Conversation 70427 - J'avoue: je suis libre?

eyrol
Mardi 16 juillet 2013 - 23:00

Chalom,

Rachi dit dans Makot 5a que si quelqu un reconnait le meurtre qu il a commis, il est exempt de la peine de mort. Mais comment est il sanctionne? Et puis, c est un peu facile comme échappatoire que d avouer en feignant le repentir pour être sauve de la mort, non?

Je crois que Rachi a la fin de Chemouel 1 dit qu on incinerait les rois d Israël. Mais est ce que c est une loi qui est appliquée spécialement pour les rois et interdite pour les Israélites normaux? Parce que c est interdit d incinerer un juif... on dit que cette coutume ne releve pas des coutumes Emorites. Toutefois, aujourd hui ou les coutumes non juives sont aussi d incinerer, qu en serait il théoriquement, même pour un roi?

Merci beaucoup

Rav Samuel Elikan
Lundi 22 juillet 2013 - 13:11

Shalom,

1- Vous avez raison, c'est la question que posent les rishonim sur l'opinion de Rashi (Tossfot ad loc et sur Zevah'im 71a s.v. al pi ed eh'ad, Ritva, Méiri, etc. ad loc.).
Si vous voulez une explication de l'avis de Rashi, je vous invite à regarder dans le Pnei Yehoshoua et dans le H'eshek Shlomo au nom du Rav Eliahou Regouler qui reprend l'explication de Rabbi Akiva Eiger (dans le Gilyon HaShass) et l'insère (plutôt de force) dans les propos de Rashi, c'est également dans ce sens que vont le Yad HaMeleh' sur hil Gneiva, chap. 3, le Talelei Shana, le Dvash Tamar, le Amtah'at Binyamin et le Mishkan HaEdout, ad loc. Il y a une certaine logique à ne pas tuer seulement selon un aveu (cf. Rambam hil. Sanhédrin 18,36 Radbaz et Yad Peshouta, ad loc.)
Petit bonus: cf. encore Mah'ane H'aim I, 93 que seuls les meurtriers qui viennent se livrer à la justice sont exemptés de peine de mort par leur aveu, alors que s'il s'agit de quelqu'un qui est jugé à une des quatre peines de mort - il ne peut s'exempter par un aveu.

2- Vous devez faire allusion aux versets dans Shmouel I 31,12 qui laissent entendre que le corps de Shaoul et ses fils furent brûlés, ainsi que dans Divrei HaYamim II 16,14 qui dit à propos du Roi Assa qu'un grand feu lui fut fait, tout comme dans Divrei HaYamim II 21,19 où l'on parle du roi Yehoram pour lequel aucun feu ne fut fait à la différence de ses ancêtres. Je n'ai pas vu le commentaire de Rashi auquel vous faites référence, mais il est connu de tous que la loi n'est pas fixée selon le Nah'. Je vous invite à regarder dans le commentaire Da'at Mikra sur le verset dans Shemouel, ainsi que l'article du Prof. Binyamin Mazer, "la coutume d'incinérer les morts", Kedem 2 (Jérusalem, 1945), p. 126-128; cf. encore Encyclopédie biblique (en héb.), VII, s.v. Kever, Kevoura, p. 3-24.
Nos Sages nous enseignent dans la Tossefta (Liebermann Shabat 7, 18 et cf. Tossefta Kipshouta, Shabat, p. 100) que ce feu avait pour but de consumer les vêtements et autres ustensiles du roi, afin que personne d'autre ne puisse en profiter, ainsi que le fixe la halah'a. Par ailleurs brûler le corps d'une personne et a fortiori d'un roi était considéré à cette époque comme humiliant, c'était un pêché, ainsi que le dit le prophète Amos (2:1) à propos d'Edom. Il y a encore d'autres commentaires (cf. Radak sur Shemouel I, ad loc. ; Rambam hil. Melah'im ouMilh'amoteihem 2,1 ; Tossfot Yom-Tov sur Pessah'im, chap. 4, mishna 9).

De plus, nos Sages interdisent cela textuellement (cf. TB Sanhédrin 82a; Shabat 43b-44a (tranché dans la halah'a Sh. Ar. OH 311,1) ; TY Ketouvot chap. 11, hal. 1 et comm. dans resp. Beit Itzh'ak YD II, 155, lettre 3).

C'est également ainsi que la halah'a est fixée: il est interdit d'incinérer un mort.

Plusieurs raisons ont été données à cela:
1- l'annulation du commandement de l'enterrement (cf. resp. Melamed Le'Ohil II, YD 114; Guesher HaH'ayim I, chap. 16, lettre 9).
2- le fait de maltraiter le corps du mort (nivoul hamet - cf. ibid.)
3- l'interdiction de laisser "pourrir" le corps (cf. Devarim 21:23 et resp. Ah'iezer III, 72)
4- l'interdiction d'aller selon les lois païennes (cf. Vayikra 18:3 et resp. Da'at Kohen YD 177)
5- le fait de toucher profondément la foi en la résurrection des morts (cf. ibid.)

cf. encore Encyclopédie Hilh'atique-médicale (Steinberg), t. II, p. 505, note 24a et l'article de Michaël Wygoda, "LiSrefat Goufot Bahalah'a ouBamishpat", articles hebdomadaires sur la parasha de la semaine selon la loi juive no. 250, Emor, 2006.

Kol touv