Conversation 41934 - Segoulot

WHY555
Mardi 6 mai 2008 - 23:00

Bonjour,
J'aimerais savoir si la certaines segouloth marchent encore aujourd'hui( par exemple pour retrouver un objet perdu .....)Si oui lesquels ?
Merci D'avance

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 9 mai 2008 - 09:33

Chalom

J'ai une certaine approche de la question des segoulot (je serais d'ailleurs reconnaissant au cheelanaute qui pourrait me proposer une traduction satisfaisante de ce mot). Je l'ai déjà expliquée plus d'une fois sur Cheela. Plutôt que de réécrire les choses, je vous les copie et colle telles qu'elles devraient paraître dans mon prochain livre de responsa.

1. Segoulot et minhaguim? (1)

Est-il permis de dormir une vingtaine de minutes habillé?

Je n'ai jamais lu nulle part que c'était interdit.
Mais on ne peut pas toujours être au courant de toutes les coutumes, et je ne serais pas étonné que quelqu'un proteste qu'une telle coutume existe bel et bien. Mais cela ne signifie pas qu'il faille l'adopter. Si on devait adopter tous les minhaguim qui se pratiquent dans le monde, on n'en finirait pas. Si un tel minhag existe, il ne concerne que ceux chez qui c'est une tradition familiale, pas les autres.

2. Segoulot et minhaguim? (2)

J'ai acheté un livre sur le Pitoum ha Ketoret. Dans ce livre, il est dit que celui qui lit 3 fois par jour le Pitoum ha Ketoret, aura une grande parnassa. Avez vous déjà entendu parler de cela et si oui qu'en pensez-vous?

Je n'aime pas beaucoup, ne croyant pas trop aux segoulot; mais c'est une question de goût et de croyances. Et il en faut pour tous les goûts.
Si vous aimez et y croyez, vous avez de grandes autorités qui partagent votre goût.

3. Segoulot et minhaguim? (3)

J'ai vraiment un immense respect pour vous et vos approches dans bien des domaines de la Tora. C'est pour cela que je veux vous écrire ceci : Je crois avoir remarqué que chaque fois que l'on vous pose une question qui n'est absolument pas de votre domaine, comme les segoulot, (et personne ne peut tout savoir) vous réagissez d'une manière un peu méprisante. Mais voyez, vous pouvez simplement dire, que vous ne savez pas la réponse, cela prouvera encore plus votre grandeur dont vous avez donné la preuve par tellement de réponses profondes et justes.
Avec tous mes respects.

Je vous remercie pour vos compliments, mais me vois dans le regret de repousser votre remarque. Il m'est arrivé plus d'une fois d'écrire qu'une question dépassait mes compétences.
Le fait que certaines de mes réponses ne vous satisfont pas relève d'un autre registre: nous avons peut-être des conceptions différentes, des sensibilités différentes et certaines de mes réponses ne vous semblent pas sérieuses. C'est tout à fait votre droit, tout le monde ne peut pas tout le temps être d'accord avec tout le monde.
Il m'arrive ainsi parfois d'écrire ce que je pense de certaines approches pseudo-mystiques ou ce que je considère comme des déviations de la Tora. Ce n'est pas une question de domaine, mais une question d'optique et de compréhension de la Tora. Je me sens parfois obligé de faire entendre ma voix sur ces sujets, pour que les personnes qui, comme moi, ont une autre optique sachent qu'elles ne sont pas seules et que leur optique est légitime.
Ne voyez pas de mépris là où il n'y en a pas. Et je fais souvent des efforts pour prendre au sérieux des questions qui sont ridicules à mes yeux, et elles ne manquent pas. Mais elles sont importantes aux yeux de celui qui les a posées, et elles méritent tout notre respect.

4. A tasse fêlée, tête fêlée? (1)

Peut-on manger ou boire dans une assiette ou une tasse fêlée car j'ai entendu que cela faisait perdre la mémoire.

Il n'apparaît nulle part dans le Choulhane Aroukh, pour autant que je m'en souvienne (mais je me sers souvent d'ustensiles fêlés!), une interdiction de boire dans des ustensiles fêlés.
Cela fait partie des trop nombreuses superstitions qui encombrent le Judaïsme contemporain, et qu'il faut éradiquer.

5. A tasse fêlée, tête fêlée? (2)

Il me semble que le Kaf haHaïm, chapitre 2 note 3, dit que manger dans des ustensiles cassés faisait perdre la mémoire, ou disons fait oublier ce qu'on a appris.

J'avais compris que la question posée était de savoir s'il y avait une interdiction de boire dans de la vaisselle cassée. La réponse est négative, il n'y a à cela aucune interdiction. Le Kaf haHaïm non plus ne l'interdit pas. Il écrit simplement que cela peut avoir des conséquences néfastes.
Je vous remercie de m'avoir indiqué la source de cette croyance, que j'ignorais.
L'autre question est celle de savoir quelle approche on a de ce qui s'appelle des segoulot et autres croyances de ce genre, et quels sont les passages du Talmud qui doivent être pris au pied de la lettre. L'approche du Kaf Hahaïm de ce genre de questions est loin d'être celle que j'ai apprise chez mes maîtres, étudiée et adoptée.

6. A tasse fêlée, tête fêlée? (3)

Je comprends votre réponse : vous dites que halakhiquement, rien ne l'interdit. Ok.
Ceci dit, lorsque vous répondez à une question semblable en disant : ''Cela fait partie des trop nombreuses superstitions qui encombrent le Judaïsme contemporain, et qu'il faut éradiquer.'', on comprend par là qu'il n'y a à cela aucune source dans le judaïsme, et que cela vient certainement des goyim ou de l'imagination de nos grands-mères. Or, c'est faux, puisque le Kaf Hahaim en parle et que ce n'est pas le premier imbécile venu.
Je comprends que vous vouliez qu'on fasse la part des choses entre la Halakha claire, pure et simple, et les ''surplus'' qui viennent de la Kabbale ou autre. Mais par honnêteté intellectuelle, vous ne pouvez pas, en mon sens, occulter certaines sources du judaïsme en faisant croire à tout le monde qu'elles n'existent pas. Il serait bon de les citer, et d'expliquer quelle doit être leur vraie place dans notre judaïsme, c'est-à-dire, pas autant qu'une Halakha, mais les rendre inexistantes n'est pas juste ni vrai. Avec tout le respect que je vous dois

Vous avez raison de noter que de nombreuses traditions ont leur source dans nos écrits, même des traditions dont l'esprit m'est totalement étranger.
La question que je me pose est s'il est de mon devoir, quand je réponds à des questions, de toujours citer toutes les opinions et possibilités, ou si au contraire, je suis parfois tenu de ne citer que les opinions avec lesquelles je m'identifie.
J'adopte généralement la première attitude.
Dans le cas précis, j'ignorais tout simplement la référence citée.
Pourquoi parfois déroger à mon habitude et ne pas toujours citer tous les courants?
C'est le reflet d'une grande inquiétude face à la place que tiennent ces croyances chez certains, chez qui la Tora et le judaïsme deviennent plus un amas de croyances mystiques (ou pseudo-mystiques), qu'un mode de vie nous permettant d'être des hommes meilleurs vis-à-vis de nos prochains, et par là plus proches de D'ieu.
Dans mon approche personnelle, ces croyances ont peu de place, pour ne pas dire aucune.
Mais vous avez raison, qu'il n'est pas bien de les occulter.
Et même de mon point de vue, il serait préférable de les citer et d'expliquer quelle est mon approche, que de les occulter totalement.