Conversation 8708 - Le chemin de la Torah est il l'ascese?

Anonyme
Samedi 2 août 2003 - 23:00

Chalom
Que signifie ce verset des Pirké Avot qui décrit le chemin de la Tora : « Tu mangeras du pain et du sel, et tu boiras de l’eau avec parcimonie. Et, tu étudieras la Tora. »
merci

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 9 août 2003 - 23:00

Une petite remarque préalable : alors que "tu mangeras... tu boiras..." est effecivement au futur, "et tu étudies la Thora..." est au présent. Cela a son importance mais déborde le cadre de la question. Je ne le mentionne que parce que dans votre citation, la troisième partie est aussi au futur.
Rachi et Rabbénou Ovadia de Bertinoro (populairement appelé "Bartenoura") expliquent tous deux que la première partie de la Michna doit être comprise comme exprimant une éventualité : même si tu devais être réduit à ne manger que du pain avec du sel et à boire de l'eau dans un "dé à coudre" (1 messoura = 1/36ème de log = 0.549 / 36 = 0.01525 litres), cela n'empêche pas l'effort de Thora. C'est plus que simplement étudier : ouvathora ata ‘amel. 'Amal Thora, l'effort de Thora, le labeur de la Thora, c'est la manière dont on s'investit à chaque instant pour que chaque geste de vie soit un geste de Thora, pour que jamais la Thora ne soit absente de notre activité, de nos pensées, quelle que soit l'occupation (familiale, professionnelle, personnelle...) du moment.
Il s'agit en effet d'une ascèse spirituelle et morale, mais pas a priori d'une ascèse physique. Un autre passage dit à peu près ceci : Le riche qui abandonne la Thora finira par la rechercher pauvre ; le pauvre qui pratique la Thora finira par la pratiquer riche... (cité de mémoire).
Richesse et pauvreté peuvent tout autant l'une que l'autre être des obstacles ou des ferments de fécondité. Tout dépend comment elles nous dominent. Ou comment nous les maîtrisons l'une comme l'autre.

Anonyme
Dimanche 14 décembre 2003 - 23:00

Kvod Harabannim,
Je ne sais pas quoi répondre à une personne, peu pratiquante, qui me dit que les rabannim, a force d'ériger des barrières pour protéger la torah obligent les fidèles à renoncer à tous les plaisirs terrestres. Selon elle, tous les choses amusantes de la vie sont interdits par la halakha et la vie des religieux n'est faite que d'austérité et de privations.
Je sais bien que la Torah permet d'accéder à moult plaisir spirituels bien supérieurs a ces envies materielles, mais c'est difficile à comprendre pour quelqu'un qui y est etranger... J'aimerais bien convaincre cette personne de s'interesser plus à la Torah mais je ne sais comment m'y prendre.
Comment feriez vous ? Que répondriez-vous ? Quels arguments concrets puis-je lui opposer ?

(s'il était possible d'avoir l'avis de plusieurs rabannim je vous en serais infiniment reconnaissant)

Kol touv et 'Hanoucca samea'h à tous

Rav Elie Kahn z''l
Mercredi 17 décembre 2003 - 23:00

Vous avez raison de noter que le critère des plaisirs matériels n'est pas vraiment le plus important.
Il faudrait aussi comprendre à quels plaisirs pense votre ami.
Le judaïsme n'encourage pas le jeûne et la continence, autorise les plaisirs simples et sains.
Il faut changer d'optique.

Anonyme
Mercredi 17 décembre 2003 - 23:00

Kvod harav, permettez moi d'apporter quelques précisions sur la question 11962.
Mon ami veut dire que la halakha interdit d'aller au cinéma, de fumer, de draguer, d'aller en boite, de se saouler, etc.
Bref, soyons honnetes, tout ce qui attire les jeunes de nos jours.
Ce n'est certes pas sain, mais presque tous les goyim le font, et ce ne sont pas tous des voyous pour autant, donc il ne voit pas pourquoi il devrait s'en priver.
Est-ce plus clair ainsi ?
A quoi pensez-vous comme plaisirs "simples et sains" autorisés par la Torah et qui pourraient interesser un jeune comme ça ? (j'ai essayé de l'emmener écouter une dracha d'un grand rav, ce qui est pour moi bien plus passionnant qu'un film mais c'est loin de l'avoir convaincu...)

kol touv

Rav Elie Kahn z''l
Samedi 20 décembre 2003 - 23:00

Il y a lieu d'appliquer dans un cas tel que vous le décrivez la politique du moindre mal.
Vu que ce jeune homme ne semble pas desiné à devenir du jour au lendemain un pilier de Beth Midrach, il y a lieu de lui proposer des loisirs moins nocifs que d'autres.
Aller au café entre amis est préférable à sortir en boîte de nuit. Aller voir certains films est préférable à sortir draguer.
Et si l'interdiction de fumer est ce qui l'empêche de se rapprocher de la Tora, vu que de nombreux rabbins (malheureusement) fument, il y a lieu de fermer les yeux la dessus aussi.
Une petite bière de temps en temps n'est pas interdite, mais pas pour se saoûler.
Les plaisirs simples et sains auxquels je fais allusion sont les sorties familiales, la vie de famille, la bonne chère de manière mesurée pour ceux pour qui c'est nécessaire.
Et personne n'exige de nous la continence sexuelle, pour autant que ce soit dans le cadre du mariage.