Conversation 72596 - Orgueil ou pas?
j'aimerais savoir, comment définit-on l'orgueil?
Est-ce orgueilleux de demander le respect d'une autre personne? de demander de la reconnaissance? de faire valoir ses droits?
Shalom,
Tout dépend de la manière avec laquelle cela est fait... (1a).
Chacun a besoin d'être respecté et d'avoir une place, être reconnu, accepté, aimé. Toutefois, je pense qu'on ne peut comprendre l'orgueil qu'en tentant de définir son contraire: l'humilité (1b).
L'humilité réside dans le fait de connaître sa place explique Rabbeinou Bahy'ei dans H'ovat HaLevavot.
Toutefois pour être vraie, sincère, cette connaissance de nous-même, de nos forces doit nous mener à la crainte de D'ieu (2).
Le Rav Naftali Zvi Yehouda Berlin ajoute encore (3) que l'humilité se définit comme le fait de ne pas être trop préoccupé, tout en connaissant notre place et notre valeur, par l'honneur qui nous reviendrait.
Le Rabbi de Soh'otchov zatsal (4) écrit que pour arriver à l'humilité et par conséquent ne pas être orgueilleux, il faut beaucoup travailler, à tenter de s'approcher de la vérité. La connaissance de celle-ci que l'on peut aussi traduire comme une sincérité, une authenticité réelle, nous permet de parler de nous-même ou entendre qu'on parle de nous, ne recevant pas la place, la reconnaissance, les droits, qu'on ressent "nécessaires" sans que cela nous importe trop. On parle bien évidemment pas de cas extrêmes où une personne serait maltraitée ou autre. Il dit qu'il est très difficile de comprendre cela et que ce sujet demande une réflexion approfondie.
De manière similaire le H'azon Ish (dans son livre Emouna ouBitah'on) et le Rabbi de Belz (dans son Likoutei Amarim, Moadim) expliquent que l'humilité est une valeur "du cœur": lorsque on est prêt à se replier sur nous-mêmes, tout en connaissant notre place - on est un humble.
Rabbi H'ayim Alter Panet dans son Tapouh'ei H'ayim écrit que l'humilité consiste dans le fait de ne pas vérifier et regarder si on nous donne suffisamment de respect.(5)
En espérant vous avoir aidé.
Kol touv.
Sources:
(1a) Cf. Meromei Sadeh sur Sotah 49b.
(1b) Il est à noter qu'il existe une discussion entre les décisionnaires s'il y a un commandement d'être humble ou le cas échéant de ne pas être orgueilleux - c'est l'avis notamment du Yirei'im (comm. 232) et du Smag (intro. et comm. 64) cf. encore Rabbeinou Yona (Sha'arei Teshouva III, 34) qui propose une autre source à ce commandement. Quant à la différence de l'approche relativement à la source, cf. Alei Yona du Rav Yona Merzbach, p. 195. Le Rambam par contre n'est clairement pas de cet avis. cf. Avodat HaMeleh' sur De'ot 2,3 et Perah' Mateh Aharon du Rav Aharon Soloveitchik, "Mada", p. 66
(2) Divrei Shaoul du Rav Nathanzohn sur Sotah 49b.
(3) HaEmek Davar Bamidbar 12:3.
(4) Resp. Avnei Nezer YD 457.
(5) Cf. encore Mishlei chap. 16; Rambam, hil. Talmud Torah 3,9 et De'ot chap. 2 et encore 8 chapitres (intro. au traité d'Avot); Ramban sur Devarim 17:20; Rabbeinou Bah'yei, Kad HaKemah', Ga'ava; Ramh'al, Messilat Yesharim, surtout chap. 22; Orh'ot Tzadikim, Premier portique, Sha'ar HaGue'ava; Emet veEmouna du rabbi de Kotzk, p. 13, etc.