Conversation 773 - Comment dissuader de l'incinération?

La question est particulierement douloureuse.
Il me semble prudent de conseiller au prealable de faire intervenir des personnes proches de la famille ,susceptibles d'avoir une influence benefique sur la famille.De maniere generale,''les paroles qui sortent du coeur savent penetrer le coeur '' ,nous enseignent nos maitres ;Et ces sages paroles resonnent d'autant plus dans de si tragiques situations.
Il me semble neanmoins necessaire d'aborder la question sous differents aspects:humain,socio-historique,et bien sur selon la Torah.
Meme sans aborder le domaine de l'eternite de l'ame il me semble possible d'aborder la question de facon personnelle. Bruler represente une negation totale de l existence de l element en question qu il s agisse de documents , d objets , de forets... a plus forte raison quand il s agit du corps d un homme meme si il n est plus anime de vie. De plus , si la finalite reside au fait qu il restera un ustensile plein de cendres expose en plein salon sous pretexte de prolonger une certaine proximite , il me semble judicieux d exposer le fait que meme enterrer sous terre il peut rester malgre tout une proximite non moindre lors des visites au cimetiere .
Dans le domaine socio-historique, comment ne pas evoquer la tragedie encore si recente qu a passe le peuple juif pendant l epoque de la shoa . Le souvenir de la shoa n est pas un monopole rabbinique et il me semble clair qu' un seul regard ou qu' une seule pensee aux crematoriums nazis redonne une juste proportion a un tel acte, synonyme de barbarie. Le peuple juif a ete victime d'autodafe tout au long de son histoire : on a brule ses livres , ses demeures, ses cimetieres , et meme ses membres . Comment peut -on penser prendre de soi-meme une telle initiative ?
Dans la Torah, l'interdit formel de toute manipulation ou deformation du corps est relie directement a la croyance dans l eternite de l ame. En effet la Torah ordonne d enterrer le corps d' un defunt meme quand il s'agit des condamnes a mort par le tribunal rabbinique(c 'est la source de la mitsva de l 'enterrement ) de facon a ne pas porter en derision le corps d un tel condamne .
De son vivant , l'ame d'un homme habitait son corps; au moment de la separation de l'ame de son ecrin il reste a respecter le corps meme si le voila degage de sa saintete reliee a la parcelle divine qu' etait l 'ame elle- meme . L'image de l'enterrement des Sifre Torah brules lors d'un recent pogrome a Marseille peut permettre d'illustrer cette idee. Si pour un parchemin et de l'encre, qui ont ete prives de leur saintete par un tel acte de barbarie, la Torah recommande l'enterrement , a plus forte raison quand il s'agit d'un corps qui etait l 'ecrin de la parcelle divine qui anime chaque juif (quelque soit son niveau de religiosite). Cette image est d'ailleurs employee par nos maitres dans le traite chabbat pour illustrer l'obligation de dechirer son vetement pour toute personne presente lors d'un deces.
En conclusion, il me parait important de prendre en compte l'influence de la pensee occidentale contemporaine ,faisant des ravages dans le peuple juif qui reside encore en diaspora, qui s'infiltre meme dans le domaine du dernier repos q'un juif desire pour l'eternite .
Je tiens a presenter mes sinceres condoleances a la famille . Avraham Dray Bet-El Israel.
Avraham Dray