Conversation 9900 - Le mauvais in, le bon out!

Anonyme
Lundi 15 septembre 2003 - 23:00

j ai entendu k au debu de la cretaion le yetser arah etait dehors et ke le yetser atov etait a l interieur et ke maintenant c etait l inverse
est ce vrai?
et comment cela s explike t il?
et toda raba pour ce site!

Rav Elyakim Simsovic
Dimanche 21 décembre 2003 - 23:00

Et vous avez entendu ça où ? Et c'est supposé vouloir dire quoi ?

Anonyme
Lundi 22 décembre 2003 - 23:00

[Suite à la question 9900]
Shalom rav simsovik,
Rav Dessler dit sur sa dracha sur berechit qu'au "commencement" le mal était à l'exterieur de l'homme (Nah'ach) et le bien à l'intérieur. Et qu'aprés la faute, le mal (yester harâ) est "entré" en nous. A tel point écrit-il que quand, à notre époque une petite voix intérieur nous parle c'est de la manière suivante:
-Quand c'est le yetser harâ, on utilise le pronom "je": "C'est bon, c'est pas grave si JE ne prie pas avec le miniane aujourd'hui..."
-Alors que laêfer pour le bien, on utilise souvent le pronom "tu": "Allons TU devrais faire telle ou telle mitsva quand même!"
Fasse Haquadoch Barouh' hou, nous faire discerner qui est notre vrai "JE".
Merci encore et encore pour votre site (mon objectif est de lire toutes vos réponses et je n'en suis plus trés loin!)

Rav Elyakim Simsovic
Samedi 8 mai 2004 - 23:00

Je voudrais tenter d'apporter une précision concernant cet enseignement qui tel quel est extrêmement difficile à accepter, moralement et logiquement.
Il faut poser d'abord les données du problème.
Adam Harichone, l'homme, reçoit un commandement. S'il n'a pas conscience du bien et du mal, la notion même d'obéissance ou de désobéissance ne peut avoir aucun sens pour lui. Et s'il est incapable de désirer - ce qui est le seul vrai moteur du yetser hara - il ne peut pas non plus être tenté, ou séduit. Et encore moins sanctionné.
C'est en fait le cas des enfants avant la bar-mitsva de ne pas être soumis aux commandements et ensuite il existe encore un "délai de grâce" avant que les sanctions ne s'appliquent en toute sévérité.
Rachi (Genèse 2:7) nous a déjà dit que la création de l'homme comporte deux dimensions, une pour ce monde (pour assurver la vie dans ce monde = yetser hara) et une pour la résurrection des morts (pour conduire au monde qui vient = yetser tov). Ces deux dimensions sont constitutives de l'identité humaine et non surajoutées à elle "après coup".

Que signifie donc d'après cette prémisse l'enseignement du rav Dessler, lui-même basé en fait sur le commentaire de Rachi sur Genèse 2:25 (qui semble contredire ce que je dis et aussi et surtout ce que Rachi lui-même a dit sur 2:7).
Notre relation au bien et au mal comporte une dimension intellectuelle et une dimension existentielle. Nous avons en quelque sorte une conscience aigue que ceci est bien et ceci est mal, mais dans un cas cette conscience est comme "théorique" et dans l'autre "immédiate", "naturelle" (il faudrait nuancer tous ces termes). Nous n'avons besoin d'aucun enseignement pour vouloir satisfaire nos besoins et nos envies, alors qu'il faut une éducation pour ne pas être une brute.
Mais si la tendance au bien n'était pas elle aussi une dimension de notre être, cette éducation serait tout au plus un dressage.
La dimension intellectuelle, théorique, nous est a priori "extérieure" alors que la dimension existentielle nous est a priori "intérieure".
Ce que le rav Dessler explique, me semble-t-il, c'est qu'avant la faute, l'homme savait intellectuellement que le mal existe et en quoi il consiste, mais n'en avait pas l'expérience. Alors qu'il avait l'expérience immédiate du bien dont il était directement bénéficiaire - parce que conscient d'être créature.
Après la faute, ces deux dimensions se sont inversées : l'expérience du mal est devenue immédiate et la connaissance du bien est devenue théorique.

C'est aussi ainsi qu'on peut concilier Rachi avec lui-même dans les deux commentaires qu'il donne sur les versets 7 et 25 du chapitre 2.