Conversation 72570 - Prieres de la femme

sarah31150
Dimanche 17 novembre 2013 - 23:00

Bonsoir
Est-ce qu'une femme peut faire toutes les prières à la place de l'homme (kiddouch, prière de hanouka) ?

Rav Samuel Elikan
Mercredi 20 novembre 2013 - 08:18

Shalom,

Si aucun homme n'est présent pour dire le kidoush par exemple, il est simple qu'une femme peut s'acquitter elle-même; ainsi en est-il pour les bougies de H'anouka.
De plus, dans ce cas, si le mari est absent et ne peut pas allumer là où il est, la femme pourra allumer et cela acquittera son mari aussi (1).

Pour acquitter les autres (lorsqu'ils sont présents), il faut cependant qu'elle soit astreinte - ainsi de très nombreux décisionnaires permettent aux femmes qui savent dire la/les bénédiction/s de la h'anoukia de la/les réciter (2).
Cependant le Eliah Rabbah et le Mishna Beroura ajoutent qu'il faut que l'homme soit présent au moment de la bénédiction, vraiment à côté, afin de l'entendre et répondre "amen" pour s'en acquitter, sinon il devrai refaire la bénédiction lui-même.

Quant au Kidoush, il existe une grande discussion.

En effet, l'avis de Rava (3) qui est fixé par la halah'a (4) consiste dans le fait que les femmes sont astreintes par la Torah au Kidoush du vendredi soir, bien que ce soit un commandement dépendant du temps (shehazman grama), étant donné que celui-ci est déduit de versets spécifiques.
Par conséquent, elles peuvent acquitter les hommes du kidoush (5).
Ainsi, elles peuvent acquitter un homme malade qui ne peut pas effectuer le kidoush par lui-même (6).

En outre, à la maison, elle peut le faire si c'est dans le cadre familial, mais s'il y a des invités le Mishna Beroura (7), le Shoulh'an Arouh' HaRav (id.), et c'est également l'avis du Kaf HaH'ayim (ad loc.), disent qu'a priori ce n'est pas l'usage, mais a posteriori - ce Kidoush est valable.

Cependant, le BaH' et le Maharshal ne sont pas de cet avis et ils suivent en cela les propos d'un des tossafistes (Rabbi Yehouda) que cite le Sefer Agouda (8) affirmant que les femmes ne peuvent acquitter les hommes du Kidoush (9).
Quoi qu'il en soit, l'Aroh' HaShoulh'an (10) repousse leur propos et tranche qu'il est permis à une femme de faire le kidoush pour d'autres personnes chez elle à la maison (11).

Dans tous les cas, il vaut mieux que ce soit un consensus dans le couple, afin de ne pas créer des problèmes de "shalom bayit"...

Kol touv

Sources:
(1) Sh. Ar. OH 775,3 et MB ad loc. s.k. 9.
(2) Agouda, Bah', Knesset HaGuedola, Levoush, TaZ (OH 775, s.k.4), Maguen Avraham, Pri H'adash, Eliah Rabba, Shoulh'an Gavoah, Mor OuKtzia, le H'ida dans Mah'zik Berah'a, et le MB (id.) ainsi que le Kaf HaH'ayim (Sofer - s.k.19).
(3) TB Berah'ot 20b.
(4) Sh. Ar. OH 271,1 et Rambam, hil. Avodat Koh'avim 12,3.
(5) Sh. Ar. id.
(6) c'est l'avis du Rav Ovadia Yossef dans Leviat H'en, p. 8 ainsi que du Rav Lévi dans Menouh'at Ahava t. I, chap. 7, hal. 4
(7) OH 271, s.k. 4.
(8) Sur Souka, siman 32
(9) Toutefois cet avis est un peu étonnant et invite de nombreuses interrogations, par conséquent pour l'expliquer certains (comme le Sefer HaEshkol) ont fait recours à un autre argument: le fait d'entendre une femme chanter. Je dois avouer ne pas comprendre en quoi c'est lié, d'autant plus que nos Sages nous enseignent qu'il n'y a pas de penchant dans les propos de sainteté (cf. Souka 52b).
On pourrait répondre à ces interrogations en se basant sur les propos du Pri Megadim (intro. à OH III, lettre 7) et du Maguid Ta'alouma (du Rav Tzi Elimeleh' de Dinov sur Berah'ot 20b) qui disent que le commandement de sanctifier le Shabat en le rappelant par des mots, oralement (zah'or) ne peut se réaliser seulement sur un verre de vin, et l'avis de ce tossafiste est que les femmes ne sont astreintes par la Torah qu'au fait de rappeler le Shabat, par des paroles, des mots, et pas de le sanctifier sur un verre - l'ajout du verre étant spécifique aux hommes. Ainsi, elles ne peuvent pas acquitter les hommes.
(10) OH 271, lettre 5.
(11) Puisque si c'est à la maison il n'y a pas de problème de pudeur.