.

Plusieurs questions me viennent a l'esprit. Tout d'abord, je veux bien faire confiance aux rabins "de l'epoque" que le vin peut amener un juif a etre proche de non-juifs... Cependant, plusieurs points me semblent obscures:
- Sachant que l'on interdit le vin mais pas le whisky/bierre/boukha/vodka... Je me demande si la raison de l'interdit a reellement un sens. Pourquoi est-ce que le vin serait interdit et non la bierre (par exemple mais valable pour tout le reste aussi) qui est moins chere, autant "rapprochante" que le vin tant dans ses effets que dans ses objectifs... ??
- Dans le monde actuel où la rencontre, et donc "sympathisation", entre juifs et non-juifs est commune (mis a part Israel, et encore...) et necessaire (travail, commerces...) pourquoi garder cet interdit qui me semble etre une "demi-mesure" : Soit on est coherent et on interdit TOUT ce qui peut etre commun aux juuifs et non-juifs (et dans ce cas je me poserais beaucoup beaucoup de question sur la confiance ou responsabilite de l'homme dans la vision du judaisme); soit on n'interdit rien (pour cette raison bien sur) et on considere ca comme autant de choses a prendre sur soi que de ne pas aller au pub boire cinq verres de bierres avec ses colegues de bureau/etudes...
- Le rabin de ma communaute a fait un discour ce shabbat dont une part disait "les rabins font tellement intelligemment les choses qu'ils ne proclameraient jamais une interidction qui ne puisse etre tenu, et plus, si tel etait le cas ils reviendraient en arriere pour annuler l'interdiction : comme pour l'interdiction sur le vin et pain qui a ete annule en ce qui concerne la baguette puisque les gens ne la suivaient pas". Je ne cacherai pas que ca m'a doublement choque ! Tout d'abord pour en revenir au vin... pourquoi l'avoir garde et non le pain (juste parceque les gens le faisaient ??). Enfin, si il suffit de ne pas faire une interdiction (miderabanan bien sur) pour qu'elle "saute" : Allons-y !!! ca me semble trop facile et faire en quelques sortes preuves de faiblesses. Je pensais qu'une des bases du judaisme (et c'est egalement pour ca que jusqu'alors ma question sur le vin ne se posait pas a moi) etait de ne jamais revenir sur un interdit... ?

Merci encore pour toutes les richesses que l'on retrouve sur ce site.

Rav Elie Kahn z''l
Samedi 9 octobre 2004 - 23:00

Toutes vos questions proviennent du même étonnement, celui de l'interdiction du vin, et non de la bière.
Notons tout d'abord que l'idée d'interdire toute consommation d'alcool a été émise, mais n'a pas été retenue.
Quelle logique à cela?
Le but de cet interdit est de servir en quelque sorte de pense-bête. Rappeler que s'il n'est pas interdit d'avoir des contacts sociaux avec des non juifs, il faut être attentif à ce que ces relations ne glissent pas du social au romantique. Pour atteindre ce but, il n'était pas nécessaire d'interdire de boire toute boisson alcoolisée, on pouvait se contenter de n'interdire que le vin. Le simple fait de vérifier ce que l'on boit, de choisir telle boisson plutôt qu'un autre permet d'atteindre ce but.
Toutes les mesures prises par les rabbins sont mesurées, afin d'atteindre le but précis qu'ils se sont fixés. Ni plus ni moins. C'est pourquoi on n'interdit pas TOUT comme vous le proposez, mais uniquement ce qui est nécessaire. Et cette manière de procéder me semble de loin préférable.
Il ne s'agit en rien d'une demie mesure, mais de la mesure exacte.

Votre rabbin vous a parfaitement décrit les choses. Certaines interdictions ont effectivement "sauté" parce qu'elles n'étaient pas respectées, et la Halakha fait ici preuve d'une certaine idée de la démocratie, qui est souvent ignorée.
Le Rambam décrit longuement dans son Michné Tora (Mamrim 2) le processus selon lequel certaines halakhot peuvent être changées. Un des principaux critères est la question de savoir si les décisions prises par le Sanhédrin ont été acceptées par le peuple?
Après qu'un décret ait été pris par le Sanhédrin, si le peuple ne suivait pas, le décret n'avait pas force de loi. On estimait que ce décret était une erreur.
Même quand un décret avait été suivi par le peuple, puis plus tard abandonné, on en tenait compte, et la démarche à suivre pour l'annuler officiellement était allégée.
Ce que vous pensiez donc sur les bases du judaïsme est à revoir, pour ne pas dire erroné.
De là à dire "allons-y" et faisons "sauter" les interdictions qui nous semblent superlues… il y a un pas que je ne vous conseillerais pas de franchir.
Pourquoi le pain a-t-il donc été autorisé et pas le vin? Parce que l'on peut se passer de vin, mais pas de pain.

talmoudtora
Lundi 13 avril 2009 - 23:00

suite 19188

Lé'Elouy Nichmat Rav Israel Eliaou ben Bluma haKohen

Malgré le fait qu'on soit à Pessah, je me permets la question suivante:

Le pain d'un Non-Juif n'est-il plus interdit aujourd'hui?

Dr Michael Ben Admon
Mercredi 15 avril 2009 - 23:29

Shalom,

On peut consommer du pain fait par un non-juif; certains considerent que s'il y a une possibilite de consommer du pain fait par un juif ( ou le feu est allume par un juif), c'est preferable.

talmoudtora
Jeudi 16 avril 2009 - 23:00

suite 46748

Cette fois-ci, Pessa'h est passé! L'on peut donc reparler de pain "sans gêne"!!!

Je me souviens de la Halakha (mais pas de ses références; je vous les transmettrai lors de ma prochaine connexion, Bé'Ezrat HASHEM et Bli Nédère), qui dispose d'une autre manière que le Dr. Ben Admon.

Elle stipule que dans la mesure où le fait d'acheter dans une boulangerie où le four est allumé par un Juif ne fournit pas de problème (distance trop longue...), cette boutique aura OBLIGATOIREMENT préséance sur les autres.

Bien entendu, l'on se doit, même si le four est allumé chez un non-Juif, de s'assurer que la production est Cachère...

Dr Michael Ben Admon
Dimanche 19 avril 2009 - 10:24

Shalom,

Rabbi yossef Karo ecrit clairement que ceux qui prennent le pain fait par un non-juif pourront meme le prendre dans un endroit ou il existe un boulanger juif dont le pain est moins bon (C.H. Yore Dea 112, 2 et 5).
rabbi yossef hayim ecrit (ben ish hay houkat 1er annee) qu'a Bagdad l'habitude etait d'acheter chez des boulangers non-juifs bien qu'il y avait des boulangers juifs.

Des propos du Choulkhan Aroukh (Orakh hayim 223) il semblerait qu'il serait preferable de prendre du pain fait par un juif, au moins pendant les 10 jours de penitence.