Conversation 24532 - Statut du juif athee dans l'islam

Sana
Mardi 21 juin 2005 - 23:00

Que la paix soit sur vous aussi, et merci pour la réponse.

Nous musulmans considérons licite (halal) la viande de l'animal (en soi déjà licite) qui a été abattu par un de nos coreligionnaires, ou un juif, ou un chrétien. Se pose alors à nous la question de savoir qui nous considérons comme juif et qui comme chrétien. Pour nous, est juif celui qui croit en Dieu et en le message qu'Il a délivré à Moïse, et qui se réfère à ce message comme source spirituelle et morale (du moins qui a la croyance qu'il devrait suivre les enseignements de ce message, même si au niveau de ses actes personnels il a des faiblesses – comme cela se passe dans les autres religions).
Ca c'est de notre côté, et par rapport à cette question de licité de l'animal abattu ; nous n'avons bien évidemment pas vocation à nous immiscer dans les considérations rabbiniques, à propos de savoir qui vous, vous considérez juif et qui non. Cependant j'aimerais, toujours par curiosité, connaître vos considérations rabbiniques par rapport au cas suivant : J'ai été très étonné de lire sous la plume de plusieurs juifs qu'ils étaient juifs et athées : ils disaient que, du moment que leur mère est juive, ils sont juifs, même s'ils ne croient pas en Dieu.
a) Est-ce vrai ? Peut-on être juif et athée d'après vos règles (nous musulmans ne pouvons manger l'animal abattu par quelqu'un qui descend de juifs mais qui lui-même est athée) ?
b) Si oui, cela implique-t-il que, pour lever l'apparente contradiction qui existe entre les deux concepts, on dira par exemple que cela signifie que cette personne est juive au regard des lois temporelles (par exemple droit du retour en Israël), mais non au regard de Dieu et ce tant qu'elle se dit ouvertement athée ?
c) Et si, oui on peut être juif et athée, alors pourquoi ne peut-on pas être à la fois juif et chrétien : cf. l'affaire Rufeisen, juif d'origine polonaise qui s'était converti au catholicisme et qui, immigré en Israël et ayant demandé à avoir, sur son état-civil, la mention "juif" comme "ethnie" mais "catholique" comme "religion", avait vu sa demande rejetée par les autorités israéliennes, qui avaient statué qu'il ne pouvait pas être juif car converti à une autre religion ?
Selon la Loi du retour : "Est considéré comme Juif celui qui est né de mère juive ou qui s'est converti au judaïsme et qui n'appartient pas à une autre religion". Etre athée, n'est-ce pas une "autre religion" ?

Merci d'avance.

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 27 juin 2005 - 23:00

Salaam, et bienvenu sur notre site.

Contrairement à l'Islam, qui est une religion, et n'exige pas l'adhésion à un peuple, le Judaïsme est à la fois une religion et une nationalité. Adhérer au Judaïsme c'est adhérer aussi au Peuple Juif.
Il ne s'agit donc pas d'une identité liée uniquement aux croyances, mais d'une identité nationale.
D'où la possibilité d'être un juif athé.
Pour certaines lois, on considérait par le passé un juif mécréant comme un non juif, mais cela ne se fait plus tellement de nos jours.

La loi du retour n'est pas une loi religieuse, mais une loi de la Knesseth, le parlement israélien qui est laïc. La logique de cette loi est que l'Etat d'Israël doit servir de refuge à toute personne qui est victime des antisémites, même si ces personnes ne sont pas juives au regard de la Halakha (la Chaaria juive).