Conversation 63636 - J'ai vaincu la masturbation mais...

binyamin43
Jeudi 31 mai 2012 - 23:00

Bonjour

J'ai 50 ans et toute ma vie (ou presque), j'ai été aliéné par la masturbation.
Rien n'y a jamais rien fait...même mon attachement indéfectible à la Tora.

Il y a 2 ans j'ai, par miracle, reussi une percée et au prix d'immenses efforts et douleurs j'ai cessé une fois pour toute.
Seulement durant cette période, j'ai touché le fond. En effet paradoxalement alors que l'arret de la faute occupait mes journées à 100%, j'ai commis l'irréparable avec une goya. C'était la seule fois de ma vie....un vent de folie au milieu d'une période de combat spirituel.
Depuis, j'ai très peur des retombées de la faute de Karet et de ce que dit le zohar que l'ame d'un tel homme reste attaché à goya..
Je ne me console pas de la force de la Téchouva (que j'ai faite sincerement car je ne faute plus) tant les textes précis du zohar et du ari et d'autres sont précis sur cette faute.
Je n'ai pas le niveau en kabbala pour "apprécier" leur langage.
Vers quoi ou qui dois-je me tourner pour tenter d'effacer la faute.
Merci de m'aider à dépasser cette tristesse.
J'ai besoin de réponses précises.
Paul

Rav S.D. Botshko
Mercredi 15 janvier 2014 - 14:07

A plusieurs reprises, j'ai écrit sur ce site que de dire que la masturbation est la faute la plus grave n'est pas exact sur le plan de la Halakha.
Bien entendu, je sais que le Choulh'an Aroukh utilise cette expression et je vais l'expliquer plus loin.

Cette exagération amène à des aberrations telles que ce qui vous est arrivé.

Et c'est la raison pour laquelle je publie sur le site qu'il faut absolument relativiser cette faute.

En effet, la gravité des fautes dépend de deux facteurs; 1. Le degré de la punition 2. La volonté de fauter.

Par exemple, la trangression du chabbat est plus grave que le fait de ne pas manger cachère, car la transgressioon du chabbat est punie de la punition maximale, ce qui n'est pas le cas pour la consommation de nourriture non cachère.

Or, il n'existe pas dans la Thora un verset qui interdit la masturbation et cette faute ne fait pas partie, d'après la grande majorité des sages, des 613 commandements.

D'après certains, il s'agit d'un interdit rabbinique.

Er et Onan qui ont été punis de morts étaient mariés et interrompaient leurs relations avec leurs femmes pour ne pas avoir d'enfants, c'est cela qui a valu à ses deux hommes la mort parce qu'ils ne voulaient pas donner la vie.

C'est un non-sens de penser que la masturbation serait pire qu'un crime qu'un vol ou du lachon Hara ou de vexer son prochain. C'est une déviation du judaïsme. Celui qui lit les prophètes sait que les prophètes ont demandé la justice et l'honnêteté et ont menacé de l'exil à cause de la violence et de l'injustice.

2. Une faute est plus grave lorsqu'elle est intentionnelle, avec la volonté de désobéir à Hachem. Or la plupart des personnes religieuses qui se masturbent ne le font pas par mépris par la Thora, mais parce qu'ils n'arrivent pas dominer leurs pulsions naturelles

Un jeune non marié qui se masturbe le fait à cause du fait qu'il est homme et que lorsque l'homme n'a pas de relations, le Yetser, c'est à dire le penchant pour la sexualité ne disparait pas.

Ce penchant est source de vie, c'est grâce à lui que nous nous marrions et avons des enfants, c'est un ciment dans l'amour entre les époux, c'est un don merveilleux qu'Hachem a fait à l'homme. C'est une force de vie merveilleuse qui lorsqu'elle ne peut être satisfaite entraîne l'homme à se masturber mais pas parce qu'il veut déplaire à Hachem, mais parce que c'est une donnée de sa nature.

La guemara Sopuka 26b ramène une opinion qui disait interdire aux jeunes non mariés de mettre les tefilin car affirmaient ces sages, ces jeunes ont des pensées malsaines, ce qui ne convient pas aux Tefilin. En d'autres termes, ces sages savaient que l'homme n'arrive pas à résister à ce penchant même le temps de la prière. Le Beth Yossef dit qu'ils doivent quand même mettre les tefilin, que l'étude de la Thora protège de ces mauvaises pensées.
Mais personne n'a pensé qu'il fallait considérer tous ces jeunes comme des assassins.

