Conversation 35307 - Prouver Dieu

Niekhoah
Lundi 19 février 2007 - 23:00

Chalom Rav Simsovic

A propos de votre réponse à la question 35052, une remarque analogue à celle postée au Rav King en addendum à sa réponse à la question 35282 : la question de croire en HaChem ne se pose pas, me semble-t-il, dans le cadre du judaïsme.

Quant au problème d'une preuve de l'existence de D', ne pensez-vous pas qu'au terme mystique le plus immédiat, Malkhout doive laisser considérer l'Univers comme Sa plus puissante évidence ? Et au sein de celui-ci, la Conscience ? - "Je pense donc D' est... car D' est, donc pensé-je "... 'cogito' juif !

Rav Elyakim Simsovic
Vendredi 17 août 2007 - 00:50

Le vocabulaire de la Qabbala ne doit pas être décrit comme relevant de l'expérience mystique. D'abord parce que celle-ci est incommunicable ce qui n'est pas le cas de la sagesse enseignée par la Qabbala. Celle-ci est une science, la science de l'Être.
D'autre part, il y a un problème beaucoup plus immédiat, c'est celui du contenu de la croyance. Bien sûr que - contrairement à la manière dont vous le dites - le problème de la croyance en Hachem se pose bien. C'est même le problème central de la croyance. Mais il ne s'agit pas du tout de la croyance en son existence, qui elle ne pose pas du tout problème à la conscience hébraïque et juive. Il s'agit de la croyance dans le fait que les promesses qu'Hachem a données aux Pères se réaliseront. Croire signifie donc d'abord faire confiance, ce qui est le sens premier et irrécusable de l'expression "donner sa foi".
Voici une preuve supplémentaire de la difficulté insurmontable que présente l'étude traditionnelle exercée sur des traductions. Car si on dit "croire en Dieu", on dit quelque chose de totlement autre que "croire en Hachem". En particulier, parce qu'on a substitué une notion métaphysique abstraite, un concept vide, "Dieu", à Son Nom, le Nom que nous disons être le "Nom de l'Être" (Chem Havaya) qui devrait plus exactement être rendu par "le Nom qui fait Être". Or ce Nom Le désigne comme Providence de l'histoire des hommes, c'est-à-dire en relation avec le principe de la liberté et du pouvoir de la volonté des hommes, alors que le Nom "Elohim" le désigne comme Créateur c'est-à-dire comme garant de la permanence et de la régularité des forces de la nature. Croire en Hachem, cela signifie croire que la libre volonté morale sera en fin de compte plus forte que la rigidité immuable et amorale des lois de la nature. Ce que signifie aussi l'expression de notre profession de foi "C'est Hachem qui est Elohim", expression non réversible ("C'est Elohim qui est Hachem" serait la négation du monothéisme hébraïque et juif).