Conversation 55493 - Donner l'aumône par justice

micass
Lundi 31 janvier 2011 - 23:00

Aumône ou Charité ?
Bonjour à tous les rabbanims,
on sait que le terme de 'tsedakka' est improprement traduit en français par 'charité' alors qu'il ne s'agit pas seulement en fait d'aumône.
La Tsedakka est un acte de justice qui, en gros, tient a soutenir la demande vitale de son prochain.
Elle n'est pas fonction du bon vouloir du donneur, ni de sa compassion, ni de son élan du cœur. Elle n'est pas dégradante en ce sens que le donneur n'est pas supérieur au receveur etc...
C'est une obligation. Point. Les 8 différents niveaux de tsedakka concourent tous à cet objectif. Rétablir la justice.
J'ai toujours aimé cette vision du judaïsme par rapport à nos "petits frères" chrétiens qui eux conditionnent la charité aux sentiments (et donc avec le risque de ne rien donner, ou d'être avilissants, ou de la faire de manière intéressée etc.).
Or je viens de tomber sur Sota 49b qui indique que la Guemilout Hassidim est supérieure à la Tsedakka alors que le Hessed en question n'est uniquement motivé que par le cœur de chacun.
Donner la Tsedakka n'empêche pas de le donner avec hessed et par amour du prochain, mais je ne comprends pas cette hiérarchie qui fleure bon la paroisse dominicale !

En pratique: Si un mendiant me demande l'aumône dans la rue, dois je la lui donner en vertu de la Tsedakka (parce que donc c'est un ordre et que je ne peux pas tolérer la situation du nécessiteux et qu'enfin il est en mon pouvoir de le rétablir socialement) ou bien en vertu de la guemiloout hassidim (il me fait de la peine, j'aime mon prochain, je vais le sortir de sa pauvreté ou au moins le soulager) ?
Sur cette deuxième possibilité - qui est privilégiée dans Sota ! -, on est en pleine "charité chrétienne" avec tous les risques que la notion de Tsedaka pure (et peut être insipide ou mécanique) avait réussie a évacuer.

Je ne comprends pas où le curseur du Talmud se positionne ? dois je appliquer froidement la mitsva de la Tsedakka (ce qui a énormément d'avantages) ou dois je laisser parler mon cœur (avec tous les risques que cela comporte) ?
En d'autres termes: la Raison ou la Passion ?

Kol touv

Rav Reouven Ouziel
Mardi 1 mars 2011 - 02:29

Dans la gemara soukka 49b il est dit que la Guemilout 'Hassadim est préférable à la tzedaka, mais la définition de la Guemilout 'Hassadim est actes de bonté, c.à.d. qu'il s'efforce de faire le bien envers son prochain par ses actes, en l'aidant à surmonter ses difficultés.
Donc la tzedaka par les actes est préférable à seulement lui donner de l'argent, mais le principe reste le même, qui est de rétablir l'égalité et la justice entre tous, et pas d'être miséricordieux envers le misérable comme dans la vision chrétienne.