Le sefer Hassidime dit qu'un homme marié qui est pris d'un désir fort qu'il ne peut contôler, doit plutôt se masturber que d'avoir une relation avec sa femme nidda, faute qui est punie de Karet.

Chaque homme doit savoir qu'il est interdit de se masturber, mais que si cela lui arrive, il n'est pas rejeté de Hachem et cette relativisation de la faute empêche de s'y focaliser. Tandis qu'exagérer l'interdit entraîne de penser sans cesse comment ne pas faire la faute et cette pensée même entraîne le désir, entraînant l'homme dans une spirale de la faute et des remords sans cesse. On se jure de ne pas recommencer et voilà c'est reparti, et cela cause des douleurs spirituelles insupportables.

De plus, dire que cette faute est si grave, mais que finalement comme vous et c'est le cas de bien d'autres, la commettent quand même, risque d'effacer toutes les barrières morales, puisque de toute façon on commet le crime le plus abject, alors les autres fautes sont peu de choses à côté.

Ce qui vous est arrivé est une illustration de ce que j'enseigne. En effet, toute votre vie vous vous focalisez sur cette faute, alors dans un espèce de tourbillon, vous la commettez et lorsqu'ensuite vous croyez avoir vaincu votre nature, vous tombez bien plus bas. Il est certain qu'il vaut mieux se masturber que d'avoir une relation interdite.

Vous avez fait Techouva, c'est très bien. Hakadoch Baroukh Hou continue de vous aimer. Et la vraie techouva c'est de ne plus se focaliser sur la sexualité, mais de réfléchir quelles sont les bonnes actions que vous pouvez accomplir. Dirigez l'énergie que vous utilisez pour ne pas se masturber pour aider autrui, pour étudier, pour enseigner, pour montrer les beautés de la Thora, pour chanter à la gloire d'Hachem, bref d'utiliser le don de vie qu'Hachem vous a donné pour faire le bien autour de vous.

Vraisemblablement, cela ne vous empêchera pas totalement de fauter, mais cela réduira grandement et lorsque cela vous arrivera, et bien vous vous releverez immédiatement pour faire une mitsva.

Direz vous alors, pourquoi le Choulkhan Aroukh a été si sévère. J'ai vu dans le livre de responsa Diberot Eliyahou (vol 8), du Rav Eliyahou Abergel, qui explique comme je l'ai fait ici que cette faute n'est pas la plus grave et il apporte pour cela de nombreuses sources. Il explique que le Choulkhan Aroukh a utilisé une formule forte, Le Choulkhan Aroukh a exagéré. Puisque le penchant est si grand, il a fallu menacer pour que l'on comprenne que c'est une faute. Il y a beaucoup d'expressions dans le Talmud qu'il ne faut pas prendre à la lettre.

Personnellement, je pense que le zohar qui est à la source de cette sévérité parle de la légitimation de la masturbaion et non de l'accident.
Dans le monde occidental, cet acte n'est pas du tout considéré comme une faute, l'homme avec lui-même pouvant faire tout ce qu'il désire tant qu'il ne fait pas de mal à autrui.

Cette pensée prend sa racine dans l'idée que D'ieu n'a rien à ordonner à l'homme et en fait cette pensée là est extrêmement dangereuse.

C'était cette philosophie qui était celle de la génération du déluge qui a amené à des débordement dans la sexualité ce qui a entraîné ensuite violences. et crimes.

Certes, cette génération a été détruite pour sa violence, mais la cause de cette violence est dans la permissivité la plus totale, D'ieu étant rejeté de la vie intime.

Aussi, la masturbation est interdite. On doit faire ce que l'on peut pour l'éviter. Ce n'est pas un combat de front, mais c'est un combat qui prend sa source dans la prière, l'étude et le fait de faire de bonnes actions, la lumlère chassant les ténèbres.

