Conversation 35697 - Divorce du concubinage

adame
Samedi 17 mars 2007 - 23:00

Cher Rav,
Si un homme a cohabité avec une femme au vu et au su de tout le monde, pendant une période plus ou moins longue, sans kidouchim et témoins classiques, et que le couple se sépare, sachant que:
* la femme est réservée par la bia midéoraita et
* que ène adam osse beilato béilat znout, surtout si les sentiments sont là
y a t il lieu de s'interroger sur la remise d'un guet ???
Avec mes meilleures sentiments

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 21 mars 2007 - 15:32

Chalom,

Traduisons votre question, qui est un peu pointue, pour que le commun des mortels puisse aussi en profiter.
On peut "se fiancer" en ayant des rapports sexuels. Ce fut par le passé une manière légitime de contracter des fiançailles. Cela ne se fait plus depuis le milieu du troisième siècle (T.B. Kidouchine 13 a).
Le Talmud affirme que personne ne voulant avoir des rapports sexuels illégaux, il faut considérer que tout rapport sexuel se fait dans la volonté de contracter des fiançailles, et il faudra rédiger un contrat de divorce (Gitin 81 b).
D'où la question:en cas de concubinage, faudra-t-il considérer que les concubins sont mariés au yeux de la Halakha et doivent, s'ils se séparent rédiger un contrat de divorce en bonne et due forme?
La réponse à cette question est négative, et cela pour plusieurs raisons.
Mais pour ne pas trop entrer dans des détails halakhiques compliqués, nous nous contenterons d'une seule raison: cette affirmation talmudique n'est plus actuelle. Les temps ont malheureusement changé et beaucoup ne se gênent pas d'avoir des rapports sans aucune intention que leur plaisir. Pensez: appliquer telle quelle cette loi amènerait à la conclusion que toute femme se mariant avec un homme autre que le premier avec lequel elle aurait eu des rapports serait considérée comme une femme adultère, puisqu'elle est mariée (ou plutôt fiancée) avec le premier.
Et les enfants seraient mamzerim (bâtards).
Il faut au contraire considérer que ce couple avait la possibilité de contracter un mariage et ne l'a pas fait. Il a par là même affirmé qu'il ne voulait pas que cette union soit considérée comme un mariage religieux.

Haddylion
Mardi 20 mars 2007 - 23:00

suite a la 35697
Bonjour, vous affirmez donc formellement que les rabbins , principalement pour des raisons de societes et de moeurs, peuvent annuler une mitsva, puisque la bia est toranique ?
cordialement

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 27 mars 2007 - 15:13

Chalom,

Non, vous m'avez mal compris.
Les rapports étaient considérés comme pouvant être "contractuels" à l'époque, parce que les mœurs étaient différentes. Un couple ne vivait pas maritalement sans avoir l'intention d'officialiser la situation. Les mœurs ont changé, pas la Halakha.
Je vous conseille de lire la réponse que j'ai écrite il y a longtemps, dont le titre est "la loi peut-elle évoluer?".
Vous comprendrez qu'aucune loi de la Tora n'a été annulée.