Conversation 8934 - Ca va!!! Je rigolais!!

Anonyme
Lundi 18 août 2003 - 23:00

J'aimerais savoir ce qui nous est permis de dire et de faire en matière d'humour car cela touche peut-être les lois sur la pudeur à un moment ou à un autre. Je m'explique : depuis quelque temps je m'aperçois que, quand je ris, quand je plaisante, cela peut être interprété comme de la méchanceté par les autres, et que souvent pour faire une bonne réplique je me laisse aller à quelques libertés de langage. Parfois aussi quand il arrive un"petit" problème aux autres (sans grave conséquence bien sûr) et que cela peut prêter à rire je n'arrive pas à m'en empêcher (et pourtant je n'ai plus 16 ans !). Deux exemples : il y a quelque temps on a donné à une amie à moi, 15 ans de plus que son âge (à cause d'un quiproquo). L'énormité de l'incident m'a fait éclater de rire (j'en riais encore le soir dans mon lit ) de même il y a quelques jours ma mère a été victime d'une allergie et elle a eu une irruption de boutons importante sur le visage. Quand je l'ai vu (et surtout quand j'ai vu son air consterné) j'ai également éclaté de rire, je n'arrivais plus à m'arrêter. Jusqu'à présent je passais outre parce que je me disais que ce n'était pas bien méchant mais à présent, j'ai une prise de conscience et je ne sais plus qu'en penser. J'ai une trés facheuse tendance, je trouve, à rire de ce qui est lié à la moquerie (gentiment) ou à créer le rire lié à la moquerie . Ma question est celle-ci : Y a t-il une forme d'humour qui n'est pas permise (si c'est de l'humour d'ailleurs je n'en suis même plus tout à fait sûre) et tout particulièrement à une femme ? Merci.

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 14 septembre 2003 - 23:00

Il faut savoir distinguer humour et ironie ou moquerie.
Il faut aussi ne pas se laisser aller à la facilité morale ou intellectuelle. Le langage doit souligner la pensée, pas la remplacer et il faut une ascèse parfois pénible à ceux qui justement "ont de la réplique".
L'humour est une soupape de bonne santé psychique et morale. Il aide à ne pas nous prendre trop au sérieux justement dans les situations où on risquerait (presque ?) de fondre en larmes. Il est généralement plein de gentillesse et de compassion et toujours exempt de méchanceté. Et après l'éclat de rire ou le sourire, lorsqu'on y repense, on s'aperçoit aussi qu'il est plein de sagesse.
Cela dit, nous ne maîtrisons pas toujours le grand zygomatique et il est des fou-rires irrépressibles que Bergson, entre autres, a bien analysés. Là, il s'agit d'une réaction involontaire et incontrôlée et comme telle n'engage pas votre responsabilité immédiate. Il n'empêche que vous faites bien de vous interroger sur cette tendance à la moquerie.

Contrairement à l'humour, l'ironie a toujours un côté mordant et méprisant. C'est une arme dangereuse à n'utiliser qu'avec la plus grande modération et une extrême prudence dans les circonstances appropriées seulement, comme toutes les armes.

Dois-je vraiment dire ce qui est hautement recommandé et ce qui est répréhensible et dont il faut, le plus souvent, s'abstenir ?

Je me demande si s'interroger quant à l'existence d'une forme d'humour particulièrement déconseillée aux femmes est de l'humour ou de l'ironie. Ou de la misogynie ? Mais venant d'une femme, ce serait donc du masochisme ? Et si après tout la question était sérieuse ? Si le même mot d'esprit, le même trait, était acceptable venant d'un homme et non d'une femme ? Ou s'adressant plutôt à l'un qu'à l'autre ? Cela signifierait donc que la même conduite, selon les protagonistes et les circonstances, ne pourrait pas être jugée de la même façon. Il y aurait donc un critère qui ne serait pas dans le fait mais dans la relation. Quel nom donner à ce critère mystérieux ? Le respect de soi et le respect d'autrui. Ce n'est peut-être d'ailleurs rien d'autre que le fondement du "Tu aimeras ton prochain".
Et l'humour dans tout ça ? C'est qu'aimer le lointain est facile. Il n'est pas là et ne nous dérange pas. Aimer le prochain, le proche, le voisin de palier ou le casse-pieds de l'étage au-dessus, c'est une autre histoire. Je vous la raconterai un jour...

Anonyme
Dimanche 14 septembre 2003 - 23:00

Ce que je voulais dire, c'est qu'une femme qui fait de l'humour perd ou peut perdre de sa féminité, ne plus être vue comme une femme : elle fait aussi tomber des "barrières" que la pudeur aurait dressées. Elle prend le risque de devenir "plus sympa", et ça c'est une bonne chose, mais aussi "plus abordable", "plus familière". Tandis qu'un homme gagne beaucoup en faisant de l'humour, acquiert une virilité bien à lui , une séduction .
J'ai souvent eu l'impression que bien des hommes pensaient que le seul humour qui sied aux femmes, c'est celui qui consiste à rire de celui des hommes.
Je pensais que peut-être vous alliez me répondre que la femme peut faire de l'humour avec des femmes ou dans sa famille mais pas avec des hommes....que c'était "trop intime" "trop familier"... je ne sous-entendais que ça ...

Rav Elyakim Simsovic
Mardi 16 septembre 2003 - 23:00

Vous me semblez confondre humour et plaisanterie. Ce que vous dites pourrait s'appliquer à la plaisanterie (étymologiquement, ce qu'on fait ou dit pour être plaisant). Mais qu'une pointe d'humour puisse atténuer le sérieux des propos n'a rien de choquant, même de la part d'une femme.