Conversation 84444 - La prière et les ciseaux
Chalom et merci pour ce site génial !
Est on quite de la prière si on écoute des versions enregistrées youtube ? (Par exemple un jour ou on est très fatigué ou malade)
À ton le droit de se raser au ciseau ?
Peut on prier en musique par exemple en s'accompagnant au piano ? C moins bien je suppose ? (En semaine pas chabbat bien sur)
Si j'ai bien compris j'ai appris récemment que la prière est une mitzva de la torah car il est dit "tu aimeras ton D. De tout ton coeur" ce qui veut dire en parole donc en priant. Quel rapport entre le coeur et le fait de parler ? De plus si j'ai bien compris le contenu la fréquence et la durée sont de rabbanam. Je trouve ça intéressant car sans vouloir minimiser la prière cela veut dire qu'elle est moins importante que d'autres mitzvots "claires" comme chabbat ou le respect des parents etc... ce que je trouve un peu etonnant.
Voilà j'espère ne pas m'être mal exprimé ou avoir été inconvenant
Merci à vous !
Kol touv
Shalom,
1. Non, on n'est pas acquitté par une telle prière (1).
2. Oui, on peut se raser avec des ciseaux (2).
3. On peut prier en musique (3).
4. Le fait de prier est un devoir du cœur qui s'apprend effectivement du devoir d'aimer Dieu (4). Un des principes de la prière est d'exprimer à Dieu notre amour, notre reconnaissance envers Lui.
5. Le commandement de prier semble être un commandement de la Torah (5), mais ses modalités, c'est à dire quoi dire et quand exactement le dire (de telle heure à telle heure) et de quelle manière - sont d'ordre rabbinique.
Par ailleurs, il faut noter que le fait qu'un commandement soit d'ordre rabbinique ne veut pas dire qu'il soit moins important.
Cordialement,
Notes
(1) cf. resp. Mishpetei Ouziel I, §21 et III, §34 ; resp. Kol Mevasser (Ratheh) II, §25 ; She'arei Halah'a OuMinhag (RMM Shneoursohn - Loubavitch) OH 291 ; resp. Minh'at Shlomo (Auerbach) I, §9 ; resp. Mishneh Halah'ot (Klein IV, §85).
(2) TB Makot 21a, Rashi ad loc. s.v. lo tasheh'it et Sh. Ar. Rema et GrA YD 181,10. cf. aussi resp. H'atam Sofer OH §154 et resp. Noda BiYehouda (Kama) OH §13.
(3) Il existe de nombreux témoignages de prières en musique au fil des générations, cf. Kovetz Beit Aharon veIsraël (Kerlin), 13ème année, revue I, p. 119 et suivantes qui passe en revue un grand nombre de sources sur le sujet. A Shabat et à Yom-Tov c'est cependant interdit de peur à ce qu'on en vienne à réparer les instruments (cf. TB Beitza 17). Cependant certains s'y sont opposés même en semaine (cf. resp. H'atam Sofer V Hashmatot, §192 et VI Likoutim §84 et §86) qui, réagissant au mouvement réformé, soutint que cela ressemblait trop au Temple à Jérusalem et que c'était donc interdit (cf. aussi Sdei H'emed (Medini), t. VII, p. 404, resp. Minh'at Itzh'at V, §97, resp. Betzel HaH'oh'ma II, §85, Mishna Beroura 338, s.k. 10 et Piskei Teshouvot ad loc qui semblent suivre le H'atam Sofer). Cependant de nombreux décisionnaires contemporains et postérieurs au H'atam Sofer s'opposèrent à cet avis et permirent généralement de jouer de la musique dans les synagogues et/ou durant la prière, à condition que cela ne dérange pas le bon déroulement et les intentions (kavvanot) nécessaires à celle-ci. Beaucoup écrivent que l'interdit n'a lieu que durant shabat et les fêtes, cf. Eleh Divrei HaBrit dans ses différentes lettres sur le sujet, p. 5, p. 17, etc. D'autres n'ont interdit que l'orgue - cf. resp. Melamed LeOhil I, §16, resp. Orah' Mishpat OH §36, resp. Iggrot Moshé II, §30, resp. Mateh Levi, §6, etc. L'interdit ne serait donc pas lié à la musique mais juste à l'orgue ressemblant aux églises... c'est également ce qu'écrit le livre Tzror HaH'ayim, chap. 1, Kol HaShir.
(4) TB Ta'anit 2a.
(5) Rambam, hil. Tefila 1,1 qui soutient que c'est en tout temps, c'est à dire au moins et une fois par jour et pour le Ramban le devoir de la Torah n'existe qu'en cas de difficulté, dans des temps difficiles, comme il l'écrit dans ses notes sur le Livre des Commandements, Shoresh 1 et comm. 5.