Conversation 70332 - L'installation est elle mauvaise dans la tora?

eyrol
Samedi 13 juillet 2013 - 23:00

Chalom,

Il y a un passouk entier dans Houkat ( Bamidbar 22, 31) qui dit que Israel S'INSTALLA. Or, a chaque fois qu il est ecrit ce mot, il y a un probleme car Hachem ne veut pas qu on s'installe trop (voyez Yaakov qui fut puni par la vente de Yossef dans VAYECHEV YAAKOV, ou encore quand Israel s installe a Chittim et ce qui suit, ou encore a l epoque de Chelomo (Pour cette explication de s installer = malheur, c'est dans Sanhédrin 106a)

Pouvez vous m'éclairer?
Merci d'avance

Rav Samuel Elikan
Mercredi 24 juillet 2013 - 01:03

Shalom,

Vous devez certainement parler de Bamidbar 20:1.
Il est vrai que l'avis de Rabbi Yoh'anan (dans TB Sanhédrin 106a que vous indiquez) est que chaque fois qu'il est écrit "vayeshev" dans la Torah suit un malheur. Là, en l'occurrence, dans le même verset, on nous apprend la mort de Myriam et le fait qu'il n'y a plus d'eau, engendrant la dispute, etc.

Une des raisons à cela est que l'homme vient au monde pour agir, pour changer, améliorer, le but à atteindre étant le monde futur. On voit donc le monde comme temporaire. Quiconque "s'installe" avoue voir le monde comme fixe, il veut se poser, indéfiniment. Par conséquent, il est puni. (1)

Mais j'avoue préférer celle du Maharal de Prague (2) qui affirme que l'homme est un être en mouvement. Le fait de s'arrêter, de s'installer, c'est croire qu'on a atteint la plénitude, que nous avons fini de nous mouvoir. Il n'y a de plus grande erreur que cela, dit-il. Toutefois, on n'est pas "puni" pour cela. Mais il est indéniable que le yetzer hara, le satan, peut importe comment on l'appelle, nous rattrape à ce moment là. La raison à cela est simple: nous fixons comme but d'atteindre la plénitude, bien que cela soit impossible, mais cela nous permet d'avancer, de progresser, de s'améliorer. Dès qu'on s'arrête, notre avancée aussi en prend un coup, parce qu'on ne ressent plus le manque de plénitude ressenti dans le mouvement. Et par conséquent, ce "manque" nous rencontre ailleurs et nous rappelle que nous sommes humains et non divins. Je ne sais pas si j'ai réussi à expliquer ses propos clairement, toutefois, je vous invite à y jeter un coup d’œil.

Kol touv

Sources:
(1) Cette explication peut se trouver dans différentes sources, cf. p. ex. le Torat H'ayim et le Yioun Yaakov sur Sanhédrin, ad loc. et encore Rashi sur Bereshit 37:2.
(2) H'idoushei Agadot sur Sanhédrin, id.; cf. aussi Dereh' H'ayim sur Avot chap. 2 et Netivot Olam, Netiv HaLeitzanout, chap. 1.