Conversation 49023 - La longévité des premiers humains

cacal
Jeudi 24 septembre 2009 - 23:00

Comment peut-on expliquer que dans Béréchit notamment,les personnages bibliques vivaient plus longtemps;pourquoi aujourd'hui,il n'en est pas ainsi?

Jacques Kohn z''l
Samedi 26 septembre 2009 - 11:20

Le rabbin Elie MUNK (La voix de la Thora, volume I, p. 69), citant rabbi ‘Hayyim Moché LUZZATO, indique ce qui suit : « Après la chute d’Adam, Dieu voulut que les hommes puissent revenir à la perfection sans leur infliger de nouvelles lois, mais uniquement par la force attractive de l’idéal de sainteté. C’est pour disposer du temps nécessaire pour leur permettre d’acquérir par leurs propres moyens le degré de sagesse qui élève les hommes vers la sainteté et leur fait retrouver Dieu, que celui-ci leur accorda une vie très longue. Il offrit aux hommes un délai de dix générations pour réaliser cet idéal. Noé aurait pu être un véritable messie et apporter à l’humanité le flambeau de la lumière et du salut. Mais il était trop faible pour endiguer le flot d’immoralité qui envahissait ses contemporains et il ne sut empêcher la catastrophe. C’est alors que Dieu décida, après l’échec de « la voie sublime » qui mène à la perfection par l’idéal de sainteté, de refaire l’éducation de l’humanité par « la voie d’en bas ». C’est celle qui comporte les multiples lois et commandements, destinés à conduire l’homme jusqu’à la perfection morale. Il promulgua d’abord les lois adressées aux « fils de Noé », puis celles qui forment le contenu de la Thora. En même temps, il réduisit la durée de la vie humaine, en raison du fait que l’homme, étant guidé désormais par les commandements divins et n’ayant plus besoin de chercher la vérité tout seul, peut atteindre le but suprême de l’existence en cent vingt ans. L’exemple de Moïse, mort à 120 ans, prouve que ce délai est suffisant. (C’est ce que le Talmud veut nous signifier en remarquant que le mot בשגם de Berèchith 6, 3 est « l’allusion à Moïse contenue dans la Thora », étant donné que sa valeur numérique est égale à celle de משה (‘Houlin 139 b).

Le chiffre de 120 représente la durée d’une journée à l’échelle de Dieu. Certes, cette journée peut comporter un millier d’années (Psaumes 90, 4) et c’est d’une journée de cet ordre dont bénéficièrent les premières générations. Mais de même que les jours peuvent être d’une longue ou d’une courte durée, selon les saisons, ainsi la journée divine peut, elle aussi, ne comporter que 120 ans, et ce chiffre lui-même est aussi approximatif que les 12 heures de la journée dont une partie est souvent absorbée par la nuit. Après la réduction de la vie humaine dont il vient d’être question, le jour accordé à l’homme est « la journée courte et remplie d’une lourde besogne », selon l’expression de R. Tarfon (Avoth 2, 15). Cependant, cette journée, même réduite, suffit à l’accomplissement de la tâche humaine sur terre, comme Rachi le souligne ad Devarim 7, 11. Et lorsque la période de 120 ans de l’existence humaine aura accompli, après s’être répétée cinquante fois, le cycle du Jubilé, le monde entrera alors dans son septième millénaire (‘Avoda zara 9a), celui de l’ère messianique. Cette époque réalisera sur le plan universel la signification historique de l’année du Jubilé, dont la Thora dit : « Vous sanctifierez la cinquantième année en proclamant la liberté sur la terre pour tous ses habitants » (Wayiqra 25, 10 - cf. Bahya ib.).