Conversation 43434 - La Shoah peut-elle être expliquée ?

fabien
Samedi 16 août 2008 - 23:00

Bonjour,

J'ai discuté avec une personne ayant vécu au Maroc et elle m'a affirmé qu'il était écrit dans la torah que des catastrophes s'abattront sur le peuple d'Israël si il ne respecte pas la pratique! De ce fait il m'a affirmé que la shoah était une punition! comment puis je lui faire comprendre que la shoah est inexplicable et que les souffrances endurées par les peuplades d'Europe de l'est sont incomparables avec celles des pays d'Afrique du nord dans la mesure ou on a voulu éradiquer ces populations? Merci d'avance pour vos conseils!

Jacques Kohn z''l
Dimanche 17 août 2008 - 13:49

Il est exact que la Tora annonce à plusieurs reprises, comme dans Wayiqra 26, 14 et suivants et dans Devarim 28,15 et suivants, que des catastrophes s’abattront sur les enfants d’Israël s’ils n’observent pas la Tora.

Il faut se garder cependant de banaliser la Shoah en la présentant comme une punition infligée au peuple juif.

Certains penseurs, dans les milieux chrétiens, y ont vu une punition du peuple juif pour n’avoir pas accepté Jésus. D’autres, comme certains rabbins, ont considéré qu’elle était une punition infligée par Hachem pour n’avoir pas obéi à la Tora.

Cette seconde explication me paraît tout aussi inacceptable, et même plus scandaleuse, que la première. Elle revient en effet, d’une part, à vouloir lever un coin de voile sur ce qui demeure un mystère de la volonté divine, et à se substituer à cette volonté, fondamentalement inexplicable. Elle aboutit, d’autre part, à nous culpabiliser et à nous imputer une part de responsabilité dans ce génocide unique à travers l’histoire.

« Un jour, à Brooklyn, raconte Elie Wiesel, j’ai demandé au célèbre Rabbi Mena‘hem Mendel Schneersohn de Lubavitch : “Comment peut-on croire en Dieu après Auschwitz ?” Et lui de me répondre : “Après Auschwitz, comment ne pas croire en Dieu ?” Au premier abord, la remarque m’a paru fondée : Puisque tout le reste a échoué – civilisation, culture, éducation, humanisme – comment ne pas se tourner vers le ciel ? Et puis je me suis ressaisi : “Si vos paroles constituent une question, je l’accepte volontiers ; si elles se veulent une réponse, je la récuse.” »