Conversation 25404 - Temoignage contre une collectivite

Marc MEIMOUN
Lundi 5 septembre 2005 - 23:00

Concernant les passages "Si tu entendras...Sont sortis des hommes de perversions du milieu de toi...Tu rechercheras, tu enquêteras, tu interrogeras bien, et voici que vraie, exacte est la chose... Frapper, tu frapperas les habitants de cette ville-là" dans Dévarim 13.13 ; 13.19

1/ l'accusation "Sont sortis des hommes de perversions du milieu de toi" peut elle avoir été formulée par deux témoins ? et de manière plus générale est ce qu'un témoignage ne porte que sur une personne ou peux porter également sur une collectivité ?

2/
2.1. Dans l'hypothèse ou des temoins peuvent porter un témoignage sur une collectivité, comment leur appliquer le principe de la hazama lorsqu'ils sont Zommemim dans le cas de figure cité dans ce verset ?
En effet, les témoins font courrir à la ville le risque de sa destruction or le principe de la Hazama fait porter sur les témoins conspirateur la peine des accusés.
Dans ce cas très précis, quelle peine applique t on aux faux témoins ?
En effet l'on ne saurait leur faire porter la même peine car le principe générale traité dans Makot implique LE faux témoins uniquement et non une tierse personne et par ailleurs, tout les cas particulier ou l'on substitue la peine de Hazama à une autre peine sont cités dans ce même traité et ne figure pas celui ci.

2.2 Encore plus précisément, il semblerait qu'il y est une contradiction avec Maïmonide qui dit lui même que Hommes femmes et enfants sont exterminés, si un cat de 'eidim vient et porte un faux témoignages sur la ville devra t on tuer leurs femmes et leurs enfants ? évidemment non, cela rangerait donc le cas de la ville dévoyée dans les cas particulier en ce qui concerne la peine à appliqué au faux témoins or il n'y que 4 cas cité dans Makot, celui n'en faisant pas partie.

3/ Maimonide indique que Hommes, femmes et enfants sont voués à la destruction, pourtant rachi explique au verset 14 que ce sont les hommes, et non les femmes qui sont mis en causes.

4/ Le juste et l'innocent sont ils également voué à la destruction ?

Rav Elie Kahn z''l
Jeudi 8 septembre 2005 - 23:00

Vos questions cachent un mal à l'aise aisément compréhensible face au passage de la Tora sur "la ville dévoyée" (Devarim/Deutéronome 13, 13-19)
Il est vrai que la lecture littérale de ce texte est difficile. Elle laisse entendre qu'au cas où deux témoins viendraient témoigner que des habitants d'une ville se seraient adonnés à l'idolâtrie, tous les habitants devraient être passés par le fil de l'épée sans faire de distinction entre coupable et innocent. De plus tous les bien de la ville doivent être brûlés.
Mais nous n'appliquons pas la Tora dans son sens littéral. Nous ne la lisons pas sans l'accompagnement de la Loi Orale. Nous somme fidèles à la tradition orale qui nous indique en détail comment appliquer les loi de la Tora Ecrite.
Or cette tradition nous indique qu'il est hors de question de condamner des innocents. La Michna (Sanhédrin 10, 4) nous enseigne qu'il doit y avoir un témoignage sur chacun des habitants de la ville. Et pas seulement un témoignage, mais un avertissement préalable de la part des témoins, comme il se doit pour chaque condamnation;
C'est ainsi que le Rambam (Akoum, 4, 6) décrit la procédure:
"Si la minorité de la ville a été jugée coupable (après avertissement préalable, témoignage et jugement -E.K.) les coupables seront lapidés et le reste de la ville sera épargné. Si la majorité des habitants est jugée coupable, tous ceux qui se seront adonnés à l'idolâtrie seront dirigés vers le Sanhédrin où leur jugement sera complété et où ils seront condamnés à être passés au fil de l'épée".
La question du sort des enfants des condamnés, qui eux n'ont pas fauté est sujette à discussion à l'époque des Tannaïm.
L'idée de punition collective est de manière générale étrangère à l'idée que se fait la Loi Orale de la justice divine. C'est pourquoi chaque fois qu'il semble y avoir dans la Bible l'idée d'une telle punition, viendront des rabbins pour expliquer en quoi cela est justifié.
Notons que Rabbi Meïr Halévy critique véhément le Rambam quand ce dernier écrit que les femmes et les enfants des coupables seront aussi condamnés au cas où la majorité de la ville s'est adonnée à l'idolâtrie.
Il est impensable que D'ieu exige une telle chose écrit-il