Conversation 36233 - Pourquoi l'anthropomorphisme?

sharone-f
Lundi 23 avril 2007 - 23:00

Shalom,
Mon frère m'a forcé à lui poser une question le soir du seder, et la seule qui m'est venue est restée sans réponse :
Le deuxième commandement interdit toute représentation divine. Mais pourquoi utilise-t-on une terminologie anthropomorphe en disant par exemple "d'un bras étendu" ou "d'une main" ? Cela ne pousserais-t-il pas l'homme à s'imaginer Dieu comme un autre homme? De la même manière il est dit "Et D. Créa l'homme à son image"...alors comment expliquer ce passage de la hagada ?

Merci pour ce que vous faîte, c'est irremplacable...
Kol Tov

Raoul Spiber
Jeudi 31 mai 2007 - 15:51

Il a bien fait (votre frère) ! Vous posez ici un vrai problème.
Combien ont été subjugués par ces paraboles ?
Combien se représente Hachem comme un Homme plus grand ayant des dimensions exceptionnelles?

D’après Maimonide celui qui croit en un D. ayant une forme ou une image est idolâtre, même si cette idée de D. naquit de sa lecture du Tanah’.
Le RAVAD (Rabbi Avraham de Posquières) est bien entendu d’accord avec Maimonide sur le fait que cette conception de D. est erronée mais il conteste la dureté de ce jugement. Il invoque les circonstances atténuantes pour les croyants qui lisent le TANAH’ de manière trop « littéraliste » .

Cela renforce votre question, de la même façon qu’on nous interdit de créer des images physiques de D. il devrait être interdit de fabriquer des images littéraires de D., cela nous rapproche aussi de l’idolâtrie.

On répond en général que les anthropomorphismes bibliques ont pour fonction de toucher les lecteurs, de rendre le récit biblique plus proche de nous.
Le problème de cette réponse c’est qu’elle pourrait s’appliquer aussi bien aux représentations picturales et aux sculptures, qui sont pourtant interdites par la Torah.
Pourquoi y a t’il une différence entre les images évoquées par des mots et celles qui sont dessinées peintes ou sculptées ?
Répondons en posant une autre question :
Quelle différence y a t-il entre un livre et un film ?
Le livre suggère, le film impose. La parabole verbale invite à l’interprétation, la sculpture, la peinture fixe une réalité.
Ce qui est en jeu dans votre question , c’est la place de l’étude qui nous permet d’échapper à une représentation idolatre de D.