Conversation 28609 - Limites de la fonction rabbinique

tsafnat
Samedi 28 janvier 2006 - 23:00

Voila 2 semaines que je connais une fille a qui je trouve aucun defaut qui puisse "gener" a l'avenir et dont la compagnie est est tres agreable. Ce qui me est ambigu est que je crains de m'attacher a elle et le fait meme d'y penser me plonge dans un etat depressif que j'ai rarement connu auparavant .
Je fais part de ces propos a mon Rav qui , indecis au debut , m'a conseille de faire des efforts et de la rencontrer encore une fois ou deux .. .Ceci etant je fixe une rencontre pour quelques jours apres.Le lendemain , mon Rav m'interpelle et me dit qu'ayant consulte un Rav specialiste en la matiere et possedant un "don" qui lui permet de determiner le caractere d'une personne a premiere vue ainsi que la convenance mutuelle d'un couple, il me conseille de couper court le contact avec cette fille .
J'ai quelques questions a poser sur ce sujet:
1 - Faut-il croire a ce genre de Rav qui affirme posseder un don ? Le fait d'y croire ne prive pas la personne concernee de son libre arbitre et de ce fait le rend passif de son destin ? Ou bien y croire puisque deja a l'epoque , tout le monde faisait appel a des prophetes pour des details banals de la vie (cf. Shaoul) ?
2 - Et de facon plus generale , l'autorite d'un Rav (je parle la de mon Rav personnel) doit-elle se limiter au cadre de la halakha et de la didactique talmudique ou peut etre concerne tous les autres domaines sentimentaux , psychologiques quand on sait qu'aujourd'hui il existe toutes sortes de profession qui traitent de cela .(Je sais que j'aurai pu poser ces questions a mon Rav mais j'ai besoin d'autres avis qui pourront eter plus objectifs)
Qu'est ce que le Da'at Torah ? Fait-elle le poids face a d'autres de'ot majoritaires qui semblent mieux refleter la realite ?

S'il vous plait , donnez moi votre avis sur la question sinon sur mon probleme personnel .
Bravo pour ce site.

Rav Elie Kahn z''l
Vendredi 3 février 2006 - 14:59

Chalom,

1. Croire ou ne pas croire est une question très personnelle. Je ne prête personnellement pas foi aux conseils donnés pas les rabbins mystiques ou miraculeux.
Il m'arrive de demander l'avis d'un rabbin pour des questions qui ne sont pas strictement halakhiques, mais je le fais rarement. C'est peut-être plus une question de caractère qu'une question philosophique.
Le rôle des prophètes, ainsi que vous l'indiquez était légèrement différent, mais il y a une grande différence entre prophètes et rabbins. Les prophètes ne se prononcent pas sur des questions de Halakha (pas du tout selon le Rambam, peu selon d'autres auteurs), et les rabbins ne se prononcent que sur des sujets qu'ils ont étudiés (pas uniquement de la Halakha). Mais ils ne sont pas inspirés, et ne peuvent prédire l'avenir.
Mais le fait d'y croire ne porte pas atteinte au libre arbitre puisque vous pouvez à chaque moment décider d'agir selon votre propre décision. Mais cela peut effectivement rendre passif, ou plutôt déresponsabiliser. On peut s'en remettre à quelqu'un d'autre, qui prendra la responsabilité pour nous. C'est à mas yeux une attitude qui fait preuve de manque de maturité.
2. Vous aurez pu vous rendre compte que je conseille très couramment à nos cheelanautes de consulter un psychologue plutôt que de nous poser leurs questions. Certains ressentent cela comme une insulte et j'ai récemment reçu d'une personne à qui j'avais conseillé de consulter, un mail injurieux (qui n'a fait que me renforcer dans mon idée que ce monsieur avait des problèmes psychologiques qui demandaient à être traités).
Dans le passé, les connaissances étaient moins poussées dans tous les domaines et les esprits plus universels. Les rabbins, intellectuels ouverts au monde environnant n'étaient pas moins équipés que d'autres pour répondre à un vaste éventail de questions.
La situation a changé, et nous gagnerions tous à ce que les rabbins se cantonnent dans leurs vastes domaines d'investigation, et laissent le champ de la psychologie aux spécialistes.
Même concernant les questions de politique, il faut arriver à la conclusion que les rabbanim n'ont pas plus d'outils en main que le commun des mortels.
Ce qui ne doit pas les empêcher de s'exprimer, mais ce qui nous permet aussi de ne pas prêter plus de foi à leur opinion qu'à une autre.