Conversation 71806 - L'interdit de reprendre son ex-femme

arouas.david
Samedi 28 septembre 2013 - 23:00

Bonjour,

A) Quel est le sens de l'interdit de reprendre son ex-femme qui se serait marié entre temps?
B) Pourquoi la Thora parle du fait que cette femme a été impurifiée alors qu'elle a eu des relations conjugales dans le cadre posé et sain du mariage?
C) Pourquoi le mot Toéva est utilisé pour un tel interdit, alors que l'on ne voit absolument pas le coté immoral de cet acte?

Rav Samuel Elikan
Jeudi 17 octobre 2013 - 02:51

Shalom,
A) C'est un interdit de la Torah (1). Cette femme lui devient interdite (2), tout comme une femme commettant un adultère envers son mari (3). Il y a là un problème à la reprendre car il y a une brisure de la confiance nécessaire à un couple (4).
B) et C) Le Ramban (5) explique que le fait d'y voir de l'impureté, en parler comme "toéva" choque et par conséquent les hommes, ainsi, ne vont pas en venir à divorcer facilement de leur femme: "afin qu'ils n'inter-changent pas leurs femmes entre eux; lui écrive un guèt le soir et le matin la reprenne. C'est la raison pour laquelle il est écrit (dans ce même verset) "tu ne dois pas déshonorer la terre""
Le Mesheh' H'oh'ma, quant à lui (6), écrit que c'est pour éviter que le premier mari, regrettant son divorce vienne à agir afin de séparer son ex-femme de son présent mari.
Quoi qu'il en soit ils comprennent que le problème réside chez l'homme plutôt que chez la femme et ces actions (s'échanger les femmes, en divorçant et se remariant tous les jours ou agir pour "récupérer" son ex-femme) sont "abominables" (to'éva). Il n'y a donc aucun problème à ce que la femme se soit remariée et vive une vie conjugale saine dans son nouveau mariage. Toutefois aux yeux de son ex-mari, cela doit être considéré comme une chose à laquelle il n'est pas lié. Ce n'est plus de son domaine. A ses yeux, pour lui, elle doit être impure, elle n'est plus avec lui, c'est cela que la Torah nous apprend. Le fait qu'elle ait été un jour sa femme ne légitime pas de vivre maintenant, de manière intime, avec elle puisqu'elle s'est remariée - les liens du mariage ne sont pas éternels...
On comprend ainsi mieux l'enseignement de Bar-Kappara (7) expliquant que le terme "to'eva" doit se lire comme "toeh ata bah", tu te trompes à son propos.

Kol touv

Sources:
(1) Devarim 24:4; Rambam, Sefer HaMitzvot, comm. nég. 356; Yirei'm 33; Sefer HaH'inouh' 580.
(2) cf. Haketav vehakabala, ad loc.
(3) Rashi et Rabbenou Bah'ya, ad loc; TB Sotah 11b.
(4) Comparer à Yirmiahou 3:1.
(5) Comm. ad loc.
(6) Id.
(7) TB Nedarim 51a - bien que dit dans un autre contexte, à propos d'un autre verset, on peut le comprendre aussi ainsi ici.