Conversation 90696 - Se couvrir la tete apres un divorce

AP
Mardi 6 mai 2025 - 15:01

Bonjour,

Tout d'abord merci pour ce site riche en connaissances.

j'ai lu plusieurs questions sur le sujet, mais il y a quelque chose que je ne comprends tjrs pas.

une des reponses donnees pour l'obligation de se couvrir la tete meme apres un divorce est qu'il est ecrit qu'une femme, mariee ou non, ne doit pas sortir dehors les cheveux decouverts.

cependant, aujourd'hui personne de celibataire ne se couvre les cheveux. nous avons pris cette obligation comme quelque chose concernant les femmes apres le mariage. pourquoi donc utilise t on cette source pour dire qu'une femme divorcee doit se couvrir la tete?

je sais qu'il existe des koulot, si la femme a du mal a se remarier avec la tete couverte etc, mais je cherche la vraie raison pourquoi cette obligation s'adresse aux femmes divorcees. j'aimerais en connaitre la source.

Merci d'avance pour votre reponse 

Nathaniel Zerbib
Vendredi 23 mai 2025 - 09:23

Merci pour votre question claire et profonde, qui touche à un sujet sensible et souvent mal compris.

 

La source principale de l’obligation pour une femme mariée de se couvrir les cheveux se trouve dans la Guemara Ketoubot 72a, où il est fait mention de « dat yehudit », c’est-à-dire des normes de pudeur propres aux filles d’Israël. Le fait pour une femme mariée d’apparaître tête découverte dans l’espace public y est cité comme un manquement à ces normes.

 

Or, la Guemara ne parle pas explicitement du cas d’une femme divorcée ou veuve. La question que vous posez est donc légitime : si l’origine de l’obligation est le statut de femme mariée, pourquoi devrait-elle continuer à se couvrir après la fin du mariage ?

 

Voici quelques éléments de réponse qui éclairent la pratique :

 

1. L’obligation d’origine rabbinique dépend du changement de statut

Selon certains décisionnaires, l’obligation de se couvrir les cheveux provient du fait d’être mariée : une fois que la femme est mariée, elle entre dans une nouvelle catégorie juridique. Cette catégorie ne disparaît pas nécessairement avec le divorce, selon certains avis. On considère qu’elle a été « révélée » comme femme mariée, et cela crée un changement durable dans sa relation à la tsniout (pudeur).

2. Le Choul’han Aroukh (Even HaEzer 21:2) cite l’obligation pour une femme de se couvrir les cheveux, sans entrer dans les cas particuliers. Des décisionnaires ultérieurs (comme le Ben Ish Hai, Yabia Omer, Tsits Eliezer) ont débattu sur la question de la femme divorcée, certains maintenant l’obligation, d’autres la relâchant dans certains contextes.

3. Le Rav Ovadia Yossef zatsal, dans plusieurs responsa, explique que bien que l’obligation originelle découle du mariage, il est bon que la femme continue à se couvrir la tête après un divorce, notamment si elle a été mariée religieusement. Cependant, il reconnaît aussi que dans les cas où cela cause une difficulté pour se remarier, on peut être plus souple, surtout si elle se trouve dans un environnement où cela serait très inhabituel. 

4. Le Minhag (la coutume) joue un rôle important :

Aujourd’hui, comme vous l’avez justement observé, les femmes célibataires ne se couvrent pas les cheveux, et cela est accepté par l’ensemble des communautés. La distinction se fait donc bien sur le statut marital, et non sur une obligation universelle de tsniout qui concernerait toutes les femmes également.

En résumé :

L’obligation de se couvrir les cheveux découle de l’état de femme mariée. Après un divorce, certains décisionnaires estiment que cette obligation subsiste, car la femme a été révélée au public comme mariée. D’autres permettent plus de souplesse, surtout dans les cas de difficulté à se remarier ou d'intégration sociale. Il ne s'agit donc pas d'une obligation universelle pour toute femme, mais bien d’une conséquence du statut marital, avec des nuances selon les cas et les autorités halakhiques.

Si vous êtes concernée personnellement, il est toujours bon d’en parler avec un rabbin de confiance qui vous connaît, afin de pouvoir trancher selon votre situation concrète.

Bivrakha.