Conversation 6202 - Y en n'aura pas pour tout le monde

Anonyme
Mercredi 30 avril 2003 - 23:00

Chers Rabbanim,

Il m'arrive de me rendre en un lieu où, devant la porte d'entrée, plusieurs pauvres attendent la tsedaka.

Supposons que je possède moins de pièces qu'il n'y ait de mains tendues.

D'un côté, si je donne (au mieux) une pièce à chaque pauvre, je risque de créer un sentiment de jalousie (voire de peine) pour ceux qui n'ont rien eu ; j'aurai alors failli dans la mitsva d'aimer mon prochain comme moi-même, puisque moi-même je n'aime pas être jaloux ou bien peiné !

D'un autre côté, si je ne donne rien à personne, il est certain qu'il n'y aura pas de jalousie ; mais cette fois-ci, c'est la mitsva de tsedaka que je rate, faisant en prime la 'avera (faute) d'endurcir son coeur devant le nécessiteux.

Je ne parviens pas à y voir bien clair : pourriez-vous, je vous en prie, me conseiller ce qu'il convient de faire ?

Berakha vesim'ha

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 18 mai 2003 - 23:00

Votre raisonnement n'est pas tout à fait exact, car même vis-à-vis de vous même vous ne pouvez pas tout et le sens exact de cette mitzva implique : pour ce qui dépend de toi..
De plus, s'il s'agit d'un lieu où vous vous rendez souvent et où il y a des "habitués" comme c'est souvent le cas, rien ne vous empêche de les traiter humainement, c'est à dire aussi de leur parler : on peut dire, désolé, c'est tout ce que j'ai sur moi. Et la fois d'après, si vous avez regardé ces pauvres et que vous pouvez les reconnaître, vous donnerez à celui qui a été "privé" la fois d'avant.
Le fait de ne pas donner telle fois ne correspond pas à endurcir son coeur : on peut être pressé, avoir d'autres raisons ; la mitzva de la Thora concerne une attitude générale, une disposition de la conscience et une lutte contre notre avarice naturelle (certains doivent lutter contre la prodigalité, mais dans un cas comme dans l'autre, il s'agit d'une attitude "a-normale" à l'égard de l'argent et d la possession).