Conversation 7342 - Qui est 'yehoudi'?

Anonyme
Vendredi 13 juin 2003 - 23:00

bonjour
j'ai lu dans le livre de rabbi yehouda halevi "le kuzari" que "celui qui ne vit pas en israel n'est pas apelé yeoudi""
d'apres vous , peut on vivre en houtz laarets et s'apeler quand meme yedoudi
vivre en israel fait elle partie des 613 mitzvots?

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 18 juin 2003 - 23:00

La question de savoir si habiter en Israel fait partie des 613 mitsvoth est semble-t-il sujette a discussion.
Maimonide ne la compte pas dans les 613 mitsvoth, Nah'manide fait remarques qu'il s'agit la d'un oubli plus que regrettable.
Certains commentateurs de Maimonide expliquent que le fait qu'il n'ait pas compte cette mitsva parmi les 613 ne signifie pas qu'a son sens il n'y a pas la d'obligation toranique, mais qu'il y a des criteres precis selon lesquels une mitsva fait ou ne fait pas partie des 613.
Un d'entre eux, par exemple, est qu'une mitsva qui en comporte d'autres n'est pas comptee parmi les 613.
Ce pourrait etre le cas de la mitsva d'habiter en Israel.
De nos jours aussi, certains decisionnaires mettent plus l'accent sur cette mitsva, d'autres moins.
Vous trouverez surement sur un site sioniste comme le notre de longs et nombreux developpements sur cette mitsva, bonne recherche.
Et pensez que tout ne se mesure pas a l'aune halakhique uniquement, et qu'il est evident que religieusement parlant, il faut venir habiter en Israel.

Anonyme
Mercredi 18 juin 2003 - 23:00

[ suite cheela 7342 ]

"il est evident que religieusement parlant, il faut venir habiter en Israel"

Et pourtant, beaucoup de gens sont extrêment pauvres, la crise économique n'est pas une utopie ; n'y a-t-il pas une mitsva de ne pas s'appauvrir ?

Les malades mentaux qui commettent des attentats sont également légion ; n'y a-t-il pas une mitsva de ne pas mettre sa vie en danger ?

Faire une mitsva à ce prix, est-ce vraiment faire une mitsva ?

Rav Elyakim Simsovic
Vendredi 5 septembre 2003 - 23:00

Chacun doit prendre la responsabilité de ses actes. Si les arguments que vous évoquez sont réels (sauf qu'il ne s'agit pas de malades mentaux mais de doux fanatiques qui vous expliquent calmement et presque sans animosité que pour eux c'est une grande et belle action de vous tuer et de tuer autant de Juifs que possibles, bébés, femmes enceintes et vieillards en premier)

Mais se désolidariser de son peuple, abandonner ses frères face au danger et leur dire débrouillez-vous sans moi, vous appelez ça comment, vous ?

Anonyme
Dimanche 7 septembre 2003 - 23:00

[ suite cheela 7480 ]

>Mais se désolidariser de son peuple, abandonner ses frères face
>au danger et leur dire débrouillez-vous sans moi, vous appelez
>ça comment, vous ?

Nous autres, en 'houts laarets, qui n'avons pas encore eu la chance de rejoindre la terre de nos pères, sachez que l'on prie pour vous, que l'on aide par la tsedaka les (nombreux) raché yechivot, raché collelim, talmidé ‘hakhamim, et même personnes malades qui viennent collecter des fonds qu’ils ne peuvent obtenir en Israël.

Et sachez que nous parlons beaucoup d'Israël dans nos synagogues, que ce soit pour évoquer dans une ambiance de détente les dernières vacances d'untel, ou le coeur serré le dernier attentat.

«Se désolidariser de son peuple» ? «Abandonner ses frères» ? Je ne vois pas. Même pas de loin.

En répondant à ma question, qui était une interrogation sincère et non je ne sais quelle provocation indigne, car moi aussi j'aspire à monter en terre sainte, par une réponse inattendue, peu pédagogique, culpabilisante et vexante, évoquant une réalité qui n'est certainement pas la mienne, vous avez franchi un degré.

