Conversation 45482 - Le statut de l’esclave

toobs
Samedi 17 janvier 2009 - 23:00

ref Q40491
De par sa morale, le don de la Tora a marque une revolution dans l'histoire de l'humanite. Comment comprendre cependant qu'au lieu de simplement regir l'esclavage, la Tora - de par son humanisme - ne l'ait pas aboli?

Jacques Kohn z''l
Dimanche 18 janvier 2009 - 05:42

Il importe en premier lieu de définir exactement la signification du mot « esclave ».

Le lien entre celui que l’on appelle un « esclave hébreu » (עבד עברי) et son maître s’apparente à ce que l’on appelle aujourd’hui un « contrat de travail à durée déterminée ». Il est d’une durée de six ans, et peut être prolongé jsqu’à l’année du jubilé à l’initiative du serviteur.

Celle que l’on appelle une « esclave hébreue » (אמה עבריה) est une fillette non encore nubile qui a vocation à devenir l’épouse – à part entière – de son maître ou du fils de celui-ci.

Quant à l’esclave non juif (עבד כנעני), s’il est taillable et corvéable à merci par son maître, son statut diffère sensiblement de celui des autres esclaves de l’Antiquité :

Son maître a l’obligation de le nourrir des mêmes mets que ceux qu’il consomme lui-même. Il n’a pas le droit de l’humilier, ainsi qu’il est écrit (Job 31, 13) : « Si j’ai méprisé le droit de mon serviteur ou de ma servante quand ils contestaient avec moi… » (Rambam/Maïmonide, Hilkhoth ‘avadim 9, 12).

L’esclave non juif a le statut d’un converti, et il est tenu, tout comme le sont les femmes, à toutes les mitswoth de la Tora à l’exception des mitswoth actives qui dépendent du temps.

Son maître est tenu d’affranchir son esclave non juif s’il le prive de l’usage d’un de ses membres (Voir Chemoth 21, 23). S’il le tue, il est condamné à mort (Chemoth 21, 20 ; Sanhédrin 71b).

Il est interdit de livrer à son maître un esclave fugitif (Devarim 23, 16).

Signalons, parmi les esclaves non juifs demeurés célèbres, Tobie qui a servi Rabbane Gamliel, et Hérode qui a servi le roi Alexandre Jannée.