Conversation 64718 - La tsedaka c'est magique ?

Steeve Rogers
Dimanche 29 juillet 2012 - 23:00

Shalom,

je lis beaucoup de témoignages dû à la Tsedaka sur les sites de Vaad harabanim et Koupat hair, c'est vraiment hallucinant, je ne savais pas que la tsedaka avait un tel pouvoir, si on la donnait souvent et avec un coeur pour les pauvres. De plus, beaucoup donnent des sommes en rapport avec leur problèmes (18 pour guématria de Haîm, vie, si ils ont des problèmes de santés, 26 guématria d'Hashem pour réussite spirituelle, etc).

Je pense essayer, pouvez-vous me dire comment on écrit en hébreu et quel est la guématria de Kala (épouse), mariage (en hébreu) ?

toda !

Emmanuel Bloch
Mardi 31 juillet 2012 - 13:18

Chalom,

Donner de la tsedaka est l'une des mitsvot les plus importantes de la Torah.

Selon certains enseignements de nos Sages, donner aux pauvres peut effectivement permettre d'etre "sauve" de certains dangers, de maladies, de la mort, etc. Les maitres du moussar insistent generalement que la tsedaka n'est pas une maniere de corrompre Dieu, en achetant Ses faveurs contre monnaies sonnantes et trebuchantes, mais que c'est au contraire l'homme qui change. En donnant, l'etre humain raffine sa personnalite, ameliore ses propres qualites morales, et merite ainsi un decret divin different. Dieu ne change pas, c'est l'homme qui le fait.

D'autres Maitres sont plus reserves sur la possibilite d'obtenir des benefices directs et concrets en donnant de l'argent; Maimonide, par exemple, n'en souffle mot dans la troisieme partie de son Moreh Nevoukhim.
L'importance du commandement n'est pas remise en question, bien evidemment.

Le debat n'est pas tranche, mais quoi qu'il en soit, personne n'est capable de vous promettre une guerison en echange d'une somme d'argent. Meme si cela "marche", il n'y a rien d'automatique. Autrement, il n'y aurait plus de malade ou de pauvre nulle part ...

Pour chaque histoire de miracle que vous trouvez dans les depliants publicitaires de certaines organisations, il y a au moins autant d'histoires tragiques, de personnes se devouant corps et ame a leurs prochains, et qui sont pourtant durement touchees dans leur sante ou leur fortune, eux-memes ou leurs proches. Ces histoires ne sont pas publiees, ne sont pas repandues, de bouche a oreille, par la rumeur populaire ... mais elles representent la realite de la vie de milliers de nos correligionnaires.

Personne, meme parmi les plus grands rabbins et les plus sages, n'est capable de comprendre comment fonctionne la Justice divine. Bien souvent il nous semble que Dieu regarde d'un autre cote, tout simplement. Alors oui, donner de la tsedaka, c'est tres important; et ajouter une petite priere, pour la sante ou la reussite de quelqu'un ne saurait faire de mal.

Mais les promesses et les histoires de miracles ... ce n'est pas de la Torah, c'est du marketing, un truc de business a la limite de l'honnetete...

Steeve Rogers
Mardi 31 juillet 2012 - 23:00

@ 64 718

Toda raba pour votre réponse. je comprends ce que vous dites mais vaad harabanim et koupat hair sont "sponsorisés" par les plus grands rabanim pourtant (rav Kanievsky par exemple).

Emmanuel Bloch
Jeudi 2 août 2012 - 00:48

Chalom,

C'est ce qui est ecrit dans les publicites problematiques. Avez-vous verifie la veracite de l'affirmation? Vous seriez surpris du resultat.

ll y a deux ans environ, r. Matitiahou Salomon, Mashgiah de la prestigieuse yeshiva de Lakewook (Beis Midrash Gevoha), a publiquement qualifie ce type de publicites, qui promettent des delivrances miraculeuses en echange d'un don financier, de "vol" pur et simple. Apparemment, certaines personnes donnaient toute leur fortune dans l'espoir d'un salut qui ne venait jamais...

Apres verification aupres de r. Kanievsky, il est apparu que ce dernier n'a jamais fait aucune "promesse" de miracle, et ne souhaitait que repeter les enseignements de Hazal sur l'importance de donner de la tsedaka (cf. la precedente reponse).

yhbtysey
Mercredi 1 août 2012 - 23:00

Suite a la 64718

Sans vouloir remettre en question l'epineux probleme du "marketing des segoulot" (40 jours sur le
Kever rah'el ou a amouka ou a h'evron etc...) et des promesses de reponse, je voulais quand meme dire, a la faveur des institutions vaad harabanim et koupat hair, que ce sont des institutions qui semblent gerer de facon "honnete" les fonds recus, ce qui n'est pas toujours le cas d'autres institutions moins connues ou certaines sommes peuvent malheureusement disparaitre avant d'atteindre la poche du necessiteux.

Meme si je regrette profondement les sommes demesurées depensées en dépliants miraculeux, bouteilles d'huile "benie" etc, je donne avec beaucoup de confiance a ces institutions.

Elles ne sont pas sous le controle "direct" de rav kanievsky, ni meme indirect d'ailleurs, mais il a rencontré les dirigeants et cautionne leur action charitable, et l'encourage. Il est régulierement consulté par les dirigeants sur les priorité a donner dans l'utilisation des sommes recus en cas de dilemme.

Enfin les publicités "racoleuses" sont financées par des donateurs qui donnent exclusivement a cet effet, l'argent de la tsedaka n'en finance pas la moindre partie.

Ces affirmations sont fondées sur une lettre ecrite par le président du vaad harabanim de france (ou de koupat hair je ne sais plus) au journal "Actualité Juive" suite a un article ou courrier des lecteurs critiquant de façon virulente cet "étalage de segoulot" qui coute cher en marketing.

Je n'attends pas reelement de publication, je me suis permis de vous ecrire par crainte que les gens ne voient pas l'autre coté de ces institutions qui aident de trés nombreuses familles necessiteuses.

Kol touv

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Question envoyée via l'application iPhone

Emmanuel Bloch
Jeudi 2 août 2012 - 20:58

Chalom,

Merci de votre reaction, que je publie avec plaisir. Il n'y a pas la moindre raison de douter du fait que ces institutions aident de nombreux familles dans le besoin, et qu'a ce titre en tout cas elles meritent le soutien financier de nos coreligionnaires; merci de le rappeler, c'est effectivement important.

Ma seule critique concernait la publicite trompeuse faite autour des delivrances miraculeuses que l'on promet si liberalement aux donateurs. En somme, quelque part, il suffirait de donner la valeur numerique du mot "loto", multipliee par 26 ou 18, pour avoir la garantie de toucher le gros lot... Et tout cela, en y associant les noms et le prestiqe de certains des rabbanim les plus connus de notre generation. Comme indique precedemment, cela risque de creer chez certains des comportements excessifs et des attentes irraisonnables, necessairement decues.

C'est une sorte de vente des indulgences, version juive, et ce n'est tout simplement pas une maniere completement honnete de lever des fonds.