Conversation 7234 - Le 'tu' devient 'il'

Anonyme
Lundi 9 juin 2003 - 23:00

shalom
Dans la berakha "barouh ata Hashem (...) SheAcol nihya Bidvaro", pourquoi utilise-t-on la 3eme personne dans le mot "bidvaro" et non la 2eme personne comme initialement "baroukh ata"??

Rav Elie Kahn z''l
Lundi 23 juin 2003 - 23:00

Expliquons tout d'abord votre question: les benedictions que nous recitons semblent etre entachees d'une erreur grammaticale. En effet, nous nous adressons a D'ieu a la seconde personne, baroukh ata (traduit generalement par Benis sois Tu), puis nous parlons de lui a la troisieme personne, alors que selon les regles de grammaire, la suite de la phrase se devrait d'etre elle-aussi a la seconde personne

Selon le Colbo (1), les Sages qui ont redige les benedictions l'ont fait selon le style biblique et se sont inspire du Psaume 145 (2) dans lequel on s'adresse a D'ieu directement, et dans lequel on parle aussi de D'ieu a la troisieme personne.
D'autres auteurs (3) ont ecrit que cet usage venait marquer a la fois le sentiment que nous avons que D'ieu est tres proche de nous (nous nous adressons a Lui a la seconde personne) mais qu'il est en meme temps tres loin de nous (nous ne pouvons que parler de Lui, mais pas nous adresser a Lui). Nous commencons a la seconde personne, puis apres avoir dit "Melekh haOlam", "Maitre du Monde", nous prenons pour ainsi dire conscience de notre eloignement et passons a la troisieme personne.
Nous pourrions aussi dire que la seconde personne symbolise l'immanence de D'ieu, et la troisieme personne la transcendance.
Notons au passage qu'il arrive dans la meme priere qu'une benediction soit formulee a la troisieme personne, alors qu'une autre le sera a la seconde. Comparez par exemple les deux premieres benedictions du Birkate haMazone, ou les deux benedictions avant Chema de Arvith. La premiere est formulee a la troisieme personne, la seconde a la deuxieme. Quand nous parlons de D'ieu au niveau universel, nous parlons de Lui a la troisieme personne. Quand nous evoquons l'election d';Israel, nous nous adressons a Lui a la seconde personne, ressentant une plus grande proximite, puisqu'Il nous choisis.
Il y a de nombreux autres exemples, ce sera pour une prochaine occasion.

References:
1: Chapitre 1. Toutes ces sources sont citees dans Netiv Bina du Rav Yaacobsohn, tome 1, page 60-62 2: Que nous recitons trois fois par jour.
3: Rabbi David Aboudraham, par exemple, page 33. Ou proche de cela, Choute haRachba 5, 52, Mah'zor Vitry, page 56.