Conversation 40982 - Compte privé du mari

smsg
Samedi 8 mars 2008 - 23:00

Nous sommes mariés depuis 2ans et demi et avons un bébé. Mon mari prélève la moitié de son salaire chaque mois depuis le début de notre mariage dans un compte à son nom et où je n'ai pas accès (son père ayant la procuration). Après 2 ans, je lui ai demandé combien il a économisé,vu que son salaire a été acquis pendant notre mariage. Pour lui, je n'ai pas à le savoir.Selon lui, la Torah dit que tout appartient à l'homme et que je n'ai pas à m'inquiéter. Moi, je me sens exclue, blessée car j'ai l'impression que je suis bonne qu'à faire des enfants, cuisiner et balayer. Il ne doit pas y avoir de cachoterie dans un couple. Pour moi, etre marié c'est tout partager , j'ai du me tromper. On partage tout sauf l'argent meme si je ne manque financièrement de rien. Notre couple est dans une impasse, chacun restant sur ses idées. Aidez nous!

Rav Elie Kahn z''l
Mardi 11 mars 2008 - 10:22

Chalom

Je crois que votre mari se trompe.
Peut-être devriez-vous contacter son rabbin, qui pourrait lui faire entendre raison.
Mais ceci n'est peut-être qu'un symptôme d'un problème relationnel plus profond entre vous, dont il faut s'occuper le plus tôt possible. Un rabbin, on meiux, un conseiller conjugal pourrait vous être de bon conseil.
Je vous copie une réponse que j'ai écrite sur le partage de biens lors d'un divorce. Elle paraitra, si D'ieu veut dans mon prochain livre de responsa.
Je ne vous souhaite pas de divorcer, ni ne vous le conseille, mais vous pourrez y apprendre ce que pense a Halakha sur le juste partage des biens au sein du couple.

335. Juste partage

Existe-t-il des lois sur le partage des biens immobiliers, lors d'un divorce?

Selon la Halakha classique, la femme ne reçoit lors d'un divorce, en plus de la somme indiquée sur la ketouba, que les biens qu'elle possédait avant le mariage. Nous n'entrerons pas ici dans les détails des différents biens, et de la responsabilité du mari par rapport à ces biens.
Elle n'à aucun droit sur les biens accumulés lors de la vie commune, ceux-ci appartenant au mari.
Mais depuis le milieu du 20ème siècle, les tribunaux rabbiniques (ou certains d'entre eux) ont commencé à tenir compte du fait que ces biens avaient été accumulés grâce au fruit du labeur des deux conjoints et que la femme avait droit à une part égale. Mais ces dédommagements n'ont pas encore fait l'objet d'une législation spéciale de la part du Grand Rabbinat d'Israël et sont laissés à l'appréciation des juges rabbiniques dans chaque cas.
Les tribunaux laïcs en Israël considèrent que les biens doivent être toujours partagés en deux entre le mari et la femme en cas de divorce, et ont exigé que les tribunaux rabbiniques adoptent cet usage.
La question de savoir si cela est conforme à la Halakha et si cet usage devrait être adopté par les tribunaux rabbiniques fait l'objet d'une polémique dans les milieux rabbiniques. Deux rabbins du Grand Tribunal Rabbinique, le Rav Shlomo Daïchowski et le Rav Sherman, ont des avis partagés, le premier affirmant que ceci était totalement fidèle à l'esprit de la Halakha, le second estimant que c'est le fruit d'influences extérieures à l'esprit de la Halakha (Thumin 18 et 19; voir aussi Elon Menahem, Maamad Haïcha, p. 229-254).
Je ne vous cacherai pas que ma préférence va à l'opinion du Rav Daïchowski.
Mais même si il n'est peut-être pas impossible, halakhiquement parlant, d'imposer un tel partage, se séparer n'implique pas que l'on doive se conduire immoralement vis-à-vis de son ex conjoint. Et un tel partage, même si il n'est pas obligatoire, me semble juste et équitable.
Ceci concerne les biens acquis par le travail. Les biens acquis par héritage, reviennent logiquement au côté qui a hérité, tout au moins le capital.
Et les biens acquis avant le mariage reviennent à leur premier propriétaire.