Conversation 19624 - Encore un peu de lait,svp

NathanninNathan
Mercredi 13 octobre 2004 - 23:00

Shalom Rav,

le Rav Zenou m'a dit un jour que "plus que le veau a besoin têter, la vache a besoin d'allaiter" Veuillez donc m'excuser de tirer sur les mamelles de votre savoir, mais j'en ai besoin pour trouver réponse à ces questions:

1)Lorsque, dans son deuxième commentaire du premier verset de Bereshit,le Ramban écrit après avoir parlé des 10 Sefirot :
"Et elle est la terouma, et elle est la sainteté ; on ne peut enseigner à ceux de peu de contemplation les choses qui ont été créées en elle"

Comment faut-il comprendre cette phrase (càd comment traduire l'idée qu'elle véhicule et qu'en retirer?)?

2)Par ailleurs, je sais que Juda Halévy consacre le troisième chapitre du Kuzari aux sefirot, entre autres, mais pour d'obscures raisons, je ne me suis jamais senti prêt pour le lire, c'est à mon sens une notion beaucoup trop compliquée qui ne m'apporterait rien dans mon étude pour le moment, que du contraire. Pourriez-vous donc m’expliquer (beaucoup) plus simplement ce que je dois en savoir pour comprendre le commentaire du Ramban, SVP ?

3) Quelques lignes plus haut, Nahmanide cite le Midrash : pour Moshé ainsi qu’il est dit (Deutéronome 33 :21) : « il a vu le commencement pour lui » Il explique qu’ayant vu dans l'Aspaklaria, il a mérité la Tora. Cependant, le verset cité (Vezot habrakha 20-21), provient d'un contexte totalement différent :
« Et à Gad, il dit : “béni soit celui qui élargit Gad, il se tient comme un lion, et arrache le bras de même que le crâne. IL A VU QUE LE COMMENCEMENT EST POUR LUI (il a fait en sorte que le commencement de la conquête d'Eretz Israël soit pour lui), parce que là est sa part, réservée par le Législateur (Celui qui Fait les lois), et il s’avance aux premiers rangs du peuple. Il a fait ce qui est juste à YHVH, et ce qui est juste envers Israël (le rabbinat traduit : l’œuvre sainte du Seigneur, fidèle à ses devoirs envers Israël) »
Ceci n’a, à première vue, rien à voir avec cela ! Cependant, nos Sages n'ayant jamais rien fait dans le vide, ils voyaient plus que certainement un rapport entre ceci et cela. Quel est ce rapport ? Et si je me trompe, et qu'il n'y aurait pas de rapport, comment faudrait-il le comprendre ?

En attendant votre lait,
cordial shalom et grand merci pour ce que vous m'avez déjà apporté

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 14 octobre 2004 - 23:00

Pas exactement "besoin", mais "envie". Le Talmud dit que la vache désire bien plus allaiter que le veau ne désire téter.

1. Nahmanide indique des correspondances de vocabulaire destinées à ceux qui ont déjà commencé à étudier ces sujets mais ont pu rencontrer des terminologies différentes selon l'aspect de la question dont parlent les différentes sources. "Shiour" ne signifie pas ici "un cours", ce dont vous déduisez "on ne peut enseigner". En réalité cela veut dire "elle est sans mesure", comme la térouma qu'on doit prélever sur la récolte ; la Thora n'a pas indiqué quelle quantité acquite la récolte, mais les sages en ont fixé les limites. Le Maor Vashemesh explique "hitbonénouth" au sens de "hassaqgua", c'est-à-dire que Nahmanide se sert par analogie du langage halakhique pour exprimer qu'il s'agit d'un aspect de l'origine de l'être créé tellement fin qu'on n'en a pas l'idée et c'est pourquoi la Thora l'a appelée "réchit", comme la térouma qui n'a pas a priori de valeur mesurable.

2. Je ne crois pas qu'il soit possible d'expliquer plus simplement que rabbi Juda Halévy. On pourrait dire que les séfiroth constituent les étapes du dévoilement de la présence divine depuis l'infini insoupçonnable jusqu'à la réalité objective qui se manifeste dans l'identité d'Israël et dans sa terre.

3.La source du verset n'est pas du tout importante. Ce qui est important, c'est ce qu'il nous permet d'entrevoir dans la cohérence d'un sens absolu qui traverse l'ensemble de la Thora. La perception de Moïse ayant pu atteindre avec clarté et sans déformation même le point d'émergence originel de l'être du monde créé - le réchit - a pu devenir le relais de dévoilement de la Thora.
Pour Gad, je vais quand même vous "rassurer" ce point à partir duquel commence la conquête d'Erets Israël est le tombeau de Moïse - car là est caché la parcelle du législateur = c'est là qu'est caché la tombe de Moïse. Je pense qu'il n'est pas nécessaire d'en dire plus pour que vous deviniez le rapport.