Conversation 35769 - Le probleme des 'agounot'

rondoudou
Mercredi 21 mars 2007 - 23:00

Chers Rabbanims,

Je vous écrit aujourd’hui pour traiter d’un des problème les plus brûlants que notre communauté connaît depuis des millénaires : le problème des femmes agounoth.
Je ne veux surtout pas critiquer notre sainte Torah (Has véchalom), mais je voudrais aujourd’hui comprendre les mécanismes qui font qu’aujourd’hui, aucune solution valable n’a été trouvé par nos dayanim afin de résoudre cet épineux problème qui fait souffrir des milliers de femmes juives à travers le monde.
Je ne suis pas un expert en matière de talmud, mais j’ai quand même quelques connaissances, bien que limités, mais qui soulève en moi des interrogations profondes.
Lors d’un divorce, le fait que le mari doit remettre le guet à sa femme vient directement de la Torah écrite. Puis vient la Michna et le Talmud qui viennent statuer des modalités de la remise de ce guet.
A première vue, les choses paraissent bien simples et tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Mais la réalité d’aujourd’hui en est tout autre.
Des milliers de femmes juives se trouvent dans des situations de désarroi devant des maris récalcitrants qui refusent de donner cet acte de divorce à leur épouse.
Aujourd’hui, aucune solution halahique n’a été trouvé afin qu’un beth din se substitue au mari et puisse remettre le guet de son propre chef afin de libérer ces milliers de femmes enchaînées.
Pourtant, sur de nombreux points de la Torah tout a fait différents, les dayanim ont trouvé des parades afin de contourner la halaha et permettre des choses interdites explicitement par la Torah.
Je parle ici du Cohen, à qui il est interdit de rentrer dans un cimetière.
La Torah indique clairement, qu’un Cohen n’a pas le droit de pénétrer dans un cimetière.
Nous voyons aujourd’hui à New York, des juifs orthodoxes Cohanim, aller visiter le tombeau du Rabbi de Loubavitch (z ‘l).
L’astuce halahique a été trouvée : ils rentrent entourés de personnes qui se tiennent la main, le Cohen n’étant plus dans le cimetière mais dans un autre « réchout » délimité par les personnes l’entourant.
Je ne viens pas ici critiquer cette façon de faire, mais je viens dire ici que des rabanims se sont creusés la tête afin de contourner une interdiction claire de la Torah et trouver un moyen de faire entrer un Cohen dans un cimetière.
La qualité d’un dayan reconnu est de réussir à permettre une chose qui à priori l’interdiction semble immuable, afin de faciliter la vie du peuple juif dans sa pratique du judaïsme, tout en restant dans un cadre halahique indiscutable.
Autre exemple, le fait de porter le Chabbath, les dayanim ont également trouvé l’astuce qui consiste d’accrocher ses clefs à une ceinture afin de pouvoir les transporter dans le domaine public.
Cette solution a été trouvée car tout juif qui observe le Chabbath et doit se rendre à la synagogue avec sa famille, devra rentrer chez lui et ouvrir sa porte.
Imaginez vous simplement les plaintes si ce point n’aurait jamais été traité, et que l’autorisation de porter ces clefs de cette manière n’aurait pas été décidé.
Beaucoup d’autres points explicitement interdits par la Torah ont pu trouver un compromis halahique afin de ne pas rendre la vie des gens impossible : Les rabanims ont même trouvé un moyen pour qu’un juif puisse prendre l’ascenseur pendant Chabbath.
Ces progrès en tous ces points sont bénéfiques.
Mais il y a une partie de notre communauté qui n’ont jamais bénéficié de ces astuces halahiques : les femmes agounoth.
Imaginez une seconde que la situation aurait été inversée : ce serait la femme qui doit libérer le mari en lui remettant l’acte de divorce religieux.
Aucune personne de bonne foi n’osera dire qu’aucune astuce halahique n’aurait été trouvée pour permettre à l’homme de se libérer de sa femme par d’autres moyens.
De plus, une femme agouna ne peut pas avoir d’enfants sous peine d’être des enfants issus d’une relation adultère et donc considérés comme mamzérim.
Vous imaginez le nombre de descendances qui n’ont pas vu le jour juste parce qu’un mari n’a pas voulu donner le guet à sa femme ?
Qu’est-ce sinon considérer ce mari comme une sorte de meurtrier du peuple juif.
Peut-être même que ces maris privent le peuple juif tout entier de la future naissance de Tsadikim dont nous avons tellement besoin aujourd’hui.
Le peuple juif n’a-t-il pas vécu des années d’esclavage pour rendre encore aujourd’hui les femmes esclaves de situations intolérables ?
On ne peut plus aujourd’hui ignorer ces femmes dont certaines se battent depuis des dizaines d’années et qui n’ont pas pu avoir ni enfants ni petits enfants.
Qu’attend les tribunaux rabinniques pour enfin se pencher une bonne fois pour toute sur ce problème : que des femmes agounoth entament des grèves de la faim enchaînés au pied de ces mêmes tribunaux au risque de mettre leur vie en danger ?
En ignorant ces femmes, chaque génération porte sa faute de ne pas avoir fait progresser d’une manière claire le statut de ces femmes.
Certes, des pressions efficaces apparaissent en terre sainte, mais la plupart du peuple juif vit dans des pays où le religieux et le civil sont séparés et l’état n’interfère pas dans les affaires de culte.
De plus, ce n’est pas à la société civile de régler ce problème, ce n’est pas dans les tribunaux goyim que ces affaires doivent se traiter.
C’est un problème religieux et exclusivement religieux.
Qu’attendons nous aujourd’hui pour faire de ce problème une priorité absolue ?
Merci d’avoir lu cette lettre si longue et je vous souhaite une bonne continuation pour votre site qui nous apporte beaucoup de réponses à nos questions.
Kol Tov.

Dr Michael Ben Admon
Mardi 27 mars 2007 - 02:23

Shalom,

Ce probleme est un vrai probleme et vous n'etes pas sans savoir le nombre de recherche, de tentatives et d'instituts qui s'occupent de cette cause.
J'ai assiste recemment a un mariage ou les jeunes maries ont demande a signer sous la Houpa a un accord premarital qui stipule qu'en cas de litige ou meme volonte de divorce, les choses se feront sans reticence des deux parties.