Conversation 5103 - Mieux vaut par contrainte que par choix?

Anonyme
Samedi 8 mars 2003 - 23:00

Shalom kvod harav
Dans votre réponse à la question 4794, vous dites que le Talmud dit que celui qui accomplit une Mitzva par obligation est supérieur à celui qui l'accomplit bien que n'y étant pas soumis.
Je ne comprend pas, j'aurais pensé que si quelqu'un faisait l'effort par soit-même et que cela viendrait du fond du coeur ce serait mieux, cela me parait plus logique. Pourriez-vous m'expliquer SVP?
Merci d'avance.

Rav Elyakim Simsovic
Lundi 10 mars 2003 - 23:00

Celui qui fait, comme vous dites, du fond de son coeur, obéit à soi-même. Ce n'est pas du fait de la reconnaissance de la souveraineté du bien sur sa propre volonté. Et cela rend la conduite morale aléatoire : ce matin j'ai envie, ce soir moins, demain ? peut-être... on verra...
Reconnaître une souveraineté comporte des degrés.
Le premier, c'est l'autorité contraignante. Je ne peux pas faire autrement.
Le deuxième, c'est l'autorité respectée. Je pourrais faire autrement, mais j'obéis par respect
Le troisième, c'est l'autorité à laquelle on adhère. Je pourrais faire autrement mais je ne veux pas parce que je suis d'accord.

Le troisième degré est un stade vulnérable de la conscience morale : en effet, c'est là qu'on court le risque de substituer sa volonté à celle du Créateur. Je fais ce que je fais parce que je suis d'accord. C'est une des définistions possibles de l'humanisme. C'est pourquoi la vertu est bien de reconnaître la transcendance de la valeur sur ma subjectivité : bien que je sois d'accord, c'est parce que le bien s'impose à moi comme bien que je dois le faire et non parce que j'y adhère. Mais le fait que j'y adhère indique que la valeur m'est devenue proche, qu'elle fait maintenant partie de mon être, de ma personne.

J'espère que c'est plus clair. Sinon, revenez à la charge.

Boileau disait : vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage. C'était un fainéant !
Le Talmud dit : cent-une fois, ça n'a rien à voir avec cent fois... Donc n'hésitez pas.