Conversation 42114 - Ra‘hav la « zona »

Antirien
Vendredi 16 mai 2008 - 23:00

Shalom,

dans traité Meguila, on mentionne Rahva Hazona, de qui descend 8 neviim.
Je ne comprends pas comment la guemara tient ce nom sur cette femme. Si c'est pour nous apprendre qu'elle a fait techouva, alors on peut l'appeler Rahva abaala techouva ou ce que l'on veut.
Il y a bien un issour mine aTorah de dire à un fauteur repenti sa faute du passé, ici c'est le cas.
Quel est le pshat de la qualifier comme ça ?

Chavoua tov

Jacques Kohn z''l
Dimanche 18 mai 2008 - 00:44

Le texte désigne Ra‘hav comme étant une icha zona, ce que l’on peut traduire soit par « aubergiste », de mazone (« nourriture »), soit par « prostituée », de zenouth (« débauche »).

Les commentateurs se partagent entre ces deux significations. Rachi et le Metsoudath David optent pour la première, le Malbim et Radaq pour la seconde (ad Josué 2, 1).

Il est cependant curieux de constater que ce même Rachi, quelques versets plus loin (ad 2, 11), rappelle que Ra‘hav, âgée de dix ans lors de la sortie d’Egypte, s’était prostituée pendant quarante ans, et que « nul prince ou notable n’avait omis de s’accoupler à elle » (Zeva‘him 116b).

Conjecturer que Rachi ait pu alors oublier ce qu’il venait d’écrire quelques versets auparavant serait faire injure à sa mémoire.

Aussi croyons-nous qu’il a voulu ici se conformer à l’interdiction de rappeler à un converti sa conduite d’antan (Baba Metsi‘a 58b et suivants). Lorsqu’elle a accueilli les explorateurs envoyés par Josué, Ra‘hav était déjà sur le point de se convertir au judaïsme, et il aurait été inconvenant de faire alors allusion à ses débauches passées.

Mais alors, se demandera-t-on, pourquoi Josué, auteur du livre qui porte son nom, et de surcroît mari de Ra‘hav, a-t-il laissé subsister dans son texte une telle équivoque ?

Peut-être précisément pour donner à Rachi l’occasion de faire preuve de cette discrétion !