Aussi remplissez votre vie positivement et chassez la tristesse en sachant qu'Hachem aime chacun de ses enfants avec ses faiblesses.

etienne-alef
Mardi 5 juin 2012 - 23:00

En réponse à la question N°63636,
Si je puis donner un conseil que je m'applique et qui marche bien ;
En fait moi aussi pour essayer d'être en harmonie avec les valeurs que je pense et que je porte, j'ai pris un engagement pour ne plus regarder les filles comme je le faisaient avant c'est à dire pour leur représentation sexuelle. J'ai appris à ne plus les regarder, ou j'ai appris à regarder autre chose en elles. Dans un livre religieux, j'avais lu un article qui disait que le sens de la vue transmet une information au cerveau comme un reflex, et qui est extrêmement difficile à contrôler une fois le message envoyé.
Celui qui ne regarde pas ou mieux les filles, celui qui ne va pas partout sur internet, comme par hasard n'est pas attiré par ce penchant.
Je remarque que cela marche bien et que cela rend meilleur et digne.
La sexualité est une des merveilles du monde qui nous est donnée, mais malheureusement comme beaucoup de merveilles le mauvais penchant sait troubler l'ordre pour les salir.
Il reste à chacun de prendre les engagements qu'il souhaite pour vivre en harmonie.

Rav S.D. Botshko
Samedi 9 juin 2012 - 12:50

merci de votre temoignage

javier_pastore
Dimanche 28 avril 2013 - 23:00

Bonjour

Je reviens sur une parole du rav botshko ( question 63636 ) : Or, il n'existe pas dans la Thora un verset qui interdit la masturbation et cette faute ne fait pas partie, d'après la grande majorité des sages, des 613 commandements.

Je me questionnais : l'episode de Er et Onan est inscrit mefourash, or si la torah proscrit l'action de Er et Onan ( cf piroush rachi ), en quoi n'est pas un interdit deoraita ? Je veux dire, si ca ce n'est pas un issour deoraita, qu'appel t'on un issour deoraita , etant donné que cet episode est inscrit mefourash ??

MERCI

Nathaniel Zerbib
Jeudi 2 mai 2013 - 14:02

Chalom,

L’épisode de Er et Onan est effectivement en rapport avec cette faute mais je pense qu'on ne peut aucunement en tirer des conclusions pratiques à l’égard de cette faute.

Tout d'abord, sur le plan technique, seuls les 365 commandements négatifs faisant partie des 613 commandements peuvent être considérés comme une interdiction de la Torah. Cela ne veut pas dire qu'il n'y a que 365 façons de commettre ce genre d'interdit mais chacun d'entre eux comprends des dizaines, voire centaines de détails communément appelés "halakhot" (lois) et celui qui transgresse un de ces détails est enclin à enfreindre un de ces commandements.
L'ensemble de ces interdits et les lois qui en découlent sont régies par la Torah Orale et sans elle, il n'y a aucun moyen de tirer quelque conclusion pratique en lisant simplement ce qui est écrit dans la Torah Écrite.

Dans l’intégralité du livre Bereshit, les Sages de la Loi Orale comptent uniquement un seul interdit de la Torah ; celui de manger le nerf sciatique. Ainsi, pour illustrer ce que j'ai expliqué précédemment, la Torah Orale détermine que seule la consommation du nerf sciatique d'un animal pur, cacher est interdit par la Torah. Celui qui mangerait celui d'un cochon n'enfreindrait aucun interdit. (1)
Nos sages n'ont pas juger bon de tirer des conclusions pratiques de l'histoire d'Er et Onan, du fait, entre autres, qu'il existe une règle selon laquelle seul les interdits qui sont introduits par les termes de négation לא , השמר, פן , אל sont considérés comme tels , termes qui n'apparaissent pas dans ce récit.(2)

Sur le plan moral à présent, il n'y a, a mes yeux, aucun rapport entre la faute telle qu'elle est commise de nos jours avec celle relatée dans le texte biblique. Il apparaît très clairement des versets que ce qui à engendrer la colère du Créateur qui s'est soldée par la mort des deux frères est leur refus de donner une descendance, chacun pour des raisons différentes. A travers cette motivation, ils remettaient totalement en question le projet Divin qui était de multiplier les generations afin de continuer a developer et faire avancer le Monde.

Aujourd'hui, la motivation est le simple fait (tout a fait naturel) d'assouvir ces besoins sexuels qui sont vitaux pour le bien être et l’équilibre de l'Homme.
D'ailleurs, si l'on analyse les choses de manière plus profonde, il faut comprendre que l'instinct sexuel est le plus fort en l'Homme du fait qu'il enfouit en lui la chose la plus importante et la plus puissante dans ce Monde qui est le fait de donner la vie. Comprenant cela, cela doit renforcer à ne pas tomber dans cette faute représentant le gaspillage de ce potentiel de vie mais bien au contraire exploiter cet instinct dans une voie positive et ne le mettre qu'au service de la vie.

(1) 'Houlin 7,6
(2) Macot 13b

Bivrakha.