Conversation 21059 - Mechante soupape
bonjour 3
que penseriez vous si je vous dis:
j'ai le coeur pur, je crains D. mais mais au delà de ça je l'aime, (comme mon enfant, comme on doit aimer un père) je l'aime et je le crains depuis ....le plus loins dans ma mémoire d'enfant.
mais dans ma tête, enfin le cerveau (siège de ?? )-merci de compléter-
je distingue vraiment deux parties antagonistes:
une partie reliée au coeur qui se manifeste par la sensibilité exacerbée et par l'amour du prochain et une partie qui ne vois que le mal , qui pense mal , qui raisonne mal.
est ce normal?
c'est un peu comme si toute ma sensibilité devait se cacher derrière quelques mauvaises pensées et mauvaises paroles pour se protéger de je ne sais quoi.
pourtant l'amour est bien ce qui me guide dans la vie.
j'essaye bien de retenir ces pulsions de méchanceté verbale, qui n'avancent à rien et parfois me rendent ridicule, mais rien n'y fait comme ci cela était plus fort que moi ou plus profond, ou tout simplement utile comme soupape de sureté.
quand je repense parfois aux anneries que je dis, alors que je m'efforce d'avancer vers la lumière et de m'améliorer dans l'accomplissment des mitsvots, je constate une stupéfiante contradiction, un décalage.
parfois je me dis que c'est un trop plein de sensibilité vis à vis du mal qui s'évacue par le mal en parole.
que pensez vous de cela , avez vous des solutions si le cas a déjà été étudié par nos sages.
benz
La parole a une tres haute place dans le judaisme.
- D. nous a decrit un recit de la creation du monde par Sa parole; c'est un enseignement pour nous, a notre niveau, pour prendre conscience du pouvoir createur qu'a la parole, meme la notre.
- Ainsi, dans les lois du lachon hara, ou bien dans l'interdiction de faire honte a quelqu'un, nos sages n'hesitent pas a apparenter ces fautes au meurtre.
- Meme l'interpretation des reves, donc les paroles que nous allons prononcer, sont elles qui peuvent fixer le sens du reve!!
- Le processus de Teshouva comprend aussi une etape "verbale": le vidouy.
Et il existe encore beaucoup d'autres exemples de l'importance de la parole.... et par consequent, du silence.
Vous avez deja pris conscience du probleme, vous regrettez votre comportement... il faut maintenant travailler a ne plus continuer/recommencer.
C'est un travail, cela demande de l'exercice.
Vous demandez des solutions, en voici quelques unes:
- prendre un temps d'arret. Comme on dit: "tourner sa langue dans la bouche avant de parler".
Vous remarquerez que nos oreilles n'ont pas de "systeme de fermeture", nos yeux ont des paupieres, mais notre langue est doublement "arretee": par les dents et par les levres. Ce n'est pas par hasard. Le pouvoir de la parole est si fort, dans le bien comme dans le mal, que la "protection" est double.
--> Donnez vous le temps de reflechir a ce que vous dites.
Qu'est-ce qui est plus important pour vous? la bonne blague, la bonne "vanne", la remarque pertinente, "bien renvoyee".... ou bien la personne en face de vous? ses sentiments, le risque de la vexer?
- une deuxieme approche de "solution" serait donc de prendre aussi conscience du respect d'autrui.
Cela aussi se travaille: faire expres d'etre plus gentil, plus aimable. Poser un regard plus aimant, appreciateur sur l'autre.
- Cela va de paire avec travailler son humilite, son sentiment de superiorite.
Tout un programme!
Mais le travail des midot est le lot de nous tous. Et plus encore, si l'on prend exemple sur nos patriarches, on comprendra que l'acquisition d'une mida tova pour nous "profite" aussi a notre descendance. Pas uniquement en tant que merite ou recompense, mais aussi comme si ils devenaient "predisposes" a l'acquerir plus facilement.
Si ce que je viens de dire se discute spirituellement et scientifiquement, cela reste une evidence pedagogique.
Pour ce qui est des pensees, aussi mauvaises soient-elles, vous en restez le maitre.
Lisez la petite histoire dans la reponse 18943