Conversation 41092 - Le problème de la théodicée dans le judaïsme

anna2
Samedi 15 mars 2008 - 23:00

suite 41079

J'ai oublié de vous remercier de tout ce que vous faites, de tout ce que j'apprends grâce à votre intelligence du coeur et de l'esprit. Un des plus beaux messages que j'ai lu provenant de votre peuple est le suivant : " Où est D.ieu ? Là où on le laisse entrer." ( Rav Mendel de Kotzk) Je ne sais pas qui est ce Rav. Je ne suis pas très connaissante du judaisme mais mon coeur me dit que voilà une parole juste et bonne.

Bien sûr, les voies de D.ieu sont impénétrables et le Mal et le Bien sont parfois liés comme la Souffrance et la Joie. Elles nous enseignent à faire mieux, si on le veut bien. Mais l'antisémistisme tout comme la Shoah n'est pas l'oeuvre de D.ieu. C'est celle de certains hommes non seulement dans leur refus de D.ieu mais aussi dans l'acceptation, la recherche du Mal, dans son ignorance du Bien. Voilà pourquoi, je m'objecte si passionnément à voir dans de tels gestes une "ouverture pour l'âme" et encore moins une conséquence des erreurs qu'auraient pu commettre certains juifs.

Qu’enfin nous permettions à D.ieu d’entrer dans nos âmes pour que nous sachions reconnaître le Bien du Mal !

Merci encore à chacun de vous !

Jacques Kohn z''l
Lundi 17 mars 2008 - 10:08

1. Le rabbi Mena‘hem Mendel de Kotsk (1787-1859) a été l’un des grands maîtres de la pensée hassidique, et son obédience exerce aujourd’hui encore une influence marquée.

2. Le livre de Job est tout entier consacré à ce que l’on appelle le problème de la théodicée, c’est-à-dire à l’injustice apparente que constituent les souffrances du juste opposées aux félicités de l’impie. Le chapitres 38 et 39 projettent une certaine lumière sur ce problème. Ils affirment, en bref, que l’homme est insignifiant, trop insignifiant pour pouvoir sonder les desseins divins. Quant à la bonté de Hachem , elle reste un mystère que l’homme ne peut espérer percer.
Au cours des malheurs que l’histoire nous a fait traverser, le Juif n’a jamais rien abandonné de sa ferveur. Il a toujours su qu’il lui est interdit de mesurer son intelligence et son savoir à ceux de Hachem.

babaz
Dimanche 18 juillet 2010 - 23:00

Bonjour,

L'étude est-elle là pour que nous prenions conscience de notre ignorance puis de notre insignifiance ?

Je souhaiterais faire allusion à la question 41092 indiquant clairement que ce qui sous-tend les décisions divines nous restera inconnu, en dépit des savoirs accumulés.

Merci

Dr Michael Ben Admon
Mardi 27 juillet 2010 - 09:44

Chalom,

Meme si au bout du compte, il est dur d'arriver a une solution unique et juste, il n'en reste pas moins que nous avons une literature enorme traitant de la theodicee, depuis les textes bibliques et talmudiques, jusqu'aux textes de la philosohie juive medievale et contemporaine.
On peut conclure a l'incapacite a l'homme a sonder le mystere divin, mais on a tout de meme beaucoup d'elements de reponse dans cette literature, elements qui evitent tout d'abord de penser des choses incorrectes, et d'autres qui restreignent le champ d'etonnement et d'incomprehension.
L'etude n'est donc pas la uniquement pour devoiler notre ignorance; elle nous permet clairement de trouver des reponses, meme si certaines fois des reponses avec des failles.

babaz
Mardi 27 juillet 2010 - 23:00

52903

"une literature enorme traitant de la theodicee, depuis les textes bibliques et talmudiques, jusqu'aux textes de la philosohie juive medievale et contemporaine. "

Merci pour votre réponse.

Pourriez-vous citer quelques "réponses clés" trouvées dans cette littérature à propos de cette question ?

Merci beaucoup

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 7 mars 2011 - 09:50

Chalom

Je devrais sans doute laisser cette réponse au Dr Benadmon, puisqu'il est l'auteur de la phrase que vous citez, phrases avec laquelle je suis quelque peu - si j'ose dire - en désaccord.

Je ne connais pas une seule ligne qui traite de théodicée dans l'énorme littérature à laquelle il est fait allusion. Je sais bien que cela peut se résoudre d'une certaine manière à une querelle de vocabulaire, mais peut-être est-ce plus que cela.

La théodicée est une tentative de justifier Dieu d'avoir fait le monde tel qu'Il l'a fait. Cette préoccupation est totalement absente du judaïsme. Je répète : TOTALEMENT.
Elle ne doit pas être confondue avec une autre préoccupation, légitime celle-là, qui est de comprendre la présence du mal et de la souffrance dans le monde créé par le Dieu qui veut le bien de Ses créatures.

La réponse de Leibnitz - tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles - a éré justement raillée par Voltaire et de manière féroce.

Si une réponse brève et simple existait, cela signifierait que le problème posé ne serait qu'un faux problème. M. Kohn a justement fait référence au livre de Job à ce sujet. Je me permettrai d'ajouter pourtant une rmarque à ce sujet. Commentant le livre de Job et le problème qu'il soulève, Maïmonide fait remarquer que la Bible insiste sur le fait que Job était un Juste, mais qu'elle ne dit nulle part que c'était un Sage.

La question est très précisément posée par le Talmud qui la met dans la bouche de Moïse au lendemain de la Révélation du Sinaï ; pourquoi, demande Moïse, y a-t-il des justes qui souffrent et des justes heureux, des méchants qui souffrent et des méchants heureux. Il y a donc quatre questions, alors qu'à la limite nous n'en reconnaitrions que deux. En effet, la réponse de la piété serait qu'il est normal que le juste soit heureux et que le méchant souffre. Ces deux questions ne se poseraient donc pas. La pensée juive à ce sujet renverserait un peu ce problème. En ce monde, qui est celui des actes et de l'effort et non celui de la rétribution, il est normal que le juste souffre pour expier les quelques fautes qu'il a pu commettre afin que sa félicité soit entière dans le monde de vérité. Et il est normal, parce que juste, que le méchant se voit payer le bien qu'il a pu faire pour que sa sanction soit aussi totale dans le monde de vérité.

Peut-être ceci est-il suffisant pour faire toucher du doigt que la question est tout autre que celle de la justice divine qui n'est jamais mise en cause. Et aussi que le sérieux de la question ne peut s'accommoder de miettes de réponses.

Cela dit, je laisse bien volontiers au Dr Benadmon le soin de vous donner les références qui lui paraîtront appropriées.
Reposez donc votre question. en la lui adressant directement