Conversation 78980 - Persil - grande marque à petit prix ?

lionjack
Mercredi 21 octobre 2015 - 23:00

Bonjour,

Est ce vrai que si on on oublie du persil deja cacherise (ou similaire) sur un comptoir de cuisine toute la nuit on n'a plus le droit de l'utiliser ?
Merci

Rav Samuel Elikan
Dimanche 25 octobre 2015 - 05:13

Shalom,

Non, ce n'est pas vrai.
Vous pouvez l'utiliser.

Explication :
En effet, le Talmud parle de cela (TB Nidda 17a) :
"Rabbi Shimon Bar Yoh'ai enseigne - il existe cinq choses que quiconque fait, cela le "tue" : manger de l'ail pelé, de l'oignon pelé ou un œuf pelé ou des boissons "versées" (mezougin) ayant passée la nuit parce qu'un "mauvais vent" (rouah' ra'a) repose sur ceux-ci".

Ainsi, l'interdit de laisser la nuit n'existe que pour ces trois aliments là (sans compter les boissons découvertes) : ail, oignons, œufs.

L'avis de Rabbenou Tam (1100-1171) dans les Tossafot (TB H'oulin 107b et Yuma 77b) est que ce "mauvais vent" n'existe plus de nos jours et donc il n'y a aucun interdit.

Il semblerait que ce soit également l'avis de Rabbi Eliezer de Worms (1165 - env.1240), dans son livre "HaRokeah'" (comm. 296), car il ramène un usage où les jeunes, après la nuit d'étude de Shavouot mangeaient un œuf pelé ayant passé la nuit ainsi...
Ce même usage est encore rapporté par le Mordeh'i (Shabat, à la fin du chap. Klal Gadol) et c'est ainsi que l'explique le HaGahot Mordeh'i (Shabat, à la fin du chap. HaMotzi Yayin).

Le Rav Shlomo Louria (env. 1510-1573) écrit dans son livre "Yam Shel Shlomo" (H'oulin, chap. 8, §12) : "tout ce qui est dit à propos de ces "vents", ce n'est plus valable de nos jours".

Des propos similaires sont rapportés par le rav Abdallah Avraham Yossef Someh' (1813-1889) dans son Zivh'ei Tzedek (II, §116, 61).

Dans le resp. Yad Méïr (§19), le Rav David Méïr Frish de Berzan, écrit par ailleurs que ce n'est pas pour rien que ni le Rambam, ni le Tour, ni le Rav Yossef Karo dans son Shoulh'an Arouh' n'ont pas ramené cela, car pour eux, de nos jours, il n'y a plus aucun risque et l'on peut donc manger ces derniers sans problème.

Le Maharam ibn H'aviv (1654-1696) ajoute (dans son livre "Tossefet Yom HaKippourim" sur Yuma 37) que de nos jours tout le concept de "rouah' ra'ah" n'a plus aucun sens, il est caduc, et ce, même pour la netilat yadayim (ablutions rituelles), après le réveil, au matin !

Il est à noter que certains cependant fixent cela comme halah'a, du moins à priori et conseillent d'éviter de manger des œufs, oignons et ail pelés ayant passé la nuit :
le Pri H'adash (YD 116, s.k. 9) et après lui le Rav Ovadia Yossef (Yabia Omer I YD §3, lettre 11 - qui a posteriori permet de consommer - cf. Halih'ot 'Olam, VII, Pinh'as, §12), ainsi que le resp. Divrei Yatziv (YD §31 - qui soutient que le fait que le cancer et d'autres maladies soient plus répandus de nos jours est dû à cela (!)... - cf. encore à ce propos Rav Y. Zilberstein, "Touveh'a Yabiou", II, p. 316 et suiv.), le Sh. Ar. HaRav (H'abad - HM 10,7) et d'autres encore (cf. resp. Minha't Itzh'ak II, 68, lettre 13; resp. H'elkat Yaakov I,§111).

Quoi qu'il en soit, même pour ceux qui interdisent, ces derniers (œufs, oignons et ail) mélangés à d'autres aliments (dans une salade par exemple) ou trempés dans du sel ou vinaigre, ne sont pas interdits
(cf. Smak §171; Shevet Moussar, chap. 40; Ben Ish H'ai, II, Pinh'as 14; Kaf HaH'ayim (Sofer) YD 116, s.k. 92).

Cordialement,