Conversation 43295 - Bar Mitsva dans une synagogue libérale

KRO
Mardi 5 août 2008 - 23:00

Bonjour,
Tout d'abord merci pour ce site tres util...Petite question est-il permis ou assour d'assister a une bar ou bat mitsva d'un enfant (dont les 2 parents sont juifs) dans une synagogue liberale?

Merci

Dr Michael Ben Admon
Lundi 1 septembre 2008 - 08:01

Shalom,

Il n'y a pas a proprement parler de permission ou d'interdiction en termes halakhiques d'assister a une telle ceremonie. Certains responsa posent la question de savoir si ce sont des lieux interdits mais ils relevent plus de la polemique que de l'analyse halakhique. Cette decision depend de votre contexte familial, de votre relation a ces personnes, amis ou famille, de la facon dont vous concevez vous-meme cette visite (agreer le Judaisme liberal ou non); quel message faites-vous passer a votre entourage par cette visite (ou pensez-vous passer)...Elle ne depend donc que de vous.

Ce que j'ecris n'engage que moi-meme, comme toutes les reponses sur ce site, et en aucun cas les autres repondeurs, qui peuvent ne pas etre d'accord.
Je trouve que cette guerre entre les differents mouvements du Judaisme est un peu depassee. Le but de tous est de lutter contre l'assimilation, pour la transmission et l'identite juive. Cette donnee ne signifie aucunement resignation ou relativisme. Je reste ancre dans l'orthopraxie halakhique, et en ce sens me situe aux antipodes du mouvement liberal, proche sur certains points du monde conservatif et tres loin sur d'autres. Je ne me sent pas menace par aucun de ces mouvements dans mon identite juive et suis meme pret a apprendre d'eux et a collaborer sur certains projets (qui toucheront beaucoup plus le culturel juif ou la justice sociale que le cultuel), J'accepte le dialogue avec mes freres juifs quels qu'ils soient, juifs haredi, sionistes, laics, liberaux, conservatifs, modern orthodox, reconstructionistes et tous ce que l'on peut trouver en matiere d'identite juive. Je me tourne vers tout juif sans lui verifier les tzitzits' . Cela n'enleve en rien mon attachement profond a la halakha et ma facon a moi de vivre ma Judaite.

Dans le cadre de cette reponse, je ne peux pas m'etendre sur cette question en profondeur, mais il existe au moins 3 modeles de tolerance dans les sources classiques du judaisme (Maharal Hazon Ish et Rav Kook, Rabbi Tsadok hacohen et hassidout surtout habbad etc..). sur lesquelles je peux trouver assise.
En dehors de cela, un des principes positifs de la modernite est le respect de l'autonomie humaine et des choix de la personne. Je respecte toute personne dans ses choix de vie, qu'ils me plaisent ou non.
Ces parents, tous deux juifs, decident de celebrer la bar- ou bat mitsva de leur enfant dans une synagogue liberale. c'est le choix qu'ils ont fait, par ideologie ou par aisance, peu m'importe; c'est ainsi qu'ils concoivent leur identite juive et c'est celle-ci qu'ils veulent inculquer a leur enfant. Ils restent mes freres, plus que toute autre personne sur terre, et si en me rendant la-bas je contribue a renforcer cette fraternite, alors y aller est positif. Les details importent peu: assister a tout l'office ou non, arriver pour le brunch ou je ne sais quand, tout cela se travaille selon les criteres et visions de chacun, de sa famille et communaute.

On peut me retorquer que j'incite les bons juifs a aller glaner du cote liberal et autres en pronant une telle ouverture: a cela je dirais que tout celui qui se sent menace par d'autres discours renforce ses propres convictions et ne cherche pas dehors. On trouvera toujours des motifs pour permettre ('aller precher la -bas la bonne parole et les ramener au bercail' ou autre argument paternaliste) ou pour interdire. Je souhaitais dans ma reponse appuyer sur la fraternite, sur le commun et non sur les differences qui, vues de l'exterieur, sont mineures.

Et maintenant, les reactions...

colombe75
Samedi 23 août 2008 - 23:00

suite à la question 43295

Dr Michael Ben Admon, je vous félicite de votre réponse qui m'a beaucoup plus. je suis d'accord avec ce que vous dites,
je vais donner un exemple, je chomeret shabbat, assez pratiquante, j'ai moi meme beaucoup d'amis et qui ne sont pas chomrim shabbat mais la porte est ouverte chez moi le soir du shabbat ou le midi du shabbat et ils viennent de temps en temps chez moi en venant en voiture ou métro mais jamais je ne les juge, pour moi l'essentiel est qu'ils soient au moins à table pour écouter le kiddouch
J'ai toujours pensé et dit que ce n'est pas en les critiquant sur ce qu'ils font ou ne font pas que ca les feraient venir revenir à la Torah. je les respecte et ils me respectent. on discute parle beaucoup du judaisme, de la torah et croyez moi qu'ils sont plus juifs que jamais . Maintenant certains sont devenus pratiquants et je suis très heureuse pour eux, il faut penser à la fraternité, aux traditions pour ne pas s'assimiler aux autres ...
Juif religieux haredi, orthodoxe, laic, sionniste .. soyez solidaires entre vous ... oubliez les barrières, apprenez à écouter les autres, à leurs besoins.

