Conversation 90632 - Les Souvenirs

Shalom kvod haRav,
Apres la mort, le corps retourne a la poussiere, l'ame qui est divine retourne a son Createur ה' ישתבך שמו לעד.
Mais ou vont tous nos souvenirs ?
Mille Merci pour votre reponse que j'attends impatiemment .
Bien a vous,
Yael

[Cette question ayant été initialement adressée au Rav Elyakim Simsovic, qui n’y a sans doute pas encore répondu en raison de ses nombreuses sollicitations, je me permets d’y répondre à sa place, avec tout le respect dû, et m’en excuse auprès de lui si cela n’est pas approprié.]
Shalom ouvrakha,
Votre question est profonde et délicate, et touche au cœur même de notre compréhension de l’être humain selon la Torah.
La tradition juive enseigne que l’âme (נשמה) ne se contente pas de retourner à son Créateur comme une étincelle impersonnelle : elle conserve son individualité, sa conscience, sa mémoire, et sa sensibilité spirituelle. Nos souvenirs, nos expériences, nos relations, tout ce que nous avons vécu, sont intégrés à cette conscience élargie de l’âme après la mort.
Le Zohar, les enseignements de nos sages du Moussar (comme le Rav Dessler z"l), et de nombreux maîtres hassidiques affirment que rien de ce que nous avons vécu n’est perdu : au contraire, chaque pensée, chaque parole, chaque acte — et chaque souvenir marquant — est gravé dans l’âme, et s’élève avec elle.
C’est ce qui permet notamment la reconnaissance dans le monde futur : les âmes se reconnaissent entre elles, car la mémoire n’est pas effacée, elle est épurée. D’ailleurs, les sources rapportent qu’au moment du jugement de l’âme (le Din), toute la vie défile devant elle, comme un film — preuve que les souvenirs sont encore bien présents.
Ce que nous appelons « souvenir » ici-bas, une fonction cérébrale, devient après la mort une forme de conscience spirituelle, élargie, lucide, mais toujours fidèle à l'identité profonde de la personne.
Alors oui, nos souvenirs nous accompagnent — purifiés, sans les confusions, les oublis ou les douleurs que le corps peut imposer — pour être intégrés dans la lumière de l’âme qui retourne devant le trône divin.
Bivrakha.