Il ne m'appartient pas de dire si vous avez bien fait de le franchir. Par contre, avec tout mon respect, Rav Elyakim, je vous fais savoir que vous m'avez énormément blessé.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 7 septembre 2003 - 23:00

Avant toute autre chose, je vous présente mes excuses puisque je vous ai blessé et vous en demande pardon.

Néanmoins, sur le fond de la question, vous me permettrez, cher Daviiid, je l'espère d'exprimer mon étonnement :

Il peut certes arriver que nous considérions une mitsva comme étant au-dessus de nos forces. Que des conditions particulières la rendent provisoirement impraticable, elle n'en cesse pas moins d'être une mitzva. Dans la question telle qu'elle était posée il y avait deux éléments principaux. Je les reprends :

"beaucoup de gens sont extrêment pauvres, la crise économique n'est pas une utopie ; n'y a-t-il pas une mitsva de ne pas s'appauvrir ?"
Il est vrai que si on n'a aucun moyen de subsistance, venir en Israël pour être à la charge de la société peut constituer un problème. Mais venir renforcer l'économie israélienne par son travail, la société israélienne par sa présence, le moral de la population par son énergie, est-ce là quelque chose qui se mesure en termes de niveau de vie ?

"N'y a-t-il pas une mitsva de ne pas mettre sa vie en danger ?"
Gratuitement et sans raison, bien sûr, sans aucun doute. Mais que dira le soldat qui risque sa vie à chaque instant ? "On part à la guerre", dit Maïmonide, "pour tuer et se faire tuer. C'est pourquoi chacun arrachare de sa pensée et de son cœur sa femme et ses enfants pour ne songer qu'à la bataille". J'ai cité de mémoire, mais c'est la substance. Or nous sommes aujourd'hui dans une bataille de chaque instant. Il n'y a pas de front, il n'y a pas d'arrières et chacun est une cible. Comprenez, cher Daviiid, que je sois quant à moi profondément choqué qu'on puisse me poser la question "Faire une mitsva à ce prix, est-ce vraiment faire une mitsva ?".

Tout l'argent du monde que vous donneriez ne suffirait pas à racheter cela.
Et d'ailleurs, l'argent collecté représente une goutte d'eau par rapport à ce que serait le montant des impôts et du maasser directement versé aux caisses de l'état et des associations caritatives et de Talmud Thora si vous travailliez en Israël.

Vous parlez dans vos synagogues ? Parler ? Et pouvez-vous me dire à quoi ça sert ? Je ne souhaite blesser personne, mais savez-vous ce que représente la charge que nous portons et pourquoi je parle "d'abandonner ses frères" ? Vous venez de lire dans la paracha de la semaine : "tu ne pourras pas te détourner". Croyez-vous vous en acquitter en parlant ?
Lorsque nous ployons sous la charge et nous écroulons parfois, croyez-vous que cela nous ravigore qu'on nous dise : Ah tu sais, j'ai raconté cela aux copains en France. Ils ont été émus aux larmes. Oui, c'est vrai, cela me choque.
Surtout aussi que j'ai les oreilles qui bourdonnent encore de comptes-rendus bien moins tendres d'amis et de ma propre épouse retour de France où elle a sa famille. Comptes-rendus qui expriment la totale TOTALE méconnaissance de notre situation, de l'indifférence parfois et des "mais vous n'avez qu'à leur rendre ces territoires et foutez nous la paix avec vos histoires" et jusqu'à la déclaration récente d'un rabbin du Consistoire plaignant ces pauvres Palestiniens et nous accusant d'être responsables de leur situation. Et vive la solidarité.

Sachant que vous personnellement avez plusieurs fois exprimé le désir de venir nous rejoindre, je ne visais pas dans ma réponse votre personne. Mais je ne pouvais pas laisser passer et je ne peux toujours pas laisser passer ce discours.
Et oui, je parle avec passion parce qu'il ne s'agit pas d'une question académique. D'un problème de salon. Il y va de notre vie et de la survie de notre pays et vous pourriez le dire dans l'autre sens aussi, question d'appréciation.

Je vous réitère mes excuses, mais je vous supplie aussi de bien réfléchir : laquelle de votre blessure ou de la mienne touche plus au fond du cœur de notre peuple ?