Conversation 55239 - Aurait-il mieux valu que l’homme ne fût pas créé ?

ANTLIA
Dimanche 16 janvier 2011 - 23:00

Je voudrai votre avis sur un sujet bien connu mais que je trouve tout de même très étonnant à propos de la controverse entre l'école d'Hillel et Chamaï sur la question s'il avait mieux valu pour l'homme d'avoir été créer ou non. Ce à quoi, après deux années de controverses ils conclurent :il eût mieux valu qu'il n'existât point; mais du moment qu'il avait été créer il fallait qu'il examine sans cesse sa conduite.

Généralement, aujourd'hui que ce soit dans la hassidout, l'orthodoxie et la plupart des courants de pensée Juive, on met en exergue le coté positif de la création, même si cela nous échappe, tout est fait pour le bien. Il s'agit d'un élément essentiel à notre fois, sans vouloir me targuer de faire un dvar Tora mais puisque nous sommes dans cette période de lecture de la sortie d'Egypte, il fallait que les bné Israël mais que même par'o accepte que Eloquim est aussi Achem, en d'autres termes que le D de la justice qui des éléments naturels et impersonnel est aussi le D de l'amour qui intervient pour son peuple et qui si nous le méritons interviendra jusqu'à la Geoula. Donc pas de défaitisme, D' nous aime et il y a bien en nous la force de faire ce petit effort pour que D' nous ouvre toutes les portes.

Je simplifie mais il me semble que, c'est un point essentiel du Judaisme, il n'y pas de D' impersonnel et autoritaire laissant les fléaux de la nature (maladie, sècheresse , famines etc...) nous punir de nos fautes seulement, mais il y a bien Achem qui intervient et nous sauve brisant l'ordre naturel des choses qu'il a lui même créer lorsque nous le méritons.

Je trouve donc que cette conclusion qui est de l'ordre des généralité non interprétables, il s'agit un peu comme d'une profession de fois (je ne remet pas en question que D' est un quand je fais Chema), or là cette conclusion est terriblement déprimantes. Si les Sages de Hillel et Chamaï en sont venue à cette conclusion que espoir avons nous, nous les « petit » ?
Peut être ais je mal compris ce texte ou son contexte, merci de me donner votre avis sur ce sujet.

Jacques Kohn z''l
Lundi 17 janvier 2011 - 08:17

Je rappellerai en premier lieu la conclusion du débat entre Beith Hillel et Beith Chammaï :

נוח לו לאדם שלא נברא יותר משנברא עכשיו שנברא יפשפש במעשיו ואמרי לה ימשמש במעשיו
« Il aurait mieux valu que l’homme ne fût pas créé, mais du moment qu’il a été créé, qu’il “fouille” (יפשפש), et d’autres disent : qu’il “scrute” (ימשמש) dans ses actes » (Erouvin 13b).

Selon Rachi, il s’agit pour l’individu de scruter ses actions passées et les fautes qu’il a commises, afin qu’il les confesse et qu’il s’en repente.

On « fouille » dans ce que l’on a sans savoir où cela se trouve, tandis que l’on « scrute » sans être certain qu’on le possède.

Rabbi Tzadoq ha-kohen de Lublin approfondit cette idée à partir des deux jours de Roch hachana. Le premier jour correspond au vendredi de la Création et le second au premier Chabbath. Il faut « fouiller » ses actes en semaine et les « scruter » le Chabbath. Le concept de fouiller correspond à l’action, et ici aux mitswoth actives, tandis que celui de scruter se réfère à l’inaction, et ici aux mitswoth négatives.

ANTLIA
Dimanche 16 janvier 2011 - 23:00

Merci pour votre réponse rapide et intéressante mais je voudrai faire suite à ma question 55239. Je trouve la conclusion « Il aurait mieux valu que l’homme ne fût pas créé, mais du moment qu’il a été créé, qu’il “fouille” (יפשפש), et d’autres disent : qu’il “scrute” (ימשמש) dans ses actes » (Erouvin 13b).
Je trouve qu’à contrario du Judaïsme actuel cette phrase extrêmement pessimiste et fataliste, presque résigné.
Ma question est donc comment expliqué cette terrible résignation dans le caractère profondément optimiste du Judaïsme.
Lorsque je pense à l’histoire de Rabbi Akiva qui, en voyant un renard sortir des ruines du Beth Hamikdash fumant encore, se réjoui devant ses paires en larmes en leurs disant que si la prophétie de la destruction du temple s’est réalisé alors celle de la Geoula arrivera tout autant (citation très approximative-bien sûr).
Mais il me semble que l’une des grande spécifié du Judaïsme pour paraphraser (encore une fois très approximativement) le rav « Manitou », il y a un créateur et cela est la bonne nouvelle, il y a une raison à ce monde, il y a un but et D’ ne nous abandonne pas. Malgré les souffrances et les difficultés l’espoir est possible, de par la confiance que créer cet espoir nul doute que nous pouvons aussi trouver la force d’aller de l’avant.
Je conçois sans aucun souci que le judaïsme peut réunir des vérités qui peuvent apparaitre comme contradictoire comme on en rencontre dans certains Midrashim mais dans ce cas il ne s’agit pas d’un midrash permettant une exégèse sur un sujet mais quasiment d’une conception globale.
Pour résumer ma question est posé sur la première partie sur le « à priori » « il aurait mieux valu que l’homme ne soit pas créé » quel que soit la deuxième partie de ce texte, cette partie-là est terriblement dure et pessimiste. Comment l’expliquer ?

Jacques Kohn z''l
Mardi 18 janvier 2011 - 00:41

Je vous remercie de votre contribution, mais je ne crois pas que l’on puisse scinder cet enseignement et chercher à interpréter séparément chacune de ses parties.

babaz
Dimanche 16 janvier 2011 - 23:00

55239

À ANTLIA :

Un Dieu impersonnel n'est pas plus "autoritaire" que "généreux".

Jacques Kohn z''l
Mardi 18 janvier 2011 - 00:42

Je vous remercie de votre contribution.

babaz
Mardi 25 janvier 2011 - 23:00

Bonjour,

Une précision s'il-vous-plaît :

Le passage dont il a été encore récemment question sur le site "il eût mieux valu pour l'homme qu'il ne fût pas créé" est-il à distinguer d'un autre qui parlerait d'un placenta "qui eût mieux fait de se retourner" ?

Cette deuxième assertion concernerait celui pour qui seule la pensée vaut, sans action consécutive.

La première est bien plus générale (ayant trait à la nature profonde de l'homme), n'est-ce pas ?

Merci

Jacques Kohn z''l
Vendredi 28 janvier 2011 - 02:04

La citation en question nous apprend que הלמד שלא לעשות נוח לו אילו נהפכה שילייתו על פניו ולא יצא לעולם (« Celui qui apprend pour ne pas faire [c’est-à-dire à des fins purement spéculatives – Yerouchalmi Berakhoth 8/1], mieux aurait valu que son placenta se retourne sur lui-même et ne vienne pas au monde »).