Conversation 90749 - Quel place donner aux souffrances?

anonyme4
Lundi 16 juin 2025 - 00:06

Chalom rav, 

Une amie proche a récemment eu plusieurs malheurs dans sa famille, comme la perte d’une soeur, puis d’un fœtus agé que portait sa mère, et me dit se sentir perdu quant aux raisons de ces malheurs, elle ne sait si elle devrait penser que cela est une punition divine, ou si cela réparer un probleme, ou simplement si cela est dans le système de la nature et peut être pas spécifiquement voulu par D. Elle ne comprend pas pourquoi tout cela lui arrive et ressent une injustice de la part de D. J’aimerais pouvoir l’aider et pouvoir lui apporter des réponses aux questions qui commencent à la perturber. 
Merci beaucoup de votre aide

Nathaniel Zerbib
Jeudi 19 juin 2025 - 19:46

Chalom ouvrakha,

Avant tout, il faut lui témoigner beaucoup d’écoute, de compassion, et éviter de lui répondre avec des certitudes ou des explications trop rigides. 

La tradition juive reconnaît pleinement que face à la souffrance, on ne comprend pas toujours les voies de D., et cela ne fait pas de nous de mauvais croyants. Abraham a osé dire à D. : « Le juge de toute la terre ne ferait-il pas justice ? », Iyov (Job) a traversé une souffrance insensée sans que D. lui donne de réponse claire sur la cause. Même Moché Rabbénou (Moïse) a demandé à comprendre le sens de la souffrance des justes, et il n’a pas reçu de réponse totale.

Il est légitime de se sentir bouleversé, perdu, même révolté. Le Midrash et les grands penseurs juifs reconnaissent que le silence de D. peut faire mal, mais cela ne veut pas dire qu’Il est absent.

Est-ce une punition ? Une réparation ? Un décret sans lien avec ses actes ? La vérité, c’est qu’on ne sait pas. Nos Sages nous ont appris à ne pas présumer connaître les desseins divins. Ramban (sur Iyov) et Rav Dessler, entre autres, expliquent que le mal apparent n’est pas toujours une punition, mais parfois une opportunité d’élévation, parfois une épreuve liée à des réalités cachées qui dépassent notre logique humaine.

L’important n’est pas de savoir « pourquoi cela arrive » mais de se demander : « Que puis-je en faire maintenant ? » Peut-être cela éveillera-t-il chez elle un lien plus profond avec la prière, ou un besoin de soutien spirituel ou psychologique, ou un engagement dans une mitsva particulière. Mais cela doit venir d’elle, à son rythme, pas comme une injonction venue de l’extérieur.

Il ne faut surtout pas lui dire que c’est une punition ou une réparation, mais lui laisser la place de poser ses questions, de souffrir, et de chercher — en la rassurant sur le fait que D. n’attend pas de nous des réponses toutes faites, mais un lien sincère, même douloureux.

Lui suggérer d’en parler avec un rabbin compatissant, ou une femme spirituellement solide et à l’écoute, pourrait être un vrai appui. Et votre présence humaine, bienveillante, est déjà une partie importante de sa guérison.

Que Dieu lui envoie une vraie consolation et des jours lumineux.

Bivrakha.