Conversation 20967 - Theocratie et judaisme

toune
Samedi 18 décembre 2004 - 23:00

Kvod arav,

Comment envisager un pays democratique (ou n'importe quel autre systeme) dont les lois gerant la societee seraient base sur la alaha?
L'assemblee devraient elle etre compose de rabanim exclusivement?
Comment un chef d'etat (ou meme un roi a l'epoque des rois) peut il prendre une descision sans s'en referer a une autoritee religieuse?
je sais que le pouvoir executif et religieux sont separes dans notre religion, mais je n'arrive pas a concevoir comment.
Aujourd'hui ou beaucoup de deputes adoptent la descision du rav qui guident leur parti, pour nous les 'religieux', une theocratie n'est elle pas finallement la solution?

Rav Elyakim Simsovic
Jeudi 23 décembre 2004 - 23:00

Je ne comprends pas très bien en quoi consiste le problème.
Une ou deux précisions de vocabulaire, d'abord. Ce n'est pas le pouvoir exécutif et le pouvoir religieux qui sont séparés, c'est le pouvoir cultuel représenté par les cohanim et le pouvoir exécutif - roi, ou gouvernement...
Une théocratie est un système politique où les prêtres ont le pouvoir exécutif et cela est totalement proscrit par la Thora.
Par ailleurs, qu'est-ce que la halakha ? En simplifiant, disons que c'est le système juridique hébraïque. De même que dans nos démocraties modernes il y a un code civil et un code pénal, un code du commerce et un code matrimonial etc. de même en est-il en droit hébraïque. Cela ne constitue en rien un code "religieux". Il est vrai que ce code comporte aussi des prescriptions de catactère religieux réglementant en particulier la vie privée, mais précisément cela concerne la vie privée et la Thora ne prévoit pas de police et d'inquisition à ce sujet.
Par contre il y a un certain nombre de dispositions qui concernent la vie publique. Mais par exemple, de même que les codes "démocratiques" ne prévoient pas de sanctions particulières concernant le comportement privé des personnes dans des lieux privés, ils sanctionnent de tels comportements lorsqu'ils ont lieu en public. Ce n'est donc pas du tout le principe ou la nature du code qui sont en cause. A la rigueur pourrait-on dire que ce serait le détail du contenu. Cela ne fait pas encore une théocratie puisque de toute façon ce seraient les tribunaux qui auraient à statuer et non les prêtres (je rappelle à ce sujet que les rabbins ne sont pas des prêtres, n'en déplaise à Napoléon, mais plutôt des dayanim, c'est-à-dire des juristes.
Concernant la gestion des affaires publiques, le "roi" n'a pas à interroger une autorité religieuse à chaque fois qu'il veut prendre une décision. Mais de même que par exemple en France, le conseil constitutionnel peut être saisi concernant une loi ou un décret jugés non conformes à la constitution, de même en est-il en droit hébraïque.
En bref, tout cela est un faux problème.
Le vrai problème est le suivant : pourquoi les Juifs devraient-ils être soumis aux drois romain, britannique ou ottoman alors qu'ils disposent de leur propre droit qui ne le cède en rien à ceux-ci et qui même leur est largement supérieur dans bien des cas, sinon dans tous les cas.