Conversation 45743 - Obscurite totale? mais on voit rien!

Herzl
Lundi 2 février 2009 - 23:00

Shalom,

Je suis shomer neguia et cherche à me marier. Je viens de lire "Les
chemins de la pureté". Est-il vraiment obligatoire de pratiquer
la relation conjugale dans l'obscurité totale ? Je ne pourrai pas voir ma
femme du tout durant le rapport ?

Kol tuv,

Meir

Nathan Schwob
Lundi 16 février 2009 - 01:12

Vous avez bien lu, et si nous avons le même livre vous y trouverez aussi des explications supplémentaires.
La source de cette Halacha (Orach H'ayim 240,11), se trouve dans le Talmud Nida 17a:
Rav H'isda dit: Il est interdit d'avoir des relations conjugales de jour, parce qu'il est dit: "tu aimeras ton prochain comme toi-même"… on risque de voir quelque chose de déplaisant et sa femme cesserait de lui plaire. Rav Houna dit: Israël est un peuple saint, et par conséquent on n'a pas de relations conjugales de jour.

Il y a dans ce texte deux justifications:
Pour Rav H'isda, la raison de l'interdiction provient du respect à autrui et à plus forte raison à sa femme.
Pour Rav Houna, c'est une question de recherche de sainteté.

Le rapport conjugal est appelé dans la Thora "connaître sa femme": Adam connu sa femme H'ava, elle conçut et enfanta Caïn (Berèchit 4,1). Cela signifie que cet acte ouvre le chemin vers à une connaissance intime de la personnalité de l'autre, connaissance profonde. Il ne doit pas seulement y avoir une fusion des corps mais aussi une fusion des âmes. L'amour pour l'autre, ce n'est pas l'amour de son physique (sans négliger ce point, mais ce n'est pas le sujet), mais de toute sa personnalité, de tout ce qu'il est. Or là il y a un problème humain bien connu: on tend à se limiter à l'apparence extérieure, à ce qui est superficiel, tape à l'oeil. Prenez l'exemple de Chemouel à la recherche du prochain roi parmi les enfants de Yichay. À la vue du profil de l'aîné, il se dit: voilà sûrement se tient devant D-ieu celui qu'Il désire oindre. Et D-ieu lui répond: Ne regarde pas son apparence, ni sa haute taille car Je le répugne, car ce que voit l'homme ne compte pas: l'homme ne voit que l'extérieur mais D-ieu voit le cœur (Samuel 1 16,6-7). Rav H'isda vient enseigner, que la vue durant les rapports conjugaux oriente l'attention et l'effort vers l'apparence physique qui est superficielle et qui perd un jour son charme, alors que les autres sens qui seront mis plus en valeur à l'extinction des feux, orientent la pensée vers l'essentiel, vers le véritable amour, vers la personnalité, vers l'être.
Nous vivons une époque ou les valeurs sont inversées. Le visuel prend une place de plus en plus importante dans tous les domaines, par l'intermédiaire des médias électroniques et de la facilité d'impression. Les médias et la culture en général chantent ce qui est jeune, beau, charmant, pimpant et baraqué. Mais ce n'est rien d'autre qu'un reflet imaginaire et mensonger de la réalité, qui crée beaucoup de déceptions à ceux qui y ont cru.
La Thora nous rattache ici à des ancres solides qui tiendront toute la vie, au rythme de l'évolution conjointe des personnalités des époux.

Rav Houna, quant à lui met l'accent sur la sainteté. La sainteté consiste à vivre la vie matérielle en harmonie avec tout ce qu'exige l'élévation de l'âme vers D-ieu. Vivre dans la sainteté consiste à voir dans les plaisirs physiques un moyen et non un but. Ils n'existent pas pour eux même, égoïstement, mais son un tremplin vers le spirituel, à l'image du corps qui ne vit que parce qu'une âme brûle en lui. Regarder le corps de sa femme s'est finalement s'aimer soi même, rechercher son propre plaisir, assouvir ses instincts, ses pulsions au lieu de chercher, à travers la relation intime, le moyen de donner à l'autre, car aimer c'est donner, c'est se donner. Lorsqu'on arrive à briser son égocentrisme, on dépasse son amour propre pour arriver à l'amour de l'autre, et par là trouver aussi l'amour de D-ieu .

Les directives de nos sages, en ce qui concerne les rapports conjugaux dans la lumière, ne proviennent donc pas seulement de l'interdiction générale de regarder une nudité, interdiction sans laquelle toute élévation spirituelle est impossible. Elles viennent aussi éviter que l'acte sexuel devienne un acte purement bestial, de satisfaction de ses pulsions, mais qu'au contraire il soit un acte constructif du couple, de la famille et de la vie commune des hommes et de D-ieu.