 

Dr Michael Ben Admon
Lundi 1 septembre 2008 - 08:03

Shalom,

Merci.
J'ai une fois entendu le rav Botshko dire que le peuple juif a decidement un grand sens de l'humour, car au dela de toutes les divergences entre les communautes, il prone tout haut et depuis toujours, l'unite.
Peut-etre y-a-t-il aussi quelque chose a faire.

Bondy007
Lundi 25 août 2008 - 23:00

Réaction à 43516

Je suis très heureux de lire ces lignes. Appartenant à un courant non-orthodoxe du judaïsme, je me définis comme juif (et être humain...) avant toute autre considération. Je peux témoigner qu'hélàs, le lachon hara contre les courants non-orthodoxes est assez courant : j'ai eu droit à "vous n'êtes pas des Juifs", "vous faites des mariages mixtes", "vous convertissez n'importe qui", "votre rabbin n'en est pas un", toutes choses fausses évidemment (et même si elles étaient vraies, le lachon hara est interdit même si c'est vrai). Ma fiancée (dont je précise qu'elle est juive selon les normes orthodoxes) n'a pas pu aller au mikvé car elle a eu le malheur de dire la vérité dans l'interview "style Gestapo" qu'elle a subi au téléphone avec la chargée du mikvé (je suis désolé si cette comparaison choque, ma fiancée a de la famille qui a péri dans la Shoah, mon grand-père s'est fait tabasser par la Gestapo, mais c'est un fils de victimes de la Shoah qui, entendant cette histoire dingue, m'a dit : "ils utilisent les mêmes armes que nos ennemis il y a 60 ans"), résultat maintenant elle ne veut plus en entendre parler tellement ça l'a dégoûtée. Voilà comment on dégoûte quelqu'un qui n'est pas pratiquant, et qui veut revenir à la Torah... Sans même parler des prosélytes non-orthodoxes qui s'entendent dire (y compris sur ce site...) qu'ils sont "des goys à 100 %", qu'ils n'ont que sept mitsvot à respecter, etc etc... J'espère donc vivement que de nombreux orthodoxes sauront entendre votre appel !
 

Dr Michael Ben Admon
Lundi 1 septembre 2008 - 08:03

Shalom,

Merci de votre reaction, qui me permettra de rajouter quelques lignes.
le lashon hara, le mepris certaines fois, est en effet 'monnaie courante' dans le rapport du monde orthodoxe au monde non-orthodoxe. C'est face a ce rapport que je m'insurge. On peut ne pas etre d'accord, il peut etre egalement legitime de ne pas reconnaitre certaines conversions (chacun a ses liberaux et ses orthodoxes avec ses propres limites et criterse de Judaicite). C'est une question ouverte au debat, on peut en discuter ouvertement, exposer clairement les arguments en presence, etc...
Le probleme provient du fait que le discours n'est pas ouvert et il existe un probleme de definition (qu'est ce que signifie le mot 'juil, le mot 'rabbin; etc...).
Je tiens a noter que le mepris est souvent reciproque et il arrive d'entendre des propos deplaces egalement envers le public orthodoxe (fermeture d'esprit, primitif, obscurantiste, contre la modernite etc...). C'est pour retablire un respect mutuel que ke prone le dialogue.
sachons nous respecter dans nos differences et grace a nos differences.

ELIEDECRETEIL
Mardi 26 août 2008 - 23:00

CHALOM sui43te a la question 43540 si toutefois il serait permis d'entrer dans ce lieu je ne pense pas que ce soit sans risques comme certains rites ressemblent au notre on peut etre tente de repondre amen par exemple ou on peut etre appele pour lire des versets lundi et jeudi samedi la question est si on s'y trouve doit on participer au culte ou faire attention et faire comme quand rav sitruck s'estrendu a l'eglise debout quand les autres sont asiss etc todaa

Dr Michael Ben Admon
Lundi 1 septembre 2008 - 08:04

Shalom,

Au travers de votre question, j'entends la question des limites de la tolerance.
Je repondrais en insistant sur l'importance a conserver ses positions et pour une personne scrupiuleuse de la halakha orthodoxe, ne faire aucune concession.
On ne cree pas un dialogue sur la base d'un compromis mais d'une veritable confrontation.
Pour ma part, je ne peux pas prendre part au rituel de la priere pour differentes raisons qui me separent sur cette question du monde liberal (compte des femmes dans le minyan essentiellement qui fait que le minyan n'est pas conforme a mes yeux, donc probleme de recitation de certaines prieres etc... ).

A cote de cela, je pense toujours au garcon ou a la fille bar/bat mitsva a qui je veux faire passer un message d'admiration et de benediction pour son entree dans le monde des mitsvots. Le principe conducteur est, comme je l'ai ecris plus haut, renforcer la fraternite. Si il vous semble difficile de faire passer ce message, cette sensation, alors trouvez un autre moyen pour souhaiter mazal tov. Il est certaines fois difficile de vivre certaines experiences qui vont a l'encontre de nos principes et cela reste donc tres subjectif. S'il vous est donc difficile de vous trouver la-bas pendant la priere, allez-y pour le brunch. (Sur l'importance du brunch, au moins tout le monde est d'accord !)
Je connais personnellement des femmes qui vivent mal la visite a la synagogue lorsque la 'ezrat nachim' n'est pas tres attirante; c'est une sensation subjective. Je peux comprendre ou pas, accepter ou refuser, n'empeche que la sensation subjective est la et que face a elle je ne peux rien faire.
Je ne pense pas que la solution que vous proposez soit la meilleure, car ce faisant, vous transformez votre presence en manifestation, ce que, je presume, personne ne demande.